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29/06/2010

Une puissance faible : l’Europe

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Une puissance faible : l’Europe
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

Le G20 réuni à Toronto n’a pas permis à l’Europe d’imposer quoi que ce soit. Qui s’en étonnera ? Celle-ci s’est présentée désunie : non seulement les différentes capitales n’étaient pas sur la même longueur d’onde (Rome opposée aux taxes bancaires à l’inverse de Paris, Londres ou Berlin), mais l’Union représentait 23 pays membres à côté de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France et de l’Italie. Un peu comme si les Etats-Unis s’étaient assis à la table flanqués de la Californie, de la Floride, de l’Illinois et du Texas.

Même si la France et l’Allemagne, à elles seules, comptent plus dans le PIB mondial que la Chine, elles appartiennent à un regroupement d’Etats qui constitue, pour l’instant, une puissance faible. Cette dernière est empêtrée dans les déficits publics et ne songe qu’à les endiguer, sous l’impulsion d’Angela Merkel. Tandis que les Etats-Unis votent pour la croissance, l’Europe plaide pour la rigueur. Ce sont là deux vieilles tendances nées de l’histoire : l’Amérique, frappée au cœur dans les années trente, accepte le risque de l’inflation pour éviter le drame de la dépression économique ; le Vieux continent, marqué au fer rouge de l’effondrement monétaire de la République de Weimar en 1923, épouse la crainte allemande de l’inflation, au risque de la récession.

Dans la mesure où la Chine et les pays émergents qui composent le reste du G20 n’entendent pas remettre en cause la croissance économique, d’autant que la Chine et les Etats-Unis forment d’ores et déjà le G 20% (20% du PIB mondial), l’Europe n’a guère de chances de faire entendre sa raison. Elle devra bientôt corriger le tir, ce que l’accord de Toronto laisse d’ailleurs prévoir : réduire, certes, ses déficits, mais moins qu’elle ne le voudrait a priori, pour éviter de casser une reprise fragile.

Dans cette perspective, une accélération de tout ce qui peut favoriser des convergences budgétaires sera bienvenue. Parmi les instruments qui peuvent y contribuer, l’Eurobond que l’Institut Montaigne défend depuis plus d’un an (NoteReconstruire la finance pour relancer l’économie et EtudePour un Eurobond - Une stratégie coordonnée pour sortir de la crise) constituerait un moyen efficace de financer des projets communautaires d’importance, notamment des investissements d’infrastructures à l’échelle des 27. En théorie économique, cela porte le nom de croissance endogène. Dans la pratique, cela signifie améliorer la mobilité quotidienne (transports ferroviaires, routiers, aériens) et faciliter la vie de centaines de millions d’européens.

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