Beaucoup voient dans la convergence sur les valeurs - démocratie, préoccupations environnementales - un moteur de la relation Europe-Inde, mais d'importantes différences les éloignent à certains égards sur ce plan.
Les responsables européens ont tendance à minimiser les problèmes liés aux droits de l'Homme en Inde, le pays ayant récemment accepté de renouer le dialogue UE-Inde sur ce thème. Cependant, aucun résultat tangible n'en est attendu et les diplomates européens reconnaissent en privé qu'ils ne pourront plus ignorer ces enjeux si la situation venait à se détériorer davantage encore en Inde. Au Parlement européen, dans le cadre d’une résolution adoptée en avril 2021, les députés ont fait part de leurs inquiétudes quant à la situation des minorités religieuses, des Cachemiris, des ONG ainsi qu’à la liberté d'expressionet à l'accès à la citoyenneté pour les réfugiés musulmans dans le pays.
- Diplomatie climatique : convergence et divergence
Cette convergence sur les valeurs se retrouve dans une certaine mesure dans le dossier de la lutte contre le changement climatique. En 2015, juste avant la Conférence de Paris sur le climat, l'Inde a joué un rôle positif en présentant ses contributions déterminées au niveau national (Intended Nationally Determined Contributions, INDC), s'engageant ainsi à réduire l’intensité carbone de son PIB de 33 à 35 % par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030. Les objectifs poursuivis par l'Inde restent aujourd'hui inchangés ; leur réalisation repose essentiellement sur le développement des énergies renouvelables. Lors de la COP26, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé que l'Inde s'était fixé comme objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2070. L'Inde a mis à jour ses INDC à horizon 2030 en s’engageant à couvrir 50 % de ses besoins énergétiques par des sources d'énergie non fossiles, et à réduire ses émissions de carbone d'un milliard de tonnes.
Pourtant, le recours au charbon continue d'être encouragé en Inde. En juillet 2021, lors d'une réunion du G20, New Delhi a rejeté l'objectif visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, objectif sur lequel s’étaient accordées les pays du G7, et a par ailleurs manqué une importante réunion préparatoire de la COP26 à Londres. Le scepticisme s'est encore accru lors de la COP26, au cours de laquelle l'Inde et la Chine se sont efforcées d’affaiblir les engagements en faveur de la sortie progressive du charbon.
L'Inde n'a pas de plan de décarbonisation, en partie parce que la croissance économique reste pour elle une priorité, même si celle-ci doit se faire au détriment de l'environnement. L’action climatique risque de ne pas être un domaine de coopération aisé entre l’Union européenne et l'Inde à l’avenir.