AccueilExpressions par MontaigneLe vote dans les quartiers sensibles : quels enjeux ?L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.26/05/2016Le vote dans les quartiers sensibles : quels enjeux ?ImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Alors que les primaires, dont la systématisation renforce le pouvoir des citoyens, sont au c'ur de l'actualité, qu'en est-il du principal outil d'expression démocratique : le vote ? Les quartiers sensibles, où l'abstention est historiquement élevée, sont un laboratoire à scruter de près.Des initiatives commencent à émerger pour favoriser l'inscription sur les listes électorales dans les zones sensibles. Antoine Jardin, chercheur au CNRS, co-auteur de Terreur dans l'Hexagone, analyse en exclusivité pour l'Institut Montaigne les causes et les conséquences de la participation électorale des habitants des quartiers populaires. Améliorer l'inscription électorale fait-il augmenter la participation aux élections ?Ce n'est pas toujours le cas, tout dépend de ce que l'on entend par "participation". Le taux de participation, que l'on commente chaque soir d'élection, rapporte le nombre de votants au nombre d'électeurs inscrits. Pour un même nombre de personnes allant aux urnes, le taux de participation baisse mécaniquement lorsque le nombre d'inscrits augmente ! On a pu noter, depuis l'année 2006, une hausse tendancielle de l'inscription sur les listes électorales dans les banlieues. Mais les habitants de ces quartiers vont voter de façon moins régulière que le reste des Français, ce qui explique que l'abstention semble augmenter au cours du temps pour les élections intermédiaires comme les européennes ou les cantonales. Améliorer la qualité de l'inscription est donc une étape essentielle de l'inclusion politique des Français en marge du corps électoral, mais cela ne suffira pas pour résorber les inégalités de participation.Pourquoi certaines personnes ne sont pas inscrites sur les listes électorales ?Certaines personnes ne sont pas inscrites par choix et par refus de participer aux élections. Toutefois ce profil reste minoritaire parmi les non inscrits. On y trouve beaucoup plus souvent des personnes qui ne sont pas inscrites car elles ne connaissent pas les procédures à accomplir pour figurer sur les listes électorales, ou pour se mettre à jour suite à un déménagement. Les nouveaux Français, naturalisés, sont plutôt moins inscrits que les autres citoyens. C'est particulièrement le cas pour les personnes d'origine turque ou portugaise pour lesquelles l'INSEE estime un taux d'inscription d'environ 60 %. Les Français d'origine maghrébine sont mieux inscrits, avec des taux qui dépassent les 85%. Cela reste malgré tout inférieur à la moyenne nationale qui dépasse les 90% de taux d'inscription.Quelles sont les conséquences de la faible inscription électorale dans les quartiers populaires ? La faible inscription a des causes principalement sociologiques, elle n'est pas provoquée par une défiance politique ou un manque de confiance en la démocratie parmi les habitants de ces quartiers. En conséquence, une part importante de la population dans les banlieues n'est de fait peu ou pas représentée politiquement et ne s'engage pas dans la procédure de décision collective qu'est le vote. Les personnes inscrites dans un autre quartier ou une autre commune que celui dans lequel ils résident ont une probabilité beaucoup plus importante de s'abstenir lors des élections intermédiaires, même s'ils se sont fortement mobilisés lors des deux dernières élections présidentielles. La taille de l'électorat des banlieues tend à grossir progressivement, donc son importance politique va s’accroître pour les scrutins futurs.Pour aller plus loinPassion française. Les voix des citésBanlieue de la RépubliqueImprimerPARTAGER