AccueilExpressions par MontaigneLibérer le temps de travail pour relancer la croissanceL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.28/04/2015Libérer le temps de travail pour relancer la croissanceImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Retrouvez la chronique de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, invité dans l'émission "Ecorama" de Boursorama.Seule en Europe, la France a pris, au début des années 1980 avec la retraite à 60 ans et au seuil des années 2000 avec les 35 heures, des décisions très fortes qui ont contribué à baisser le temps de travail, à la fois sur une année mais aussi à l’échelle d’un cycle de vie des fonctionnaires et des salariés du privé. Aujourd’hui, la France est le pays d’Europe, le pays de l’OCDE où on travaille le moins, où la quantité de travail dans les administrations publiques, où la quantité de travail dans les entreprises est parmi les plus faibles, ce qui pose au pays un lourd problème de compétitivité, sachant que cette diminution du temps de travail n’a absolument pas conduit à ce qu’on en attendait, à savoir la création d’emplois. Au contraire nous connaissons, nous continuons de connaître, un chômage de masse qui n’a fait que s’amplifier depuis les années 2000. Deux réformes simples : il faudra, dans la fonction publique, augmenter le temps de travail pour à la fois maintenir la qualité des services publics et faire en sorte que ces services publics soient soutenables, c’est-à-dire qu’on puisse les financer dans le temps. C’est la première des grandes réformes, c’est la première des grandes idées : avoir le courage de dire aux fonctionnaires qu’il va falloir travailler plus pour maintenir le niveau de service public que nous connaissons dans notre pays. Deuxième élément, faire descendre, au niveau de l’entreprise, la question du temps de travail, qui ne peut plus, comme par le passé, être traitée au niveau national, tout simplement parce que nos entreprises ont des problématiques, ont des tailles, ont des défis différents et qu’évidemment des accords nationaux, la loi, est le plus mauvais instrument pour décider de ce que doit être le temps de travail dans l’entreprise, qui doit reposer d’abord et avant tout sur une négociation, bien sûr avec les partenaires sociaux.Une plus grande quantité de travail, c’est plus de croissance. Plus de croissance, c’est plus d’emplois. Les bienfaits de la réforme du temps de travail, c’est à la fois au niveau des administrations publiques, dans l’hôpital, dans la fonction publique territoriale, dans la fonction publique d’Etat, mais c’est tout simplement un service public d’une plus grande qualité et sans doute mieux organisé. Au niveau du secteur privé, c’est une plus grande flexibilité employeurs et salariés, au service d’un même projet, qui est celui de la croissance des entreprises, bien évidemment en tenant compte des temps de formation, en tenant compte des temps de repos, en tenant compte des temps de vie, des contraintes des salariés. Mais il faut impérativement qu’une réflexion sur le temps de travail négocié au niveau de l’entreprise soit aussi un nouveau départ pour la vie sociale, pour le dialogue social dans notre pays qui trop souvent est pensé au niveau national, sans passer par la case, absolument nécessaire, de l’entreprise, que ce soit une TPE, ou même une entreprise de taille intermédiaire.Le prix à payer, c’est celui du courage politique, c’est celui de dire à la fois aux fonctionnaires que nous ne pouvons plus vivre avec les durées annuelles de travail les plus faibles que l’on peut constater en Europe et dans l’OCDE parce que trop d’absentéisme, parce que trop de jours de congés, parce que des durées hebdomadaires de travail trop faibles. Le prix à payer c’est aussi celui du courage politique vis-à-vis des organisations patronales et de salariés, des partenaires sociaux, pour que s’organise enfin, au niveau des entreprises plutôt qu’au niveau national, un dialogue social qui permette tout simplement à ceux qui partagent les défis, à ceux qui partagent les challenges économiques d’être acteurs de leur destin. On a vu partout en Europe remonter la durée de travail des fonctionnaires et puis on voit partout ailleurs en Europe des pays où on travaille plus qu’en France, où ces durées ont même pu remonter, bien sûr dans le cadre des conventions internationales. Ces pays aujourd’hui génèrent de la croissance et touchent au plein emploi. C’est nous qui avons aujourd’hui un problème avec le temps de travail et avec ce modèle économique qui fait que l’on ne travaille pas suffisamment à l’échelle individuelle et globale en France. Voir la vidéo de Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, invité dans l’émission "Ecorama" de BoursoramaPour aller plus loin :Temps de travail : mettre fin aux blocages, rapport publié en octobre 2014Les 35 heures, efficaces et peu coûteuses ? Quatre questions à Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, 17 décembre 2014A revoir :BFM Business, Good Morning Business, "Les salariés français à temps plein travaillent moins que tous leurs voisins européens" : Laurent Bigorgne, 25 novembre 2014A relire :Tribune d'Angèle Malâtre-Lansac, directrice des études de l'Institut Montaigne, 1 661 heures travaillées en 2013, Le Figaro Magazine, 17 octobre 2014ImprimerPARTAGER