AccueilExpressions par MontaigneSommet Union africaine - Union européenne : repartir sur de nouvelles basesL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.27/11/2017Sommet Union africaine - Union européenne : repartir sur de nouvelles basesImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Les 29 et 30 novembre se tient à Abidjan le cinquième sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne. Sur fond de Brexit et de révision "post-Cotonou", 2017 est une année déterminante pour les relations économiques et politiques entre l’UE et l’Afrique. Décryptage par Dalila Berritane, consultante influence & communication en Afrique et rapporteur du groupe de travail de l’Institut Montaigne Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui ?. Existe-t-il une politique africaine de l’Europe aujourd’hui ? Que peut-on attendre d’Emmanuel Macron de ce point de vue ? L’Europe est LE continent qui entretient une relation forte avec l’Afrique. Ni l’Amérique, ni l’Asie, en tant que continents, n’ont établi de relations politiques, économiques, culturelles aussi étroites. Ces dernières semaines, le scandale des migrants maltraités, violentés et vendus aux enchères en Libye jette un regard cru sur l’approche européenne de cette question, matérialisée en novembre 2015 par la création du Fonds fiduciaire UE/Afrique. Les dirigeants européens ont offert près de 2 milliards d’euros à 26 pays africains pour qu’ils empêchent leurs populations de quitter leurs territoires ou encore qu’ils acceptent le retour des migrants chez eux. Dans le même temps, la Commission européenne a signé des accords séparés avec cinq pays africains, le Nigeria, l’Ethiopie, le Sénégal, le Mali et le Niger. Ces accords prévoient notamment de lier une partie de l’aide au développement en échange d’un retour de leurs migrants indésirables en Europe. Certes les choses ne sont jamais simples en termes d’immigration mais cette politique non maîtrisée de Bruxelles a abouti au scandale révélé cet été par Le Monde et documenté en images par CNN ces dernières semaines. Le Sommet d’Abidjan, s’il devait traiter uniquement de la question migratoire, serait selon moi un échec, même s’il est évidemment nécessaire de repenser la question migratoire avec toutes ses composantes, y compris en matière de démocratie et de respect des droits de l’Homme dans les pays de départ. De droits humains, il en sera très certainement question lors du discours qu’Emmanuel Macron prononcera à Ouagadougou, au Burkina Faso. Le discours du chef de l’Etat nous en dira plus sur la stratégie de la France vis-à-vis de l’Afrique. L’accent devrait être mis notamment sur le développement et l’emploi des jeunes, la sécurité mais aussi le respect des droits de l’Homme. Rappelons qu’il ne s’agit en aucun cas d’imposer des valeurs occidentales aux Africains comme certains - et pas forcément les plus démocrates - ne cessent de répéter. Ce sont des engagements auxquels l’Afrique a souscrit librement, à travers l’Union africaine, en signant de multiples accords, que ce soit avec l’Union européenne ou les Nations Unies. Dix ans après l'adoption de la stratégie commune Afrique-UE, quels sont les principaux enjeux de la révision "post-Cotonou" ?Vous avez raison de soulever que 2017 est une année décisive dans les relations entre les deux continents. Cela fait en effet dix ans maintenant que la stratégie conjointe UA (Union Africaine)/UE (Union européenne) a été adoptée. Nous sommes également à deux ans de l’échéance des accords dits de Cotonou… Les négociations commenceront officiellement en 2018 mais elles s’esquissent déjà. Les enjeux sont multiples et comprennent notamment le développement économique et social, la sécurité et le respect des engagements démocratiques. Rappelons qu’en Afrique, 60 % de la population a moins de 25 ans. Or, aujourd’hui, les dirigeants qui gouvernent le continent africain ont une moyenne d’âge de 65 ans contre 50 dans les pays occidentaux. La grande différence avec l’Occident, c’est que l’écart générationnel entre les dirigeants africains et leurs populations est la plus élevée au monde… Pour l’Union européenne, l’enjeu sera donc de comprendre les évolutions majeures de l’Afrique et de nouer des partenariats, notamment avec les nouvelles générations. Le financement d’une éducation de qualité, de la santé et de l’accès aux financements via notamment des systèmes de garantie pour permettre aux jeunes africains de développer leurs activités sur le continent sont des défis cruciaux. Sur le plan économique, les Accords de Partenariat Economique entre l’Union européenne et le continent africain ont été longs et laborieux. Avec un succès mitigé. Là encore, l’UE devra s’attacher à revoir sa copie et davantage prendre en compte la nécessité de protéger certains marchés. La sortie prochaine du Royaume-Uni de l’Union européenne a des répercussions sur le budget du Fonds Européen de Développement (FED). Le couple Franco-Allemand peut-il jouer un rôle dans ce contexte ? Effectivement la sortie en mars 2019 de la Grande-Bretagne de l’Union européenne aura des répercussions sur le budget alloué au FED, le Fonds Européen au développement. Comme nous l’avons écrit dans notre rapport, Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui ?, l’UE est l’un des contributeurs les plus importants au développement du continent africain. Pour la période 2014-2020 (11ème FED), ce sont 30 milliards d’euros qui sont alloués dont plus de 25 milliards pour l’Afrique. La Grande-Bretagne est le troisième contributeur du FED après la France et l’Allemagne avec 534 millions d’euros. En quittant l’UE, la Grande-Bretagne rendra caduque une centaine d’accords, avant même l’expiration de l’accord de Cotonou. Cette échéance peut être transformée en opportunité, si le couple franco-allemand s’avère moteur dans la définition des nouveaux objectifs dans la relation avec le continent africain. L’Union européenne aurait tout intérêt à s’entendre sur le plan international avec l’Union africaine pour défendre des positions communes, mises à mal par la Chine qui met en branle son vaste projet de de "Nouvelles Routes de la Soie" mais aussi la nouvelle vision du monde défendue par Donald Trump. Il est vrai que ces derniers mois, Berlin a émis le souhait de s’investir davantage sur le champ politique en Afrique. Cependant il faudra attendre la formation d’un nouveau gouvernement en Allemagne pour voir si cette stratégie est pérenne. Photo copyright©2017 African Union Commission. All right reservedImprimerPARTAGERcontenus associés 04/10/2017 Afrique : dépassionner le débat sur le franc CFA Michaël Cheylan 27/09/2017 Comment la France peut soutenir l'effort de diversification des économies e... Michaël Cheylan