AccueilSantéE-santé : augmentons la dose !Rapport JUIN 2020E-santé : augmentons la dose ! Santé TechnologiesImprimerPARTAGERAuteurs Angèle Malâtre-Lansac Ancienne directrice déléguée à la Santé Angèle Malâtre-Lansac était directrice déléguée à la Santé de l’Institut Montaigne jusqu’en septembre 2022. Premier programme sectoriel de l’Institut Montaigne, le programme Santé qu’elle anime a pour objectif de réunir l’ensemble des parties prenantes du secteur de la santé : professionnels, patients, industriels, chercheurs, payeurs, hauts fonctionnaires, prestataires de soins… afin de décrypter, anticiper, comparer et proposer pour faire bouger les lignes de notre système de santé en s'inspirant des meilleurs exemples français et internationaux.Angèle est lauréate du Harkness Fellowship 2018-2019. Chaque année, le Commonwealth Fund, une fondation américaine basée à New York, accorde des fellowships à de futurs leaders du monde de la santé en provenance de différents pays de l’OCDE pour leur permettre de passer un an aux Etats-Unis et de travailler avec des experts américains du secteur de la santé. Angèle a ainsi travaillé pendant un an à la Harvard Medical School et à la Rand Corporation à Boston sur l'organisation des soins primaires et notamment leur intégration avec les soins de santé mentale.Angèle est aujourd'hui la correspondante en France du International Health News Brief du Commonwealth Fund.Directrice adjointe de l'Institut Montaigne de 2015 à janvier 2017, elle a notamment piloté une réflexion sur le modèle économique de l'Institut et la relation avec ses adhérents. Passionnée par les questions de santé, elle a animé le groupe de travail qui a publié Réanimer le système de santé. Propositions pour 2017. Angèle est co-auteur, aux côtés d'Olivier Duhamel, du livre Les Primaires pour les Nuls (Editions First, 2016). Directrice des études de l'Institut (2011-2015), Angèle a coordonné les divers groupes de travail relatifs à la santé, à la protection sociale et à l'emploi. Elle a également développé les dispositifs de participation citoyenne lancés par l'Institut Montaigne au cours des dernières années en coordonnant notamment la conférence de citoyens sur la santé conduite par l'Institut en 2012-2013.Angèle est diplômée de Sciences Po Paris et a fait une partie de ses études en Grande-Bretagne (Université de Warwick) et au Mexique (ITAM). Elle a commencé sa carrière dans le secteur public (2006-2010). Laure Millet Responsable du pôle Cohésion sociale et territoriale Laure Millet est responsable du pôle Cohésion sociale et territoriale de l'Institut Montaigne. Groupe de travail Les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent ni ces personnes ni les institutions dont elles sont membres.Les présidents du groupe de travailThomas Buberl, CEO, AXABernard Charlès, directeur général, Dassault SystèmesThomas London, directeur associé au bureau français de McKinseyLes membres du groupe de travailLaurent Borella, directeur santé, Malakoff HumanisMorgane Boucher, avocat, Gide Loyrette NouelPr Pierre Champsaur, président commission CME système d'information et DPI, Assistance Publique - Hôpitaux de MarseilleDr Michel Chassang, président d'honneur de l'UNAPL et de la CSMF, membre du CESEPr Gérard Friedlander, PU-PH, doyen de la faculté de médecine, Université de ParisBénédicte Garbil, directrice générale France, Edwards LifesciencesStéphane Guinet, CEO, KametGuirec Le Lous, président, Urgo MédicalPatrick Mallea, directeur des nouveaux usages, nehsAntoine Malone, responsable pôle Prospective, Europe et International, FHFRosalie Maurisse, responsable du domaine santé au sein de la Direction Innovation, BpifranceJulien Méraud, directeur produit et stratégie, DoctolibSégolène Périn, directrice innovation, ElsanAnne Philippot, Executive Director Customer Experience, Digital & Innovation, Roche FranceDenis Ribon, Partner, ArchimedDr Jean-David Zeitoun, médecin, Hôpital Saint Antoine et entrepreneurL’équipe projetClaire Biot, VP Life Sciences Industry, Dassault SystèmesGuillaume Borie, directeur général délégué, AXA FranceArno Heinrich, directeur associé, McKinsey ParisAngèle Malâtre-Lansac, directrice déléguée à la santé, Institut MontaigneSébastien Massart, directeur de la stratégie, Dassault SystèmesBastien Mézerette, responsable du programme recherche et innovation, ARS Île-de-France (rapporteur)Laure Millet, responsable du programme santé, Institut Montaigne (rapporteur)GrégoryMoscovici, Health Project Manager, AXA NextThomas Riquier, consultant, Nile (rapporteur) Personnes auditionnées Les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent ni ces personnes ni les institutions dont elles sont membres. Isabelle Adenot, membre du collège, Haute Autorité de SantéLydie Amsellem, vice-présidente de la Société Française de Santé Digitale et responsable de l’Université de la Médecine DigitalePierre-Camille Altman, co-fondateur, myDiabbyDr Franck Baudino, président et fondateur, H4DGilles Babinet, conseiller sur les questions numériques, Institut MontaigneImane Benjelloun, Project Management Officer, IBM FranceAnne-Briac Bili, responsable du Département Innovation en Santé, direction générale adjointe, ARS BretagneSylvie Bothorel, VP Technology Healthcare, Air LiquideJoëlle Bouet, associée, OpusLineMarc Bourquin, conseiller stratégie, FHFJérôme Bourreau, co-fondateur, AnamnèseAyala Bliah, directrice générale adjointe, SIVANBenoît Brouard, président et co-fondateur, WefightDr Julien Carricaburu, médecin conseil, CNAMSophie de Chambine, chef du service parcours patients et organisations médicales innovantes, direction de l’organisation médicale et des relations avec les universités, AP-HPRomain Champetier, Business Development Manager, AXA NextDr Nicolas de Chanaud, médecin généraliste, Ipso SantéElodie Chapel, directrice de la Direction des Politiques d’Autorisation et d’Innovation, ANSMRémi Charachon, vice-président Medical Gases Europe Air, LiquideDr Loïc de Chassey, General Manager, WeHealth Digital MedicinePr Jean-Daniel Chiche, PU-PH, médecine intensive réanimation, Hôpital Cochin et Université de Paris, président du fonds de dotation 101Thomas Clozel, co-fondateur, OwkinStéphanie Combes, directrice, Health Data HubMaxime Cordier, directeur des partenariats, LiviHélène Delaveau, chargée de mission innovation en santé, ARS BretagneCédric Duboudin, directeur de l'innovation et de la stratégie, ARS Bourgogne-Franche-ComtéGrégory Emery, médecin de santé publiqueYannFleureau, co-fondateur et directeur général de CardiologsRaphaëlleFrija, déléguée aux usages du numérique, Syntec NumériqueGabriela Gabriel, vice-présidente Markets and Offers, Healthcare World Business Line, Air LiquideCaroline Germain, directrice de projet, direction du pilotage de la transformation, AP-HPJean-François Goglin, conseiller national systèmes d'information de santé, FEHAPRobin Gonalons, directeur des affaires médicales et de la recherche, Hôpitaux Confluence (CHI Créteil et CHI Villeneuve-Saint-Georges)Armelle Graciet, directrice des affaires industrielles, SNITEMNicolas Gremy, responsable sectoriel e-santé, BpifranceAntoine Groheux, responsable innovation, MedtronicDavid Gruson, directeur du programme santé, JOUVELaure Guéroult-Accolas, fondatrice, Patients en réseauVincent Guillaumot, associé fondateur, ArchimedPierre-Etienne Haas, direction du pilotage de la transformation, AP-HPImad Hamdi, CEO, IOM TechnologiesTiago Cravo Oliveira Hashiguchi, Policy Analyst, Health Division, OCDECaroline Henricson, Partner, McKinsey StockholmCaroline Henry, avocat associé, Pons & CarrèreFlorence Herry, infirmière et co-fondatrice, LibherosJulien Hody, chef de projet e-santé et innovation, URPS médecins libéraux Île-de-FranceLéa Hubsch, Chief of Staff to the CEO, Kamet VenturesChristophe Jacquinet, DG délégué Affaires publiques, Care InsightAnne Josseran, Senior Market Access Manager Western Europe, ResMedPaul Krakovitz, VP, Chief Medical Officer, Intermountain HealthcareJean Kramarz, directeur international santé, AXA AssistanceVincent Lambert, co-fondateur, IdomedPierre Larroumets, directeur accès au marché, Otsuka FrancePierre Lassarat, co-fondateur et directeur général, HappytalDr Gilles Launay, directeur commercial, Cerner.Yannick Le Guen, directeur de l'innovation, de la recherche et de la transformation numérique, ARS IDFJacques Léglise, directeur général de l'Hôpital FochMaxime Leneylé, pharmacien, directeur général de TessanStephen Lequet, directeur des affaires publiques, ServierAnnaik Lesbats, responsable des affaires publiques, AstellasLaura Letourneau, déléguée ministérielle du numérique en santé, Ministère des solidarités et de la santéSacha Loiseau, président et fondateur de Mauna Kea Technologies, président de Therapixel, Venture Partner chez ElaiaGoulwen Lorcy, CEO, Mapui Labs/HospivilleAntoine Loron, co-fondateur et CEO, MedgoEmanuel Loeb, président, Jeunes médecinsYoussef Mallat, Manager, OpusLineBenjamin Maquet, co-fondateur, DoctoconsultDr Olivier Mariotte, président et fondateur, NileLouis Marty, responsable des affaires publiques, DoctolibAdel Mebarki, directeur général adjoint, Kap-CodeNicolas Mignan, fondateur et CEO, VirtualiSurgDr Cécile Monteil, médecin aux urgences pédiatriques à l’Hôpital Robert Debré et directrice médicale d’iLumens Campus Saint-Germain, Université de ParisPhilippe Mourouga, directeur des affaires publiques, économiques et juridiques d'AstraZeneca FranceFayçal Mouaci, Business Unit Manager France, Boston ScientificBenjamin Mousnier-Lompré, associé, Ipso santéNorbert Nabet, Directeur des relations institutionnelles et partenariales, nehsThibault Naline, directeur des partenariats, LifenBogdan Nedelcu, CEO et fondateur, Intelligent LocationsMichael Niddam, co-fondateur et Managing Director, KametDr Robin Ohannessian, directeur médical et co-fondateur de Télémédecine 360Laurent Olivier, président et co-fondateur, EhtraceDr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux françaisValérie Paris, experte senior des politiques de santé, OCDEMélanie Péron, CEO de l’Effet Papillon, créatrice du dispositif Médical Bliss©Thibault Pironneau, Director of Social care, Healthcare & Lifesciences industries, IBM FranceHenri Pitron, directeur de la communication et des affaires publiques, DoctolibCyrille Politi, conseiller transition numérique, FHFDominique Polton, présidente, INDSDominique Pon, responsable de la délégation ministérielle du numérique en santé, Ministère des solidarités et de la santéLauranne Poulain, chargée des relations institutionnelles, Syntec NumériqueAlix Pradère, Associée, OpusLineDr Philippe Presles, responsable R&D Santé, AXA FranceMichaël Pressigout, Chief Growth Officer, OwkinPierre Pribile, directeur général, ARS Bourgogne-Franche-ComtéGérard Raymond, président, France Assos SantéDr Luc Refabert, coordonnateur de la commission nouvelles technologies de l'URPS médecins libéraux Île-de-FranceCaroline Ric, chargée de mission innovation en santé, ARS BretagneWilliam Rolland, responsable e-santé, SNITEMBénédicte Roquette, directrice Nouveaux Projets Homecare et directrice générale CDM e-Health, Air LiquidePr Nathalie Salles, présidente de la Société Française de Santé DigitalePatrick Samy, co-fondateur et CEO, Span HealthPr Elisabeth Schouman-Claeys, référente télémédecine, AP-HPStéphane Sclison, Senior Principal, IQVIADenise Silber, présidente et fondatrice de Basil Strategies et Doctors 2.0Thierry Sirdey, directeur de la direction des dispositifs médicaux, des cosmétiques et des dispositifs médicaux de diagnostics in-vitro, ANSMAngela Spatharou, Partner, McKinsey LondonGaston Steiner, directeur délégué e-santé à l’Institut de chirurgie guidée par l’image à l’IHU de Strasbourg et président de PRIeSMDaniel Szeftel, directeur de Carefactory et de SEMEIANicolas Telle, co-fondateur, PadoaTram Trinh, présidente, VitanlinkHervé de Trogoff, directeur affaires publiques et market access, AstellasMathieu Trystram, responsable Incubateur Santé, Paris&CoChristophe Vergne, CEO, MyPLCharles-Henri des Villettes, vice-président Home Healthcare France, Air Liquide Santé InternationalIsabelle Vitali, directeur, Centre d’Innovation Digitale de SanofiMartin Wenzl, Health Policy Analyst, Directorate for Employment, Labour and Social Affairs, OECDLina Williatte, vice-présidente, Société Française de Santé Digitale Sommaire 1. Introduction 2. Comment le numérique révolutionne la santé et les soins 3. La e-santé au cœur de la lutte contre le Covid-19 4. Un contexte culturel, réglementaire et financier qui freine le déploiement de la e-santé 5. Nos propositions pour un New deal de la santé en France autour d’une filière santé consolidée Télécharger Rapport ( 220 pages) Résumé ( 2 pages) Annexe - Chiffrage ( 8 pages) La publication de ce rapport intervient dans un contexte sanitaire, politique et économique inédit. La crise actuelle liée au Covid-19 a mis en lumière un certain nombre de réussites et de dysfonctionnements des systèmes de santé à travers le monde. Si l’enjeu des équipements et des personnels a été central pour combattre le virus, les opportunités liées au numérique appliqué à la santé (e-santé) ont également été déterminantes dans la réponse rapide à la pandémie comme l’ont montré de nombreux pays.Porté par des acteurs privés et publics, le déploiement de la e-santé associé à un recueil systématique des données de santé fait partie des bases indispensables sur lesquelles doit reposer notre système de soins. Cette digitalisation est essentielle pour répondre aux nombreux défis auxquels le système fait face : l’explosion des maladies chroniques, le vieillissement de la population, l’évolution du nombre de soignants sur le territoire, la soutenabilité économique du système de santé et les nouveaux défis sanitaires et sociaux.La France est encore loin d’une médecine des "4P" : prédictive, préventive, personnalisée et participative. Pourtant, de nombreux outils numériques permettent déjà d’avoir une vision de ce que pourrait être la santé de demain : des patients acteurs de leur santé grâce aux objets connectés et au suivi à distance, des professionnels de santé accompagnés par des logiciels d’aide au diagnostic et aux traitements, un système de santé plus collaboratif et agile. La France s’est dotée d’une stratégie ambitieuse à travers la loi Ma Santé 2022 : comment aller aujourd’hui plus loin et plus vite ?Pour répondre à ces questions, l’Institut Montaigne, a réuni un groupe de travail composé d’une vingtaine d’experts, a auditionné une centaine de parties prenantes du secteur de la santé et a mené de nombreuses comparaisons internationales afin de formuler des propositions concrètes pour mettre le numérique de toute urgence au cœur de notre système de santé. Comment le numérique révolutionne la santé et les soins Notre société produit chaque jour d’énormes quantités de données de santé. C’est ce que nous appelons les big data. Celles-ci proviennent de sources multiples : données médico-administratives générées par l’Assurance maladie ou les dossiers pharmaceutiques, données cliniques issues des dossiers médicaux, de comptes rendus d’examens, données issues des registres, des essais cliniques, données génomiques mais aussi données issues d’usages qui semblent parfois éloignés de la santé : réseaux sociaux, applications, achats alimentaires, objets connectés, déplacements, etc.Le recueil de ces données s’est considérablement amélioré grâce aux outils d’e-santé, développés par la filière santé et utilisés par les acteurs du système, patients comme professionnels. L’utilisation responsable des données de santé est un préalable pour garantir la confiance des utilisateurs dans ces solutions numériques, qui s’appliquent dans des domaines variés comme la prévention, le maintien à domicile, le suivi d’une maladie chronique à distance (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque, etc.), les dossiers médicaux électroniques ainsi que les applications mobiles.Les technologies numériques, encore sous-utilisées dans le secteur de la santé en France, sont pourtant des outils clés pour améliorer l’efficience, la qualité et la sécurité de notre système de santé, le tout en maîtrisant les dépenses de santé. Elles sont créatrices de valeur pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème.Dans le cadre de ce rapport, le cabinet de conseil en stratégie McKinsey a réalisé une étude inédite sur le potentiel de création de valeur de la e-santé en France qui, si elle était pleinement déployée, pourrait se situer entre 16 et 22 milliards d’euros par an autour de cinq axes de rupture, dessinant le système de santé de demain. {"preview_thumbnail":"/ressources/styles/video_embed_wysiwyg_preview/public/video_thumbnails/GiIkt9VOyBY.jpg?itok=HVu02uIT","video_url":"https://www.youtube.com/watch?v=L_8HWymnbzc","settings":{"responsive":1,"width":"854","height":"480","autoplay":0},"settings_summary":["Embedded Video (Adaptatif)."]} Les patients sont rendus plus autonomes à travers des solutions digitales leur permettant de suivre leur maladie et d’interagir avec le système de soins.La e-santé permet ainsi une plus grande implication des patients, qui deviennent des acteurs de leur santé. Selon l’étude de McKinsey, le développement de ces solutions digitales permettrait des gains d’efficience estimés à entre 3,3 et 4,7 milliards d’euros.Quelques exemples : les applications mobiles de gestion et de suivi des maladies, les logiciels d’auto-diagnostic numérique, les chatbots médicaux, les outils de prévention, la prise de rendez-vous en ligne, les réseaux en ligne de patients.La circulation des informations médicales entre professionnels est fluidifiée au bénéfice des patients, par la dématérialisation des échanges.Ces outils numériques permettent un meilleur suivi, un meilleur accès, une meilleure coordination des soins et l'optimisation des coûts de gestion. Leur potentiel en matière de gains d’efficience est estimé à entre 3,3 et 4,7 milliards d’euros.Quelques exemples : la e-prescription, les outils de partage des données patients, le dossier médical partagé, les messageries sécurisées entre professionnels de santé.La télémédecine permet l’accès à distance d’un patient à un professionnel de santé.Elle permet de lutter contre les déserts médicaux et d'offrir aux patients un accès à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire. L’épidémie de Covid-19 a enclenché le développement massif de la télémédecine pour suivre les patients (Covid ou non) à distance. Son potentiel en matière de gains d’efficience est estimé à entre 3,7 et 5,4 milliards d’euros.L’efficacité des structures de soins est décuplée et l’expérience des patients améliorée grâce au numérique et à l’automatisation.Ces outils permettent aux établissements de santé d’améliorer la performance et la disponibilité des équipes, du matériel médical et des plateaux techniques. Leur potentiel en matière de gains d’efficience est estimé à entre 2,4 et 3,4 milliards d’euros.Quelques exemples : les applications permettant de gérer les équipements et les stocks des établissements, d’améliorer les parcours des patients, de faciliter la logistique.La décision médicale et paramédicale est rendue plus fiable et sûre avec l’aide de l’intelligence artificielle (IA).Ces logiciels d’IA accompagnent les professionnels de santé en leur permettant de diminuer les risques d’erreur ou de retard au diagnostic. Leur potentiel en matière de gains d’efficience est estimé à entre 3,3 et 4,2 milliards d’euros.Quelques exemples : les outils s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour l’aide au diagnostic, le choix du traitement médical, la reconnaissance de cellules cancéreuses. La e-santé au cœur de la lutte contre le Covid-19 Dans le cadre de la crise sanitaire liée au Covid-19, les nouvelles technologies ont eu un rôle majeur pour accélérer la prise de décision, endiguer l’épidémie, permettre la continuité des soins et donner aux patients davantage d’autonomie dans le dépistage et le suivi de leurs symptômes.Le recours aux outils numériques et l’usage des données de santé ont montré des degrés de maturité bien différents d’un pays à l’autre. Là où la technologie a été massivement utilisée, les conséquences de l’épidémie ont pu être maîtrisées plus rapidement et plus efficacement. Comment le développement de la médecine à distance a-t-il permis d’aider les soignants et les patients à faire face à l’épidémie ? La télémédecine a permis de limiter l’engorgement des hôpitaux en exerçant un premier tri entre les malades les moins sévères pouvant être pris en charge à domicile et ceux nécessitant une hospitalisation. Elle a aussi été un outil précieux pour anticiper les flux de patients etallouer les ressources médicales et de matériel en conséquence.La téléconsultation (consultation entre un professionnel médical et un patient par l’intermédiaire des technologies de l'information et de la communication), dont les conditions d’exercice ont été largement assouplies pendant la crise, est également essentielle en cas de pandémie pour permettre le suivi des patients chroniques non atteints par le Covid-19 et assurer la continuité des soins, alors que tous les services des hôpitaux étaient dédiés à la lutte contre la pandémie.En parallèle, la téléexpertise (possibilité de solliciter à distance l’avis d’un autre professionnel sur la prise en charge d'un patient) a rendu possible le partage d’information entre professionnels de santé en les mettant en relation avec des confrères pour avoir un second avis médical sur un cas précis.Enfin, cette dématérialisation des échanges a permis de limiter les déplacements et les contacts physiques pour diminuer les risques de contagion dans les cabinets de ville ou à l’hôpital. Des outils comme la prise de rendez-vous en ligne, les chatbots de discussion, les logiciels d’auto-diagnostic pour smartphone (questionnaire en ligne) ont été largement plébiscités par les patients.Pourquoi le recueil et l’analyse des données de santé sont-elles clés pour endiguer l’épidémie ?Les données sont précieuses pour concentrer les efforts, casser les chaînes de contamination et éviter que l’épidémie ne se répande à toute vitesse dans la population, en ciblant les personnes contaminées ou susceptibles de l’avoir été et en protégeant celles qui risquent le plus d’en mourir (les personnes âgées et les plus fragiles).Elles permettent également l’identification des clusters et le contact tracing via des app et des systèmes d’information pour "remonter" les chaînes de transmission du virus et isoler les personnes potentiellement atteintes.Ainsi, les données de santé sont indispensables pour assurer un suivi de l’évolution de l’épidémie sur le territoire mais aussi pour organiser et surveiller un déconfinement progressif, grâce à une connaissance parfaite de la circulation du virus en temps réel. Un contexte culturel, réglementaire et financier qui freine le déploiement de la e-santé La révolution numérique que connaissent tous les secteurs de l’économie peine à s’imposer dans le monde de la santé. Si le numérique n’est pas l’unique réponse à tous les maux de notre système de santé, un déploiement massif de la e-santé pourra permettre de répondre à de nombreux défis posés à notre système de santé actuel, à savoir le vieillissement de la population, l’évolution de la démographie médicale, les inégalités territoriales d’accès aux soins, l’explosion des maladies chroniques ou la lutte contre les épidémies.Les pouvoirs publics ont lancé récemment une feuille de route ambitieuse dans ce sens, mais les acteurs du terrain ont relevé plusieurs barrières, qui freinent encore le déploiement d’un système de santé reposant sur le numérique et les données. Des barrières au partage et à l’utilisation des données de santéLe système de santé français est riche en données mais pauvre en informations. En effet, les systèmes de données ne se parlent pas entre eux : l’Assurance maladie possède des données liées à la facturation mais ne sait rien de la qualité d’une prise en charge médicale. Les différents logiciels médicaux ne sont que rarement interopérables et les standards de recueil de données dans la recherche comme dans les essais cliniques ne sont pas toujours les mêmes.Une faible incitation à l’usage de la télémédecineLe manque de culture numérique des acteurs du soin constitue un frein à l’usage des nouvelles technologies. Ainsi en France, une enquête de 2019 constatait qu’environ 90 % des étudiants en médecine n’étaient pas formés à la télémédecine en première année (appelée PACES, commune à tous les étudiants en santé) et que seuls 20 % des internes étaient formés à cette nouvelle forme d’exercice de la médecine.Un manque de financement pour les start-ups en santéL’innovation en santé provient souvent de start-ups qui peinent à trouver des fonds pour passer à l’échelle en France et qui finissent bien souvent par quitter nos frontières pour se développer. D’autres pays investissent massivement dans ce secteur, à l’instar du Royaume-Uni où le montant des investissements dans les start-ups (tous secteurs confondus) s'est élevé à 13,2 milliards de dollars en 2019. Ce montant dépasse les investissements réunis de l'Allemagne (7 milliards) et de la France (5,2 milliards) sur la même période.Une filière santé hétérogèneLa filière santé est composée d’une multitude d’acteurs : les start-ups et PME (petites et moyennes entreprises), les ETI (entreprises de taille intermédiaire) et les grands groupes. Ces acteurs proposent des services multiples : offreurs de soins, assureurs, industriels, services numériques, etc. mais peinent à parvenir à parler d’une voix, à la différence de secteurs comme l’aéronautique dans lesquels une stratégie et une vision partagée portent l’ensemble de la filière. De plus, le marché de la santé se transforme rapidement et des acteurs majeurs non européens comme les GAFA s’impliquent aujourd’hui fortement et bouleversent la donne pour les acteurs traditionnels.Une gouvernance de l’innovation en santé éclatéeIl existe une multitude d’acteurs publics : ANS, DNS, CNAM, DGOS, ARS, Grades, etc., les acronymes pour désigner les organismes publics ayant compétence sur la digitalisation du système de santé en France ne manquent pas. À cela s’ajoute une superposition des dispositifs régionaux et nationaux. Ce foisonnement rend peu lisibles les dispositifs d’accompagnement disponibles pour les acteurs sur le terrain, malgré un souci récent des pouvoirs publics de mettre en œuvre une gouvernance claire et agile à travers la feuille de route numérique lancée par Ma santé 2022.Un cadre d’évaluation inadapté aux solutions d’e-santéEn France, tout produit de santé ou dispositif médical est évalué pour son efficacité médicale et clinique en vue de sa mise sur le marché et de son remboursement. Dans le domaine de la e-santé, les solutions technologiques présentent des particularités, notamment liées à leur rapidité d’évolution et au fait que ces solutions sont souvent couplées avec d’autres dispositifs ou plateformes, voire avec des médicaments. Ces particularités rendent leur évaluation particulièrement complexe et nécessitent de repenser complètement le cadre traditionnel d’évaluation développé pour les médicaments et les dispositifs médicaux non digitaux. Nos propositions pour un New deal de la santé en France autour d’une filière santé consolidée La crise traversée depuis le début de l'année 2020 rappelle la nécessité de définir un New deal de la santé en France dont les deux piliers sont les données de santé et la structuration de la filière industrielle. Nous avançons 12 propositions, pour faire émerger une véritable filière de la santé, définir une stratégie souveraine et éthique autour des données de santé, construire un environnement réglementaire et technique propice à la e-santé et enfin bâtir une culture de la confiance dans le numérique en santé.1 S’appuyer sur la mobilisation des acteurs privés pour faire émerger une véritable filière de la santé Détails Proposition 1 : se doter d’une véritable ambition et politique industrielle pour la filière santé, réunissant les acteurs autour d’objectifs chiffrésProposition 2 : favoriser les approches partenariales et les alliances entre secteurs privé et public grâce à de grands projets d’innovation en santé2 Faire de la France un leader de la e-santé en facilitant l’accès aux données de santé pour l’ensemble des acteurs Détails Proposition 3 : construire une "troisième voie" éthique et souveraine au niveau européen en matière de données de santéProposition 4 : consolider un pôle d’analyse de données entre les agences publiques en santé, dans le cadre d’une stratégie nationale de santé publiqueProposition 5 : simplifier l’accès aux données de santé dans un cadre sécurisé et permettre au Health Data Hub de gagner en indépendanceProposition 6 : renforcer les mesures de protection en matière de cybersécurité pour les données de santé3 Construire un environnement réglementaire et technique propice au renforcement de la filière santé Détails Proposition 7 : assouplir l'accès à la télémédecine et au télésoin en prenant appui sur le cadre mis en place lors de l’épidémie de Covid-19Proposition 8 : accompagner précocement les entreprises pour les aider à se conformer aux standards d’interopérabilité dans le développement de leurs solutions numériquesProposition 9 : prioriser et investir dans les systèmes d’information en santé et le développement de la e-santé afin d’aligner les montants investis sur ceux des pays les plus avancésProposition 10 : adapter les méthodes d’évaluation aux solutions d’e-santé pour impliquer davantage les usagers4 Bâtir une culture de la confiance autour du numérique et des données de santé Détails Proposition 11 : multiplier les cas d’usage démontrant au grand public et aux professionnels de santé l’intérêt du partage et de l’utilisation des données de santé Proposition 12 : former tous les acteurs du système de santé aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle tout en favorisant l’acculturation des décideurs à ces outils.Angèle Malâtre-LansacLaure MilletImprimerPARTAGERTélécharger Rapport ( 220 pages)Télécharger Résumé ( 2 pages) Annexe - Chiffrage ( 8 pages)contenus associésDansles médias18/06/2020 Déploiement de la e-santé : “Il faut bâtir une culture de la confiance autour du numérique et des données de santé”18/06/2020 L’e-santé incontournable dans la réforme du système de soins