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08/07/2013

La recherche au service des politiques publiques : l’exemple de la "Mallette des parents" pour lutter contre le décrochage à l’école

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 Lucile Romanello
Auteur
Chargée d'études

Chaque année, ce sont 17% des élèves qui sortent du système scolaire sans aucune qualification. Ce chiffre est largement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE. Ils sont, chaque année, 120 000 à décrocher, ce qui représente autant de jeunes ayant une faible probabilité de trouver un emploi à l'avenir. Selon les résultats de l'enquête emploi de l'Insee (1), un jeune sorti de l'école sans aucun diplôme a presque une chance sur deux d'être sans emploi cinq ans après sa sortie du système scolaire.

Des remèdes simples

A ce problème des "décrocheurs", devenu priorité du Président Hollande - puisqu’il s’est engagé à diviser leur nombre par deux avant 2017, il existe des solutions simples et peu coûteuses ayant fait la preuve de leur efficacité. Une expérimentation aléatoire, financée par le Fond d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) et conduite par des chercheurs de l’Ecole d’Economie de Paris et du Centre de Recherche en Economie et Statistiques (Crest) a montré, à l’aide d’une méthodologie rigoureuse, que seulement deux entretiens avec les parents des élèves les plus fragiles en début de 3ème suffisaient pour réduire de plus d’un tiers les abandons scolaires et les redoublements. Les parents des potentiels "décrocheurs" des 97 classes traitées ont été invités par le principal de l’établissement à une réunion d’information sur l’avenir de leurs enfants. Ces rencontres conduisent à une plus forte implication des parents dans les choix d’orientation de leurs enfants qui formulent des vœux plus en adéquation avec leurs résultats scolaires.

Deux ans après la fin de l’expérimentation "La mallette des parents", les élèves ayant bénéficié du programme sont toujours plus nombreux à être en formation que les élèves du groupe témoin et les effets du programme sont plus forts sur les populations ayant au départ une forte probabilité de décrocher.

Utiliser les résultats de la recherche

Et pourtant, un mois après la publication des résultats de cette expérimentation dont la rigueur méthodologique ne fait aucun doute, personne ne s’en est saisi pour construire une politique publique efficace afin de réduire le nombre de "décrocheurs". L’objectif initial du FEJ, créé en 2008 et financé en partie sur des fonds publics, était de lancer des initiatives et de les évaluer pour éventuellement les généraliser si elles avaient fait la preuve de leur efficacité. Cette démarche proposait de faire de l’évaluation une étape essentielle de la construction des politiques publiques. Dans le cadre de ces projets, des chercheurs ont pu travailler en étroite collaboration avec des acteurs de terrain pour évaluer, de façon indépendante, leurs actions à destination de la jeunesse.

Si les chercheurs et les acteurs de terrain ont accepté la démarche de l’évaluation, ce n’est pas encore le cas des décideurs publics qui se saisissent trop rarement des résultats de la recherche pour construire les politiques publiques. L’expérimentation de "La mallette" montre qu’il existe parfois des solutions simples qui permettraient de prévenir les problèmes plutôt que de les guérir ensuite avec des dispositifs bien plus coûteux. Dans le contexte budgétaire contraint que nous connaissons, il serait temps de s’appuyer sur les travaux d’évaluation existants pour dépenser plus efficacement.

(1) http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/fporsoc11e_ve23educ.pdf

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