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12/02/2016

Grande conférence de la santé : quelles solutions pour revaloriser l’exercice médical ?

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Grande conférence de la santé : quelles solutions pour revaloriser l’exercice médical ?
 Elena Scappaticci
Auteur
Chargée de mission


Au c'ur des discussions de la Grande conférence de santé qui s'est tenue le 11 février, la crise de la médecine générale et la nécessité de contrer le mouvement de désertification médicale enclenché dans plusieurs régions. Plusieurs tables rondes se concentrent ainsi sur l'adaptation de la formation des professionnels de santé aux évolutions sanitaires actuelles (vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques), ainsi que sur l'évolution du pilotage de la politique de santé vers plus d'implication des acteurs locaux, de manière à répondre plus efficacement aux besoins spécifiques de chaque territoire. Retour sur les solutions que nous proposons pour faire face à ces deux enjeux :

Une approche régionalisée, et centrée sur les parcours de soins

Dès 2013, notre rapport Accès aux soins, en finir avec la fracture territoriale, rappelait la nécessité de renforcer les compétences des territoires dans le champ de la santé, de manière à répondre de façon adéquate à la demande de chacun d’entre eux. Les spécificités démographiques, sociologiques, d’infrastructures, impliquent en effet des besoins différenciés selon les régions.

Les  agences régionales de santé créées par la loi HPST dans le but affiché de régionaliser le pilotage du système de santé, faute de disposer d’enveloppes fongibles entre les budgets de la ville et de l’hôpital fonctionnent en silo et empêchent la mise en place de parcours de soins coordonnées.

La mise en place des nouvelles ARS dans les grandes régions pourrait être une opportunité pour sortir de la logique trop verticale qui existe aujourd’hui et entrer dans une vraie démarche territoriale.

Faire connaître l’exercice libéral aux étudiants en médecine et s’adapter aux exigences des nouvelles générations


La désaffection à l’égard de la médecine générale lors des épreuves classantes nationales peut s’expliquer par le peu d’importance qui leur est accordée au cours de la formation. Si le stage d’initiation à la médecine générale au cours du deuxième cycle est obligatoire depuis 1997, il reste  très peu appliqué dans les faits. C’est pourquoi le rapport Accès aux soins, en finir avec la fracture territoriale, propose de conditionner la validation du deuxième cycle des études médicales à la réalisation d’un stage en médecine générale, afin de sensibiliser tous les étudiants à l’exercice de la médecine libérale.

Le système de santé doit également s’adapter aux exigences des nouvelles générations de professionnels de santé et leur offrir les moyens d’exercer leur métier de façon regroupée, en bénéficiant de l’apport des nouvelles technologies.

Supprimer le numerus clausus dans les études de médecine

Le numerus clausus s’est révélé incapable de réguler efficacement le nombre de professionnels de santé sur le territoire et ne correspond plus aux besoins actuels. Le système est de plus contourné, avec 30 % des nouveaux inscrits à l'Ordre des médecins qui viennent de l'étranger, où l'obtention du diplôme est plus facile.

Seule une organisation régionalisée, souple et décloisonnée, permettant des passerelles entre spécialités, répondrait aux besoins. Sa suppression permettra de pallier ces carences et de faire face à l’augmentation de la demande en professionnels de santé dans les années à venir avec le vieillissement de la population et l’explosion du nombre de maladies chroniques.

Diversifier les profils des médecins

Diversifier le recrutement des jeunes médecins en permettant aux jeunes issus des classes populaires des zones rurales ou des zones urbaines sensibles est un enjeu important, alors même que 45 % des médecins en activité sont issus de classes socioprofessionnelles supérieures, et seulement 8 % d’une famille d’ouvriers.

La mise au point des procédés de recrutement ciblés pour les études médicales par le biais de conventions avec des lycées en zone rurale ou en zone urbaine sensible, permettrait de diversifier l’origine sociale et géographique des médecins. Ce processus s’accompagnerait d’une majoration des bourses pour les élèves afin de leur permettre d’envisager sereinement des études longues. 

Pour aller plus loin :
Accès aux soins, en finir avec la fracture territoriale
, juin 2013.





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