AccueilExpressions par MontaigneQue reste-t-il à faire pour améliorer le système éducatif français ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.13/09/2012Que reste-t-il à faire pour améliorer le système éducatif français ? ÉducationImprimerPARTAGERAuteur Lucie Piolot Chargée d 'études Dans son édition 2012 de Regards sur l’éducation parue cette semaine, l’OCDE analyse les progrès réalisés au cours des dernières années par les systèmes éducatifs de ses pays membres, notamment en matière de niveau d’éducation de la population et de financement de l’enseignement. Verdict : la France reste à la traine par rapport à ses pairs concernant le taux de scolarisation de ses jeunes qui a chuté au cours des dix dernières années, ainsi que concernant leur insertion professionnelle.La France a le plus fort taux de préscolarisation de l’OCDE, mais aussi un des taux d’encadrement les plus élevés par enseignantEn France, en 2010, 100 % des enfants de 3 et 4 ans bénéficient d’un enseignement préprimaire dans des structures d’accueil de la petite enfance ou dans l’enseignement primaire, soit le plus haut niveau de l’OCDE. Cependant, comme les dépenses annuelles totales par élève préscolarisé sont moins importantes en France qu’ailleurs, le taux d’encadrement (au sens de l’OCDE : nombre d’élèves par enseignant) y est très élevé avec plus de 21 élèves par enseignant, contre une moyenne de 14 élèves dans le reste de l’OCDE.De nets progrès en matière de niveau d’éducation… La France a réalisé d’importants progrès au cours des trente dernières années pour augmenter le niveau d’éducation de sa population, se rapprochant ainsi des niveaux moyens de l’OCDE. Ces progrès sont notables aussi bien dans l’enseignement secondaire que tertiaire : - aujourd’hui, 84 % des 25-34 ans sont diplômés du deuxième cycle du secondaire (équivalent du BAC, BEP ou CAP), contre 56 % des 55-64 ans ; - de la même façon, 43 % des 25-34 ans sont diplômés du supérieur contre 18 % des 55-64 ans. En revanche, seuls 1,6 % des jeunes poursuivent leurs études jusqu’au doctorat, là où ils sont plus de 2 % en Allemagne et au Royaume-Uni notamment.… mais une baisse inquiétante du taux de scolarisation des 15-19 ans annonciatrice de difficultés accrues en termes d’insertion professionnelle La situation est préoccupante pour les 15-19 ans, dont le taux de scolarisation a diminué au cours des cinq dernières années, passant de 89 % en 1995 à 84 % en 2010, alors qu’il a augmenté de plus de 10 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Près des deux tiers de ces 16 % de jeunes non scolarisés sont sans emplois ou inactifs. Ce chiffre est d’autant plus inquiétant que l’insertion professionnelle des jeunes est particulièrement difficile en France. Les difficultés les plus importantes concernent les jeunes dont le niveau de formation est inférieur au deuxième cycle du secondaire : 25 % des 20-24 ans dans cette situation sont non scolarisés et au chômage, tandis que cette proportion est de 16 % en moyenne dans l’OCDE.Des inégalités dans l’accès à l’enseignement supérieur… En 2011, Regards sur l’éducation soulignait déjà le poids important des inégalités sociales dans les performances moyennes des élèves de 15 ans en France. Cette année, l’OCDE s’intéresse plus particulièrement à l’influence du niveau d’éducation des parents sur celui des enfants. Les jeunes français de 20 à 34 ans ont moins de chances de suivre des études supérieures si leurs parents sont peu instruits (c’est-à-dire non diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire).… compensées par une meilleure réussite des élèves issus de milieux peu instruits Cette inégalité sociale d’accès à l’enseignement supérieur est plus marquée en France que dans les autres pays membres de l’OCDE. L’étude souligne néanmoins que cette "barrière à l’entrée" est compensée par la suite : un jeune issu d’une famille peu instruite et poursuivant des études supérieures sera plus susceptible en France qu’ailleurs de les terminer avec succès. Ainsi, la France fait partie du groupe de pays dans lequel les jeunes adultes dont les parents ont un faible niveau d’instruction sont par ailleurs les plus diplômés de l’enseignement supérieur (25 % d’entre eux le sont en France contre 20 % en moyenne dans l’OCDE).Le financement du système d’éducation est élevé mais déséquilibré La France investit 6,3 % de son PIB dans l’éducation, un chiffre comparable à la moyenne des 21 pays de l’OCDE. Cependant, cet investissement est déséquilibré entre l’enseignement secondaire (dans lequel les dépenses par élève sont 15 % plus élevées que la moyenne de l’OCDE) et l’enseignement primaire (où les dépenses par élève sont 17 % plus faibles que la moyenne des pays de l’OCDE). Enfin, des investissements massifs ont été réalisés au bénéfice de l’enseignement supérieur au cours des dernières années : les dépenses ont augmenté de 19 % entre 2000 et 2009. Dans le même temps, les frais de scolarité dans l’enseignement supérieur sont restés peu élevés par rapport aux autres pays de l’OCDE.Quelles orientations pour améliorer le système éducatif français ? Il n’y a pas de fatalité. Des pays comme l’Allemagne et les Etats-Unis, partis de plus loin que nous, ont réussi à améliorer leurs performances et réduire l’influence du déterminisme social sur le cours de la scolarité. La lutte contre l’échec scolaire passe par une action renforcée sur la petite enfance et l’école primaire. Cette dernière doit devenir une priorité budgétaire pour faciliter l’acquisition des capacités cognitives dès le plus jeune âge et favoriser sur le long terme la réussite scolaire. Ces changements concernent l’ensemble de l’écosystème éducatif : le renouveau des méthodes pédagogiques passe en effet par un effort accru de formation professionnelle à destination des enseignants. Enfin, la lutte contre le chômage des jeunes, qui touche surtout les moins qualifiés, demande une meilleure articulation de l’école avec le monde professionnel, en refondant l’orientation à l’école et promouvant les formations en alternance.Aller plus loin : - Voir les témoignages vidéos pour aider les jeunes à s'insérer durablement dans l'emploi - Choisir les bons leviers pour insérer les jeunes non qualifiés, Note, juin 2012 - Vaincre l'échec à l'école primaire, Rapport, avril 2010 - Regards sur l’éducation 2012 – Les indicateurs de l’OCDE, OCDE, septembre 2012 (pdf) - Regards sur l’éducation 2012 – Les indicateurs de l’OCDE, Note pays : France, OCDE, septembre 2012 (pdf)ImprimerPARTAGER