AccueilExpressions par MontaigneRetraites : les Français travaillent de plus en plus longtempsL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.05/03/2012Retraites : les Français travaillent de plus en plus longtemps Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur Gunilla Björner Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne En 2011, l’âge moyen de départ à la retraite a frôlé les 62 ans dans le privé, selon les derniers chiffres publiés par la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), le 22 février dernier. C’est 6 mois de plus qu’en 2010. C’est une évolution positive, mais cela ne suffit pas pour sauver notre système de retraite par répartition. Une réforme structurelle est nécessaire et il faut commencer à la préparer dès maintenant.La réforme de 2010 La loi portant réforme des retraites du 9 novembre 2010 a, entre autres, relevé l’âge légal (minimal) de départ à la retraite de 60 à 62 ans. En parallèle, la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier d’une retraite sans décote a été augmentée. Elle est de 41 ans pour la génération de 1952 et de 41,5 ans (soit 166 trimestres) pour les assurés nés en 1955. L’âge auquel on obtient une retraite "à taux plein" - même si le nombre de trimestres validés est inférieur à la durée d’assurance de référence - a été relevé à 67 ans.Les Français travaillent de plus en plus longtemps L’année dernière, l’âge moyen de départ à la retraite a atteint 61 ans et 11 mois dans le privé, selon la CNAV. C’est 6 mois de plus qu’en 2010. L’âge moyen de départ à la retraite dans la fonction publique d’Etat a également augmenté et devrait franchir la barre de 60 ans en 2012, selon les prévisions du ministère du Budget. La dernière réforme des retraites, votée en 2010 et entrée en vigueur en juillet 2011, commence donc à produire ses effets.Une réforme structurelle est pourtant nécessaire Si ces chiffres sont positifs, ils ne sont pas suffisants pour sauver notre système de retraite par répartition. Pour garantir sa pérennité à long terme, mais aussi pour le rendre plus compréhensible et plus équitable, une réforme structurelle est indispensable. L’Institut Montaigne propose de mettre en place un régime national de retraite par répartition "unique, à la carte, et à cotisations définies". Qu’est-ce que cela veut dire ? - Un régime national unique fonctionnant par points Le système français comporte actuellement une quarantaine de régimes de retraite : une vingtaine de régimes "de base", et autant de complémentaires. Au nom de l’égalité de tous et de la clarté du système, nous proposons de fusionner tous les régimes de retraites par répartition au sein d’un régime national unique fonctionnant par points. En effet, la retraite par répartition n’a pas vocation à être organisée de façon catégorielle. Il n’existe aucune raison valable pour qu’un fonctionnaire ou un cheminot soit favorisé par rapport à un salarié du privé, un exploitant agricole ou un commerçant. - Un système à cotisations définies Afin d’éviter un accroissement du déficit du système de retraites par répartition, celui-ci doit fonctionner "à cotisations définies", c’est-à-dire distribuer des pensions aux retraités qui proviennent d’un fonds alimenté par les cotisations prélevées sur les actifs d’aujourd’hui, à un taux raisonnable. Passer d’un système "à prestations définies" à un système "à cotisations définies", permet également de ne pas "sacrifier" les générations futures. Il s’agit là d’une démarche politique courageuse, puisqu’elle consiste à protéger les intérêts de personnes trop jeunes pour être des électeurs, ou qui ne sont pas encore nées. - Une retraite à la carte avec neutralité actuarielle En instaurant une retraite "à la carte avec neutralité actuarielle", on permet au salarié de choisir l’âge auquel il souhaite prendre sa retraite, sans que cela ne nuise ni à ses concitoyens, ni au système de retraites dans son ensemble. Pour schématiser, plus une personne partira tard, plus elle aura cotisé pour sa retraite, et plus sa pension sera importante. Enfin, pour garantir la solidarité de notre système de retraites, l’Institut Montaigne propose de mettre en place une pension minimale garantie pour les personnes à faibles niveaux de retraite.La réforme de 2010 prévoit qu’un débat national sur une réforme systémique du système de retraite soit lancé début 2013. Il est grand temps de commencer à le préparer.Pour en savoir plus :- Retraites : deux chantiers à ouvrir d'urgence, (par Jacques Bichot), Institut Montaigne, août 2011. - Réformer les retraites : pourquoi et comment, (par Jacques Bichot), Institut Montaigne, juin 2010. - Réforme des retraites : vers un big-bang ?, (par Jacques Bichot), Institut Montaigne, mai 2009. - Vincent Collen, Retraite : l’âge de départ frôle déjà les 62 ans dans le privé, Les Echos, le 23 février 2012. - Vincent Collen, Fonctionnaires : l’âge moyen de départ à la retraite va franchir la barre de 60 ans, Les Echos, le 5 octobre 2011. - Décret n° 2011-2034 du 29 décembre 2011 relatif à l’âge d’ouverture de la retraite. - Décret n° 2011-916 du 1er août 2011 relatif au nombre de trimestres d’assurance nécessaire pour un assuré né en 1955 pour obtenir une retraite à taux plein.ImprimerPARTAGER