Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
18/09/2012

Les Entretiens de la Cohésion sociale - "De l’entreprise engagée à l’entreprise-Providence"

Imprimer
PARTAGER
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne


August et Debouzy avocats, Entreprise&Personnel, et l’Institut Montaigne ont inauguré vendredi 7 septembre 2012 le premier rendez-vous des Entretiens de la Cohésion sociale à la Maison de la Chimie, sur le thème "Entreprises et pacte social : quelle nouvelle donne ?".
Après une introduction de Jean-Paul Bailly, Président-directeur général du groupe La Poste et Président d’Entreprise&Personnel, une première table ronde a réuni Gonzague de Blignières, Président du comité de surveillance et Senior Partner d'Equistone Partners Europe, Sandra Enlart, Directrice générale d’Entreprises&Personnel, et Bruno Mettling, Directeur des Ressources humaines du Groupe Orange.

Un constat largement partagé est à l’origine de cette table ronde : notre modèle social est à bout de souffle. Pensé après la Deuxième guerre mondiale, il n’a su se renouveler afin de s’adapter aux changements de la société. Le développement des nouvelles technologies, la concurrence internationale et la crise économique et financière actuelle ont accéléré ce phénomène : interpellant les modèles, ces évolutions ont aussi conduit les acteurs à se mettre en mouvement, nous dit Bruno Mettling.
Il est temps de définir le nouveau pacte social français, mobilisant les entreprises et les partenaires sociaux aux côtés de l’Etat.

L’entreprise et les partenaires sociaux au cœur de cette re-définition
Sandra Enlart rappelle que l’entreprise dispose d’un "levier extraordinaire" : l’emploi. Mais mieux vaut alors parler d’"entrepreneur-Providence", plutôt que d’"entreprise-Providence", nous dit Gonzague de Blignières, reprenant les propos d’André Mulliez, fondateur du réseau Entreprendre : "pour créer des emplois, le plus simple, c’est de créer des employeurs".
L’entreprise ne peut redéfinir seule le pacte social : l’engagement de tous les acteurs est nécessaire. En 2009-2010, alors que France Télécom-Orange traversait une crise sociale majeure, une représentante d’une organisation syndicale a rappelé que, dans ces moments difficiles, "les intérêts des salariés rejoignent ceux de l’entreprise dans l’absolue nécessité de reconstruire". La disponibilité des partenaires sociaux, et la qualité des échanges ont été essentielles au processus de rédéfinition du pacte social. Et les salariés en ont conscience : le syndicat le plus engagé dans ce dialogue a gagné six points lors des dernières élections au sein de l’entreprise.

Repenser la notion de performance dans une perspective de long-terme
Afin de repenser le pacte social, il faut réfléchir au sens du terme "performance". Les invités partagent un même constat : la performance économique ne peut être dissociée de la performance sociale. Il faut cesser d’opposer objectifs de profits et objectifs sociaux. Cependant, cette conciliation n’est possible que sur le long-terme. Ainsi Bruno Mettling nous rappelle que les arbitrages sociaux adoptés par France Télécom ne sont pas "en opposition avec la performance économique, sous réserve que l’on l’évalue dans la durée".

Ouvrir l’entreprise et ses collaborateurs sur leur environnement social
Redéfinir le pacte social, c’est aussi promouvoir des emplois de qualité. Sandra Enlart insiste sur le fait que l’emploi doit être un lieu d’apprentissage et de professionnalisation, et pas uniquement une "occupation".
"Décloisonner l’entreprise de la société, c’est redonner un sens à sa vie professionnelle" nous dit Gonzague de Blignières. Les entreprises ont besoin d’un environnement social aussi apaisé que possible, et doivent s’engager pour cela. Le premier levier dont elles disposent est évidemment l’emploi : les entreprises ne peuvent fermer les yeux sur le taux de chômage dans leur région. Elles ont aussi un rôle clé à jouer en matière d’orientation des jeunes, ainsi que d’insertion professionnelle, notamment des moins qualifiés.
L’engagement bénévole des salariés est aussi une condition essentielle de la performance économique de l’entreprise. Certaines entreprises le savent bien.
Le Réseau Entreprendre, présidé en Île-de-France par Gonzague de Blignières, a créé près de 80 000 emplois grâce à l’accompagnement offert bénévolement par des cadres et chefs d’entreprises, à des repreneurs ou créateurs d’entreprises pendant deux ans. Redynamisant l’emploi et donc l’activité économique au niveau régional, ces actions de mécénat de compétences sont également un véritable "outil de performance économique" pour l’entreprise, soutient la directrice du développement durable de HSBC France. Une enquête interne a démontré que les collaborateurs participant à une activité de bénévolat proposée par HSBC avaient un taux d’engagement envers l’entreprise supérieur de 7 à 10 % à la moyenne, directement corrélé à leur performance.

Aller plus loin :
- Voir les vidéos de Jean-Paul Bailly et de Michel Sapin
- Voir les photos
- Consulter le programme

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne