Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
23/08/2011

Télétravail : la France peut-elle rattraper son retard ?

Imprimer
PARTAGER
Télétravail : la France peut-elle rattraper son retard ?



Faisant écho aux réflexions menées durant l’e-G8 fin mai à Paris, Éric Besson, ministre chargé de l’Économie numérique, a récemment lancé une étude sur le télétravail en France afin de "repérer les bonnes pratiques et identifier les facteurs de succès (1)". Où en est la France dans ce domaine ? Et quels sont les bénéfices de ce dispositif ?

La France, mauvaise élève du numérique

Alors que le taux de télétravailleurs s’élève à 18 % en moyenne en Europe et grimpe jusqu’à 30 % dans les pays scandinaves, la France fait figure de mauvaise élève avec seulement 9 % de télétravailleurs. Ces chiffres ne font que renforcer le constat dressé dans le dernier rapport de l’Institut Montaigne (Le défi numérique – comment renforcer la compétitivité de la France) : la France perd du terrain dans le domaine du numérique, et accumule un retard qui risque de devenir de plus en plus difficile à rattraper.

Des freins…

Selon Greenworking (le cabinet en charge de l’étude en question), "le manager est le premier frein au développement du télétravail". Ce concept, qui repose sur des principes de flexibilité et de confiance entre salarié et employeur, peine à trouver sa place dans un système organisationnel encore fortement hiérarchisé. Les employeurs peuvent, par exemple, craindre de perdre le contrôle sur l’activité de leurs employés. De plus, le coût d’équipement (ordinateur, connexion à Internet) et l’obligation de verser une indemnité au salarié(2) constituent des obstacles supplémentaires à la mise en place de ce mode de travail.

… et des gains !

A cause de ces différents freins, la France n’exploite pas suffisamment son potentiel numérique. Pourtant, le télétravail aurait toute sa place dans le programme "Compétitivité des PME dans l’économie numérique" préconisé par le rapport de l’Institut Montaigne. En effet, le télétravail permet de gagner en compétitivité en réduisant la durée et les coûts de transport pour les salariés (et donc potentiellement leur stress). De plus, le télétravail permet à l’entreprise de faire des économies en termes de location de bureaux. Le salarié y gagne, l’entreprise y gagne, et même l’environnement y gagne puisque réduction des transports rime avec diminution de l’émission de gaz à effet de serre ! Comme le souligne Éric Besson, "Le télétravail apporte des bénéfices concrets dans la vie courante des travailleurs, des collectivités et des entreprises(3)".
Enfin, le télétravail implique le salarié d’une manière différente, en lui offrant davantage de responsabilités (gestion du temps de travail), ainsi que la possibilité de moduler ses horaires.

Aller au-delà des premières expériences

Le privé connait un essor du télétravail depuis trois ans (une vingtaine d’accords ont été signés dans les grandes entreprises, telles que Michelin ou Axa), et une expérience est en cours au ministère des Finances depuis décembre 2010. Toutefois, Éric Besson indique que cela ne se fait qu’un à trois jours par semaine, afin de préserver l’insertion de l’agent dans la communauté professionnelle.
Nul doute donc que la France a une carte à jouer sur ce terrain. Au nom de la compétitivité, mais aussi du bien-être du salarié.


Références :
(1) Charles Guay, Télétravail : Besson veut mobiliser les entreprises, Les Echos, 20 juillet 2011.
(2) Arrêt de la Cour de Cassation du 7 avril 2010.
(3) Source : www.rtl.fr

En savoir plus :
Le défi numérique – comment renforcer la compétitivité de la France

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne