Un monde vieux

Nous sommes à un tournant de l’histoire démographique mondiale. C’est le Census Bureau (équivalent américain de l’INED -Institut National d’Etudes Démographiques-) qui l’écrit. D’ici 30 ans, le nombre de plus de 65 ans sur notre planète aura plus que doublé. Pour la première fois, ceux-ci seront plus nombreux que les enfants de moins de cinq ans.

L’étude du bureau américain du recensement prévoit une augmentation de 160 % du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus entre 2008 et 2040. La population mondiale des plus de 85 ans devrait, elle, augmenter de 233 %. Le phénomène ne touche plus que les pays riches. L’Amérique latine et l’Asie enregistrent déjà un vieillissement significatif de leur population.

La Chine à elle seule compte plus de cent millions de seniors. Rapportée au nombre de ses habitants, la population la plus âgée reste cependant celle du Japon, qui compte 22 % de 65 ans et plus. A l’échelle des continents, c’est l’Europe qui est la plus vieille et l’Afrique la plus jeune.

D’après les prévisions américaines, les 65 ans et plus représenteront environ 15 % de la population mondiale de 2040. Si les causes de cette mutation sont largement connues – baisse du taux de fécondité, progrès de la médecine – ses conséquences en termes de politiques publiques tardent à se manifester.

Préparer l’avenir

L’enjeu des retraites, est bien sûr très important et la question de leur financement sera sans doute un serpent de mer des prochaines années. François Fillon promet un vaste débat national pour 2010 mais, au regard de la difficulté de réformer les systèmes de protection sociale en France, on peut craindre que les ajustements nécessaires se fassent tardivement, dans la douleur et après des années de déficit grave.

L’accroissement de la population âgée pourrait (devrait) néanmoins devenir un véritable moteur de croissance. Outre les leçons de l’expérience japonaise, de multiples voies sont à explorer pour favoriser l’emploi et l’insertion sociale des seniors. La question du vieillissement des populations ne doit pas être perçue comme synonyme de problèmes et envisagée sous le seul angle de la solidarité intergénérationnelle.

L’Institut Montaigne travaille en ce moment à un rapport prospectif qui mettra en avant des moyens à même de doper l’activité économique des jeunes retraités, mais aussi celle des étudiants, chômeurs, mères au foyer… Bref tout ceux que des cadres trop rigides tiennent à l’écart de l’activité rémunérée. D’une manière générale cette analyse tracera les grandes lignes d’une nouvelle articulation de la société entre inactifs, actifs et retraités.