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30/01/2015

Favoriser l’apprentissage pour lutter contre le chômage des jeunes

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Favoriser l’apprentissage pour lutter contre le chômage des jeunes
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Alors que l'apprentissage fait actuellement l'objet de nombreux débats, la question de sa place au sein des lycées professionnels se pose avec acuité. À l'issue des Assises de l'apprentissage, le 19 septembre dernier, Najat Vallaud-Belkacem a confié aux académies la charge d'élaborer un "plan de développement de l'apprentissage" dans les établissements publics, qui doit "fixer l'augmentation quantitative et qualitative (spécialités et niveaux de formation concernés) attendue dans les trois années à venir". Cette volonté de développer l'apprentissage dans les lycées professionnels a été réaffirmée par la Ministre et la Dgesco, Florence Robine, lors du séminaire national de l'encadrement sur le développement de l'apprentissage dans les EPLE, qui s'est tenu le 18 novembre 2014.

Pourquoi l’introduction de contrats d’apprentissage en lycées professionnels fait-elle débat ?

Alors que les récentes attaques terroristes qui ont secoué Paris font plus que jamais de l’éducation la mère de toutes les batailles, l’enseignement professionnel – où les élèves issus de milieux défavorisés sont encore aujourd’hui largement majoritaires (voir annexe) – doit offrir des perspectives d’avenir à ses élèves. Tous les leviers qui peuvent favoriser l’insertion professionnelle des jeunes doivent être actionnés ; l’apprentissage en fait pleinement partie.

Une seule interrogation devrait prévaloir : ce projet correspond-t-il à l’intérêt général et à l’intérêt des élèves ?

Une intersyndicale, regroupant le SNETAA-FO, CGT, SNUEP-FSU, SNCL-FAEN, SPEIN, SIES, avance de façon péremptoire que "l’apprentissage (…) n’est ni la solution au chômage des jeunes, ni une voie de formation dispensant une formation permettant des poursuites d’étude et une insertion durable dans l’emploi." Mais, à quelles études ou travaux de recherche se réfère cette intersyndicale pour affirmer cela ?

Une étude, parue en mars de 2013 dans la revue Économie et Statistique, avance ainsi que "si les lycéens professionnels avaient suivi leur formation par apprentissage, leur taux de réussite à l’examen auraient été supérieur de 16 points de pourcentage. Il semblerait donc que, dans tous les cas de figure, le passage par l’apprentissage favorise l’obtention du diplôme".

Plus encore, si l’on se réfère aux notes d’information publiées par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) en mars et avril dernier, le taux de chômage varie du simple au double selon que le bac professionnel ait été obtenu en apprentissage (22,9 %) ou par voie scolaire (44,4 %) ; le taux de chômage est également inférieur de 25 % lorsque le CAP ou le BEP est obtenu en apprentissage.

Enfin, une note récente du Conseil d’analyse économique rappelle que : "pour un même niveau de diplôme, l’apprentissage procure un salaire plus élevé et une meilleure insertion dans l’emploi que l’enseignement sans apprentissage." Alors que les travaux de recherche, qui évaluent l’efficience de l’apprentissage sur l’insertion professionnelle, attestent de sa plus-value, pourquoi les bacheliers de l’enseignement professionnel ne sont-ils encore que 16,1 % à obtenir leur diplôme par la voie de l’apprentissage ?

Annexe
TABLEAU 4 - Souhait, décision finale d'orientation et taux de satisfaction des demandes en seconde GT selon la profession de la personne de référence de la famille (%)

tableau_famille.jpg

Champ : élèves parvenus en troisième dans un collège public ou privé de France métropolitaine. 

* La part de décisions finales prises par le conseil de classe est calculée sur l'ensemble des élèves qui ont émis un vœu quel qu'il soit (par exemple, pour certains élèves ayant demandé une seconde professionnelle, le conseil de classe décide de l'orienter en seconde GT), alors que le taux de satisfaction est calculé sur ceux qui ont uniquement fait une demande en seconde GT
Lecture : 69,5 % des enfants d'agriculteurs entrés en sixième en 2007 demandent en fin de troisème une orientation en seconde GT.
Source : panels d'élèves du second degré recrutés en 1995 et 2007, enquêtes "Orientation" en fin de troisième (MEN-MESR DEPP)

Voir nos propositions pour relancer l'apprentissage

Institut Montaigne, Une nouvelle ambition pour l’apprentissage : dix propositions concrètes, note, janvier 2014.

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