Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
08/12/2015

Pourquoi les Français passent cinq ans de plus à la retraite que dans les autres pays?

Imprimer
PARTAGER
Pourquoi les Français passent cinq ans de plus à la retraite que dans les autres pays?
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne



Cinq ans. C'est le temps supplémentaire que passent les Français à la retraite par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE. Dans son dixième "Panorama des pensions", l'OCDE met en avant ce grand écart qui laisse perplexe : est-il uniquement la conséquence des caractéristiques, notamment démographiques, de notre pays ? Ou révèle-t-il toute la fragilité financière de notre système ?

Le principal constat de l’OCDE

La France est championne du temps passé à la retraite parmi les 34 pays de l’OCDE. Hommes (23 ans passés à la retraite en moyenne) comme femmes (27 ans), les retraités passent cinq années de plus que la moyenne de l’OCDE à la retraite, un écart qui s’est creusé ces vingt dernières années.

Nombre d’années passées à la retraite en 2014

graphique_retraite1.1.jpg
 Source : Panorama des pensions 2015 (OCDE)

La hausse de l’espérance de vie, pas traduite par un report de l’âge légal

Cet écart s’explique en partie par des caractéristiques démographiques. Si les Français passent de plus en plus de temps en retraite, c’est notamment grâce à l’espérance de vie qui augmente de manière continue. Pour les hommes, elle est passée de 75 à 79,3 ans en 15 ans (de 1999 à 2014). Pour les femmes, la progression est moins forte mais l’espérance de vie plus élevée (de 82,5 à 85 ans, soit +2,5 ans entre 1999 et 2014).

Mais cette situation n’est pas spécifique à notre pays. C’est donc bien du côté du fonctionnement de notre système de retraite qu’il faut chercher les raisons d’un tel écart.

Avec une durée de cotisation moyenne de 41 ans, la France se situe dans la moyenne de l’Union européenne. C’est plutôt l’âge de départ à la retraite qui la distingue de ses voisins. L’âge légal de départ, fixé en France à 62 ans, est bien plus faible que chez ses voisins (67 ans en Allemagne d’ici 2029, 66 ans en Italie, 65 ans en Espagne). L’âge réel de départ, ou âge effectif de sortie du marché du travail, est le plus faible de tous les pays de l’OCDE chez les hommes (59,4 ans) et le 5ème plus faible chez les femmes (59,8 ans, derrière la Slovaquie, la Belgique, la Pologne et la Slovénie). La question du report de l’âge légal est déjà dans le débat, comme en témoigne le récent accord sur les retraites complémentaires.

Âge réel de départ à la retraite en 2014

graphique_retaite2.3.jpg
Source : Panorama des pensions 2015 (OCDE)


Une autre cause à ce phénomène est le faible taux d’emploi des 60-64 ans. En 2014, seul un quart des Français de cette tranche d’âge travaille, contre plus de 40 % en moyenne dans l’OCDE. L’Institut Montaigne a récemment formulé des propositions concrètes pour remédier à cette situation.

Un système pérenne ?

Signalons enfin que la dépense publique consacrée aux prestations de vieillesse en France est considérable. Elle atteint ainsi 14% du PIB national, soit le double de la moyenne de l’OCDE (7%). D’après les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit des caisses de retraites, estimé en 2014 à 10,1 milliards d’euros, est attendu (avec des hypothèses optimistes) à 11,1 milliards d’euros en 2018. Espérance de vie élevée, départ précoce à la retraite, faible taux d’emploi des seniors, financement déficitaire : le tableau est clair, le système de retraite français n’est pas viable. C’est l’un des chantiers que devront impérativement ouvrir en 2016 les candidats à la prochaine élection présidentielle.

Par Alice Baudry et Victor Poirier pour l’Institut Montaigne

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne