C’est avec la gestion des lycées que les régions sont le plus directement sur le terrain, au contact des élèves, des enseignants et des chefs d’établissement. Même si elles exercent des compétences encore limitées (bâti scolaire, restauration, équipements informatiques), elles les exercent au service d’un projet politique plus vaste, qui vise à accélérer la transformation des établissements, en particulier dans le domaine numérique.
Une fois les instruments déployés dans les infrastructures (raccordement au haut débit et déploiement du wifi), chaque région élabore en effet sa stratégie pour faire entrer les outils numériques dans la salle de classe et dans les familles. En Île-de-France, la décision est prise de doter chaque lycéen d’un ordinateur ou d’une tablette, en commençant par les lycées professionnels, puis, sur une base volontaire, les lycées généraux. Au total, 180 000 équipements sont distribués avant la crise pandémique de 2020. La crise a montré le rôle essentiel de cette transformation numérique, et l’a considérablement accélérée.
Mettre l’innovation technologique au service de l’éducation est devenu une priorité. Au-delà des équipements informatiques ou des plates-formes mises à disposition par les régions, ce sont en effet les startups de la Edtech qui constituent les principaux leviers de transformation du rapport au numérique de la part des élèves comme des enseignants. Souvent tenues à la marge du système éducatif, les startups entrent au lycée grâce aux régions, qui démontrent ici leur double capacité à croiser leurs compétences et leurs dispositifs. Les régions jouent leur rôle d’échelon pivot : assez proches du terrain pour repérer des innovations, assez puissantes pour opérer des passages à l’échelle dimensionnants.
C’est le cas des Pearltrees, logiciel d’organisation collaborative de l’information. La première adoption régionale, en Île-de-France, a ainsi permis de toucher 465 lycées, 400 000 élèves et 40 000 enseignants. Aujourd’hui, 25 % des lycéens français ont accès à Pearltrees, et les données d’usage, disponibles en ligne, montrent que l’outil a largement été adopté.
Les régions ont dépassé leurs compétences pour avancer. Avec le déploiement des ressources numériques, c’est en effet avec les équipes pédagogiques elles-mêmes que les régions ont commencé à établir un lien. L’horizontalité du quotidien qui unit les personnels des régions et ceux de l’Éducation nationale, pour répondre aux petites et aux grandes urgences éducatives, dessine une voie pour poursuivre l’ouverture progressive de notre système éducatif à une multitude d’acteurs.
Au-delà de leurs compétences directes, elles sont devenues un échelon pivot de l’action publique, un partenaire indispensable pour l’État, un animateur des territoires. Ainsi, la réforme de l’État et la réforme de l’action territoriale doivent aujourd’hui être conçues et menées ensemble, pour retrouver le sens du jeu collectif au service de l’action publique et des citoyens.