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08/11/2016

Les peuples européens et l’UE : le cas du Danemark

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Les peuples européens et l’UE : le cas du Danemark
 Institut Montaigne
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Interrogé sur sa volonté de ne plus bénéficier d'un régime dérogatoire concernant l'espace européen de liberté, de sécurité et de justice (ELSJ), le peuple danois a répondu "non" à 53,1 % des suffrages lors du référendum organisé le 3 décembre 2015. Depuis le traité de Maastricht de 1992, le Danemark a en effet la possibilité de ne pas participer aux mesures législatives européennes prises dans le cadre de l'ELSJ.

Après la ratification du traité de Lisbonne de 2008, le Danemark est contraint de renoncer à cette dérogation afin de continuer à faire partie d’Europol, l’organisme européen en charge de l’échange de renseignements entre les polices européennes. Le refus du peuple danois oblige désormais le gouvernement à chercher un accord avec l’Union européenne (UE). Faute de quoi, le Danemark ne fera plus partie d’Europol au 1er mai 2017.

La montée de l’euroscepticisme
 
Le Premier ministre du Danemark, Løkke Rasmussen, lit dans ce refus la "peur de perdre le contrôle" de leur destinée. Depuis le début des années 2000, l’euroscepticisme gagne du terrain dans l’opinion publique danoise. Le Parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DF) a ainsi vu ses résultats aux élections parlementaires nationales passer de 7,4 % en 1998 à 21,1 % en 2015.
 
Malgré son résultat historique aux élections législatives de juin 2015, où il a remporté 21,1 % des suffrages, le DF n’a pas souhaité participer à la coalition gouvernementale. La fondatrice du parti, Pia Kjærsgaard, a néanmoins été désignée présidente du Parlement danois.
 
Ce parti, dont les principales positions politiques sont l’opposition à l’immigration et à la construction européenne, a ainsi pris une place de première importance dans le système politique du pays. Au Parlement, il joue le rôle de « parti de soutien » : bien que ne participant pas formellement à la coalition gouvernementale, il en soutient la politique en votant en faveur de ses projets. Sans ce soutien, le gouvernement pourrait se retrouver en minorité, situation qui entraînerait la dissolution du parlement et de nouvelles élections.

Une vision économique de l’Europe
 
Depuis l’intégration de leur pays à la Communauté économique européenne (CEE) en 1973, les Danois ont par trois fois voté "non" lors de six référendums relatifs aux questions européennes. Ils ont ainsi rejeté à 50,7 % le traité de Maastricht en 1992, puis à 53,2 % l’adoption de l’euro en 2000, et se sont opposés à 53,1 % à l’entrée de leur pays dans l’espace européen de sécurité, de justice et de liberté.
 
Après le référendum de 1992 pour la ratification du traité de Maastricht, le Danemark a négocié plusieurs "options de retrait" ou "opt-outs" concernant notamment la politique de défense, la coopération judiciaire et l’adoption de l’euro. Il ne participe ainsi pas à ces politiques européennes et conserve sur ces questions ses compétences nationales. De telles dérogations traduisent la stratégie européenne du Danemark, avant tout soucieux de bénéficier des avantages économiques de l’UE, tout en s’exonérant du projet d’intégration politique.
 
Près de quarante ans après l’adhésion du Danemark à la CEE, l’opinion publique danoise semble toujours partager cette stratégie. Ainsi, dans le dernier eurobaromètre publié par la Commission européenne en juillet 2016, 65 % des Danois sont opposés à l’idée d’une Union économique et monétaire et d’une monnaie unique, contre une moyenne de 38 % pour les vingt-huit États membres. De même, ils sont 46 % à être opposés à l’idée d’une politique étrangère commune, contre une moyenne européenne de 26 %.
 
En revanche, ils sont 67 % à être favorables à un accord de libre-échange entre l’UE et les États-Unis - contre une moyenne européenne de 51% -, et 58% à soutenir le projet de marché unique numérique, contre 56 % dans toute l’Europe.

Quel avenir dans l’UE ?
 
Afin d’éviter une sortie complète d’Europol, le gouvernement danois souhaite parvenir à un "accord parallèle" avec l’UE au sujet de la coopération policière. Mais dès l’annonce des résultats du référendum, en décembre 2015, le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker déclarait qu’il serait sans doute difficile de parvenir à un arrangement avec le Danemark. Le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, appuyait cette position le 18 septembre dernier en affirmant qu’il n’y avait pas de base légale possible pour un accord sur la participation du Danemark à Europol après le référendum de décembre 2015.
 
Le référendum britannique du 23 juin dernier semble avoir eu un impact paradoxal sur l’opinion publique danoise. Plutôt que de conforter la dynamique eurosceptique enregistrée lors des dernières élections législatives, l’annonce de la victoire du Brexit a au contraire eu un impact positif sur la part de la population qui soutient la participation de leur pays à l’UE, passant de 59 % à 69 %. De même, la part des Danois souhaitant l’organisation d’un référendum sur le maintien de leur pays dans l’UE s’est réduite de 41 % à 32 %.
 

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