AccueilExpressions par MontaigneOù en sont les services de renseignement français ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.11/07/2018Où en sont les services de renseignement français ? Sécurité et défenseImprimerPARTAGERAuteur Patrick Calvar Expert Associé - Sécurité Les services de renseignement et de sécurité français ont connu des évolutions majeures depuis 2007. Les différentes réformes intervenues ont eu pour objet de créer une véritable communauté nationale du renseignement, de légitimer son action sur le plan juridique, de la placer sous la coordination de la Présidence de la République, et enfin, de fixer ses objectifs et d'adapter ses moyens aux missions dévolues, en particulier à l'heure de la révolution digitale et de ses nombreux défis. On rappellera, sans être exhaustif : La fusion des services du Ministère de l'Intérieur ayant abouti à la création, en 2014, de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) répondant à la nécessité impérieuse de voir la France se doter d'un véritable service de sécurité dans toutes ses dimensions. La mise en place d'un Plan national d'orientation du renseignement voté à l’été 2015, qui fixe les axes prioritaires d'intervention des services. Le vote, en juillet 2015, de la loi relative au renseignement, pierre angulaire de l'édifice. Celle-ci établit les pouvoirs conférés aux services et les contrôles auxquels ils sont soumis : politique (exécutif), administratif (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) et Inspection générale des services) et parlementaire (Délégation parlementaire au renseignement).On soulignera à cet égard que la France a été la dernière grande démocratie à disposer d'une telle législation, qui légitime l'action des services tout en leur garantissant une sécurité juridique. Enfin, la création du poste de coordonnateur national du renseignement en 2017, dont le périmètre a été étendu après l'élection d'Emmanuel Macron. Si, de fait, la communauté nationale du renseignement, au-delà d'ajustements toujours nécessaires, est aujourd’hui une réalité efficace, elle est désormais confrontée à des défis croissants et se diversifiant : terrorisme, espionnage, criminalité organisée, immigration massive, cyberattaques.... Les enjeux de la révolution digitale et l’indispensable préservation de la souveraineté de la France entraînent un effort sans précédent d'adaptation, par une politique volontariste en matière de ressources humaines (diversification des recrutements, formation, professionnalisation…), certes déjà entamée, ainsi qu’un investissement financier massif afin d'être en mesure de faire face aux défis technologiques (multiplication des moyens de communication, big data, chiffrement, intelligence artificielle…). Dans ce contexte, la coopération internationale - et principalement européenne - est nécessaire, nos partenaires étant confrontés à la nécessité de mener les mêmes évolutions. Si cette coopération ne présente pas, en soi, de difficultés en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, elle reste à définir et à approfondir en matière de lutte contre les menaces souveraines, à l'image de l'espionnage et de ses nouveaux modes d'action (notamment les cyber attaques). Cette situation est amenée à durer, tant que l'Union européenne ne se sera pas dotée d'une organisation politique réellement commune et ce, alors qu'elle pourrait être affaiblie dans le domaine de la sécurité et de la défense après le départ du Royaume-Uni.ImprimerPARTAGERcontenus associés 09/07/2018 Paix menacée, guerre concevable Nicolas Baverez 11/07/2018 L’excellente relation de défense franco-américaine, à l’épreuve des turbule... Célia Belin