Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
30/09/2008

Golden parachutes : une idée en or pour en finir

Imprimer
PARTAGER
 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Nicolas Sarkozy a évoqué vendredi dernier à Toulon le délicat sujet de la rémunération des chefs d’entreprise. Les milieux patronaux méditent sur ce sujet, même s’il est passé au second plan à cause de la crise financière…

Garantie des dépôts et salaires des patrons
Il faut souligner que la question de la rémunération des patrons n’a aucun rapport avec la crise financière, et que même sans cette conjoncture particulière elle aurait eu de bonnes raisons d’attirer l’attention. Cependant, à Toulon, Nicolas Sarkozy a traité presque dans un même souffle la garantie des dépôts bancaires pour les petits épargnants et les parachutes dorés des PDG…

Une rémunération amorale
Si ces deux sujets n’ont aucun rapport apparent, ils sont tout de même liés par une sorte de fil rouge : la question morale. En effet, la question « qu’est-ce qui justifie un gros salaire ? » peut aussi être formulée en changeant de point de vue, de la façon suivante : « quel type de gros salaire est immoral, car coûteux pour la collectivité à cause de l’absence de contrepartie ? » Dès lors, on comprend mieux l’urgence de remettre à plat le calcul des rémunérations des PDG.

Etat des lieux des paies patronales
Voici, en quelques mots, la situation actuelle de ce que perçoivent nos dirigeants d’entreprise (pour plus d’informations, je vous renvoie à notre publication « Comment « bien » payer les dirigeants d’entreprise ? »).

  • Rappelons d’abord que la majorité des patrons français gagnent quelques dizaines de milliers d’euros par an, ce qui est un salaire tout à fait honnête. Les rémunérations qui se chiffrent en millions d’euros ne concernent que les PDG des grandes entreprises (type CAC-40). Ce sont elles dont il faut s’occuper.
  • Même si le niveau de rémunération des PDG en période de croisière représente dans l’absolu de grosses sommes d’argent, sachez qu’elle est dans la norme internationale. Par ailleurs, cette paie rétribue de longues heures de travail et de lourdes responsabilités.
  • En revanche, le principal dysfonctionnement concerne les parachutes dorés. Ce qui est choquant c’est qu’un patron peut partir avec un énorme chèque quand il quitte l’entreprise, même s’il n’a pas obtenu de bons résultats et même s’il a mis son entreprise dans une situation délicate.

Mandataire ou salarié : il faut choisir
Nicolas Sarkozy croyait avoir réglé ce problème dans sa loi TEPA l’an dernier, mais il s’est aperçu qu’il fallait aller plus loin en empêchant les patrons d’être à la fois mandataires sociaux et salariés. Aujourd’hui, la plupart des PDG ont de beaux émoluments en tant que mandataires, conjugués à une belle protection en tant que salariés car ils ont aussi un contrat de travail. Par conséquent, quand ils sont virés, ils bénéficient à la fois de la belle rémunération et de la belle protection… ce qui aboutit à des sommes obscènes. C’est à ce point précis que nous revenons à la question morale : soit vous êtes le patron, vous gagnez bien votre vie, mais l’on peut vous virer n’importe quand et sans indemnité, soit vous êtes salarié, vous avez une bonne protection, peu de risques, mais vous n’avez pas la rémunération très élevée d’un mandataire.

Cette interdiction du cumul du mandat social et du contrat de travail paraît désormais possible et nous pensons, à l’Institut Montaigne, qu’elle permettrait enfin de faire disparaître les scandales sur le salaire des PDG…

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne