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Note
Janvier 2022

Cinq ans
pour faire progresser
la France des ETI

Groupe de travail

Rapporteur général

  • Olivier Lluansi, associé, PwC Strategy&.

Groupe de travail

  • Philippe Chalon, directeur des affaires extérieures, International SOS
  • Charles Dennery, économiste
  • Simon Dufeigneux, directeur des affaires publiques et des nouveaux projets, Sisley
  • Alexandre Montay, délégué général, Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI)
  • Florence Naillat, adjointe du délégué général, Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI)
  • Victor Poirier, directeur des publications, Institut Montaigne
  • Lisa Thomas-Darbois, chargée d’études - économie et finances publiques, Institut Montaigne
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Fortement ancrées dans les territoires, génératrices de cohésion sociale dans les villes moyennes, créatrices d’emplois et championnes industrielles, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont un véritable atout pour la France !

Ces entreprises jouent un rôle majeur pour la souveraineté économique de notre pays, son attractivité et sa réindustrialisation mais leur développement demeure contraint par des faiblesses fiscales, administratives et réglementaires de l’écosystème entrepreneurial français.

Dans la perspective du prochain quinquennat, les candidats à l’élection présidentielle ont-ils conscience des enjeux du développement et de la croissance du tissu d’ETI français ? Leurs propositions sont-elles de nature à faire progresser la France des ETI en 5 ans, et à remettre notre pays durablement sur les rails d’une grande nation industrielle ?

La France doit miser sur ses championnes industrielles

 

Les ETI représentent un poids considérable dans l’économie française et constituent un tissu économique fort, dont le développement est un levier indispensable pour la réindustrialisation de la France.

Elles génèrent près de 1 000 milliards d’euros de chiffre d'affaires, et plus particulièrement dans le secteur de l’industrie, qui représente une ETI sur trois.

Leur enracinement territorial est également une spécificité propre aux ETI : 75 % des sites de production des ETI se situent dans les villes moyennes ou rurales en régions, et contribuent fortement au dynamisme économique de ces territoires. Elles se caractérisent notamment par une structure capitalistique majoritairement familiale qui favorise une vision de développement sur le long terme.

Les ETI représentent également plus d’un tiers des exportations françaises, contribuant de ce fait au rétablissement de la balance commerciale française.

Un quinquennat pour les ETI ?

Les ETI subissent néanmoins des lourdeurs réglementaires et fiscales qui peuvent bloquer leur activité économique. La fiscalité de production, particulièrement lourde en France, pèse sur les ETI, en priorité sur les entreprises industrielles. Cela ralentit leurs investissements pour relever les défis posés par les impératifs de transformation écologique et numérique.

Dans ce contexte, il est crucial que les candidats à l’élection présidentielle de 2022 formulent des propositions à même de faire progresser les ETI françaises pendant le prochain quinquennat.

Treize enjeux essentiels pour le développement du tissu des ETI français ont été identifiés et sont mis à la disposition des candidats afin de nourrir leurs programmes, dans la lignée du travail ETI : taille intermédiaire, gros potentiel (2018).

13 enjeux clés pour faire progresser les ETI françaises pendant le prochain quinquennat

Reconstituer le socle de compétitivité du site France

Enjeu 1 : l’amélioration de la compétitivité coût, tant sur le poids de ses impôts et taxes de production qu’en termes de coût du travail, en remédiant notamment à une pression fiscale et sociale qui pénalise la production. En profond décalage avec ses partenaires européens, les impôts de production, (bruts) en France représentaient 5 % du PIB en 2019 contre 2,4 % en moyenne dans l’UE à 28 et 0,8 % en Allemagne.

Enjeu 2 : la libération des transmissions d’entreprises : alors qu’une ETI sur deux devra se transmettre dans les dix prochaines années, le coût et la complexité du cadre français de la transmission sont atypiques en Europe. Son évolution sera essentielle dans les prochaines années, tant il conditionne la pérennité de l’outil productif français et la détention française d’actifs industriels.

Alléger les procédures administratives et simplifier les relations à l’administration

Enjeu 3 : la simplification des procédures administratives car la complexité, la longueur ou encore l’insécurité juridique de certaines procédures contreviennent à la vitalité de l’économie. En 2021, les coûts liés aux réglementations et aux démarches administratives pour les entreprises représentent 3 à 4 % du PIB.

Enjeu 4 : la réforme de l’administration, qui doit désormais intervenir en accompagnateur plutôt qu’en censeur de l’activité économique.

Re-territorialiser et redéployer l’activité économique

Enjeu 5 : la formation et les compétences : les ETI majoritairement implantées dans les villes moyennes et les zones rurales doivent être en mesure d’attirer à elles une main d’œuvre qualifiée et formée, notamment dans les secteurs industriels. Pourtant, les liens entre les entreprises et l’enseignement supérieur sont toujours très insuffisants et doivent être renforcés : en France, seulement 0,4 % des effectifs du supérieur sont implantés en dehors des unités urbaines.

Enjeu 6 : l’attractivité des territoires et la mobilité : les ETI disposent de plus de 50 000 implantations réparties sur l’ensemble du territoire national. Ces sites dépendent intimement de l’organisation territoriale et locale ainsi que de la couverture en services publics essentiels (tout particulièrement l’offre éducative, sanitaire et culturelle).

Enjeu 7 : le renforcement des écosystèmes locaux associant État, collectivités territoriales et entreprises pour répondre aux défis de la reterritorialisation de l’activité économique et du redéploiement des compétences. Le déploiement des clubs ETI à l’échelle régionale, portés par le METI, permettant à ces entreprises d’être identifiées par la puissance publique, de mutualiser l’expression de leurs besoins, et d’entrer dans une logique de co-construction territoriale tant avec l’État qu’avec les collectivités locales, apparaît lui aussi comme une réponse appropriée qui doit être soutenue et renforcée.

Enjeu 8 : le renouveau des logiques sectorielles de filières, traditionnellement construites autour des grands groupes français pour intégrer pleinement les PME et ETI et permettre ainsi des coopérations horizontales et locales, nouvelle expression du "chasser en meute" à la française.

Enjeu 9 : l’aménagement foncier, enjeu essentiel à l’implantation locale de nouvelles activités tant de services qu’industrielles, qui appelle une exigence de cohérence et stabilité des cadres juridiques.

Permettre aux ETI de relever les défis des transformations écologiques, numériques et sociétales

Enjeu 10 : l’accès à une énergie décarbonée, au cœur de la transition écologique. Les politiques publiques qui accompagnent la transition écologique doivent désormais reposer sur l’affirmation d’une conception de l’"efficacité environnementale", fondée sur l’investissement, la recherche et l’innovation, et mettant à profit l’excellence du mix énergétique français, le plus décarboné au monde. Ce mix énergétique permet aujourd’hui d’associer étroitement deux objectifs : la relocalisation industrielle et l’atteinte de nos objectifs en matière climatique. La défense au niveau européen de cet atout stratégique doit être une priorité du prochain exécutif.

Enjeu 11 : la transition digitale, accélérée par la crise du Covid-19 dans l’ensemble des secteurs économiques. Tout l’enjeu est à présent de poursuivre le soutien à la transformation digitale de l’économie française dans la durée et d’offrir un cadre public apte à contrer les nouvelles menaces qu’elle engendre (cybercriminalité, souveraineté numérique, hyper-concentration des acteurs).

Enjeu 12 : l’engagement sociétal des ETI est tangible. Il revient à la puissance publique de ne pas réfréner l’élan d’engagement de ces entreprises en multipliant les contraintes déclaratives qui pourraient s’apparenter à de nouveaux chocs de complexité. Il importe parallèlement de favoriser de façon simple, souple et lisible le partage de la valeur et l’association des salariés à la performance des entreprises.

Repenser le rôle et la place des ETI dans la stratégie d’indépendance industrielle européenne

Enjeu 13 : les ETI sont des actifs stratégiques européens. Les PME et ETI détenues par des capitaux français, qui produisent et investissent en France, ont un rôle-clé à jouer pour la souveraineté de notre pays, et tout particulièrement dans les secteurs de l'énergie, la santé, l'eau, les transports… Une refonte en profondeur des règles de la concurrence, des aides d’État et d’allocation des Fonds européens est nécessaire afin d’y rendre éligible les champions industriels que sont les ETI françaises. L’opportunité des réflexions que mène actuellement la Commission européenne autour du statut des SME et des mid-size companies doit être résolument saisie.

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