AccueilExpressions par MontaignePolitique Agricole Commune (PAC): pour une agriculture durable et raisonnée en France et en EuropeL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.01/02/2008Politique Agricole Commune (PAC): pour une agriculture durable et raisonnée en France et en Europe Régulation EuropeImprimerPARTAGERAuteur Gilles Trochet Secrétaire général En permettant à l’Europe, largement déficitaire en produits alimentaires au sortir de la guerre, de devenir exportatrice, et en assurant aux Européens un accès aux principales denrées alimentaires pour un prix raisonnable, la Politique agricole commune a incontestablement atteint les objectifs qui lui avaient été fixés à sa création.Mais il faut bien reconnaitre que le modèle agricole productiviste a aussi eu un coût environnemental non négligeable : pollution des sols et des eaux par les pesticides et les nitrates, érosion des sols, diminution de la couche d’humus, disparition d’une partie de la faune et de la flore, etc. Certes, depuis quelques années, l’Union européenne a pris conscience des défauts de ce modèle et à réorienté la PAC vers un type d’agriculture plus raisonnée en introduisant notamment des mesures de protection de l’environnement, telles que la mise en place de programmes agro-environnementaux, la promotion des « bonnes pratiques agricoles », ou bien encore l’instauration du principe d’éco-conditionnalité… Malheureusement, si ces dispositions sont prometteuses, il faut bien admettre que les effets tangibles se font encore attendre ! En réalité, si l’on veut reconquérir la qualité de nos sols et de nos rivières, il faut, d’une part, que les prix de l’eau et des pesticides reflètent les conséquences négatives générées par d’éventuelles pratiques irraisonnées, d’autre part, il est impératif de sanctionner strictement les comportements qui contribuent à dégrader l’environnement. Bref, il faut appliquer le principe, si souvent évoqué mais rarement appliqué, du pollueur payeur. Mais, si l’on fait payer les agriculteurs pour leurs éventuelles atteintes à l’environnement, symétriquement, il devient légitime de les rémunérer quand ils contribuent à l’entretien et à la valorisation des territoires. Ces apports ne sont pas négligeables : outre leur fonction première de producteur de biens alimentaires (rémunérée par le marché), les agriculteurs assurent aussi au passage l’entretien des territoires ruraux, le maintien de paysages agricoles diversifiés, la prévention des feux de forêts par le débroussaillage, l’édification de talus ou la plantation de haies, l’atténuation de la pollution de l'air du fait de la consommation de C02 par les végétaux….Autant de services dont la plupart d’entre nous tirent bénéfice. Seulement, cette fois, le marché ne suffit plus pour rétribuer comme il se doit ces prestations, il est donc nécessaire que les pouvoirs publics y apportent leur soutien et redirigent une partie de leurs aides directes afin de rémunérer le travail des agriculteurs qui assurent ce qu’il convient vraiment d’appeler un « service public de l’environnement ». Parce que l’activité des agriculteurs influence le bien être de chacun d’entre nous, il est légitime qu’ils perçoivent, ou qu’ils payent, une indemnisation, pour leur action.ImprimerPARTAGER