Depuis la crise financière de 2008, le secteur bancaire européen est en perte de compétitivité : alors que leurs bilans n’ont jamais été aussi solides, les banques européennes sont mal valorisées par les marchés financiers, notamment par rapport à leurs consœurs internationales. Leur rentabilité se voit fortement dégradée, ainsi que leur attractivité auprès des investisseurs. Il en résulte que la valeur comptable des banques européennes est aujourd’hui inférieure à leur valeur boursière. Ce constat est particulièrement alarmant en ce qu'il augure que les banques européennes pourraient demain ne plus avoir les moyens de leur développement.
C’est un problème pour les banques, bien sûr, mais aussi pour l’Europe en tant que puissance économique et politique, car la banque n’est pas une industrie comme les autres. L’industrie bancaire européenne a un rôle majeur à jouer dans le financement de l’économie européenne et de ses grandes transitions, notamment écologique, dans la transformation de son épargne, dans la circulation des capitaux au sein de la zone euro et, plus généralement, au service de la souveraineté de l’Europe et des États qui la composent.
C’est pourquoi le rapport Réinvestir le secteur bancaire européen, fruit de 64 auditions avec les principaux dirigeants de banques et des régulateurs européens, appelle toutes les parties prenantes de l’écosystème bancaire européen à un effort majeur de réinvention. Cet effort doit être partagé entre les acteurs industriels - qui doivent redresser leur performance opérationnelle et financière tout en continuant leur transformation digitale - et les décideurs publics - qui doivent renouer avec l’ambition européenne de 2010 dont l’objectif était un secteur bancaire restructuré qui soit le pendant de la zone euro.