AccueilExpressions par MontaigneQuelle France dans dix ans ? « On ne changera rien si on ne répare pas d'abord l'école »L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.27/06/2014Quelle France dans dix ans ? « On ne changera rien si on ne répare pas d'abord l'école » ÉducationImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, était hier invité à débattre autour du rapportQuelle France dans 10 ans ? Les chantiers de la décennieaux côtés de Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie) et de Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, Monika Queisser chef de division, direction de l’Emploi, du Travail et des Affaires sociales de l’OCDE, Daniela Schwarzer, directrice du programme Europe du think tank German Marshall Fund à Berlin, Pierre Veltz, président directeur général de l’établissement public Paris-Saclay. À cette occasion, il est notamment revenu sur la nécessité d’engager une réforme profonde de l’école et de nos institutions. « C'est injuste de dire à un enfant de 6-7 ans que sa trajectoire scolaire est terminée et vouée à l'échec"Le rapport Quelle France dans dix ans ?fixe des objectifs ambitieux pour l’éducation : diviser par trois la proportion des élèves sortant du primaire sans maîtriser la langue française (20 % aujourd’hui), réduire d’un tiers la proportion des élèves ne maîtrisant pas les principaux éléments scientifiques (29 % aujourd’hui) et diviser par trois le nombre de « décrocheurs » (ils sont actuellement 140 000 chaque année). Lors de la conférence de présentation du rapport, Jean Pisani-Ferry a indiqué que – parmi toutes les politiques publiques passées au crible -, « l'éducation et la formation sont les seuls domaines sur lesquels on demande plus de moyens qu'actuellement ».Invité en tant que « grand témoin », Laurent Bigorgne a réaffirmé la nécessité de faire de la réforme de l’école une priorité nationale : « on ne changera rien si on ne répare pas d'abord l'école ». Il rappelle que « notre système scolaire n’est pas assez évalué. Il faut que le système d’évaluation soit indépendant de l'État ». Se saisir de l’évaluation apparaît aujourd’hui comme un enjeu central si l’on veut piloter efficacement le système scolaire, notamment grâce à la définition de grands objectifs comme le préconise le rapport Quelle France dans dix ans ?. Cette évaluation rigoureuse doit également s’accompagner d’une ouverture beaucoup plus large à la recherche scientifique de qualité internationale en éducation. Il faut promouvoir une formation initiale et continue des enseignants enrichie des derniers travaux scientifiques sur ces questions.Enfin, Laurent Bigorgne est revenu sur le rôle de l’école dans la reproduction des inégalités sociales - « C'est injuste de dire à un enfant de 6-7 ans que sa trajectoire scolaire est terminée », et a notamment plaidé pour un rééquilibrage des moyens au sein du système scolaire : « La courbe à inverser est celle du financement de l'éducation. Trop de moyens sur le secondaire, pas assez sur le primaire et le supérieur ».« Comment changer les institutions avec des parlementaires dont l'horizon est bouché ? » Laurent Bigorgne a invité les parlementaires français à s’ouvrir davantage à l'international ; il a ainsi souligné que la carrière politique est l’un des rares secteurs où le fait d’avoir une expérience internationale n’est pas valorisé.Le débat a également pointé le déficit d’exemplarité de l’État dans la promotion de la parité : « Quand on regarde les institutions de la République, on voit beaucoup trop peu de femmes aux postes de direction ». Diversifier les recrutements dans la haute fonction publiqueLe rapport Quelle France dans dix ans ? avance aussi la nécessité d'ouvrir la haute fonction publique « à tous les talents» et à plus de diversité notamment en recrutant en dehors de la fonction publique pour un quart des postes pourvus en Conseil des ministres. Josette Théophile, ancienne directrice des ressources humaines du ministère de l'Éducation nationale et auteur d’un récent rapport pour l’Institut Montaigne Pour une fonction publique audacieuse et « Business friendly», s’est exprimée le 25 juin sur ce sujet dans le quotidien La Croix : « C'est plus un problème culturel qu'une obligation juridique ». Elle rappelle que «Les métiers de la fonction publique se sont diversifiés et nécessitent d'autres compétences, notamment dans le domaine de la gestion et du management, que celles des fonctionnaires qui ont un profil très juridique».ImprimerPARTAGER