Erasmus, FreeInterRail, service civique : les voyages forment la jeunesse (européenne)

La Commission européenne prévoit de lancer dès 2017 un projet pilote à destination des jeunes. L'objectif : renforcer leur identité européenne par le voyage. Décryptage de cette initiative.

Une initiative citoyenne

L’idée originale du projet "FreeInterrail" est née chez deux jeunes pro-européens berlinois, Vincent Herr et Martin Speer. Leur constat : dans un contexte européen marqué par de multiples crises (crise économique, crise des réfugiés, montée des populismes, etc.), le voyage constitue le meilleur moyen de combattre les peurs et les préjugés. En effet, leur expérience personnelle de voyages à travers l’Europe, grâce au système de l’Interrail, leur a permis de réaliser qu’avant d’être une institution politique avec ses administrations et ses normes, l’Union Européenne (UE) repose avant tout sur des citoyens "unis dans la diversité" – devise de l’union – par les mêmes aspirations.

C’est pourquoi ils souhaitent que chaque citoyen européen se voie offrir pour ses 18 ans un ticket Interrail. Ainsi, les cinq millions de jeunes européens concernés pourraient voyager au sein de l’union afin de découvrir de nouvelles cultures et de dépasser leurs préjugés. Ce voyage favoriserait également la construction d’une identité européenne.

L’Interrail pour tous ?

Après avoir été relayé en ligne via des pétitions, le projet a aussi retenu l’attention des députés européens, puis de la commission européenne. En effet, il permet une déclinaison concrète de deux priorités essentielles promues par la commission Juncker : la jeunesse et la mobilité verte. Le projet fait ainsi consensus au sein des institutions européennes, si bien que le parlement européen et le conseil de l’union se sont mis d’accord pour accorder 50 millions d’euros supplémentaires à l’agence Erasmus +, dont une partie servira à financer ce projet pilote.

Dans un premier temps, seuls 10 000 jeunes, principalement issus de milieux défavorisés en bénéficieraient. Ce bon Interrail leur serait remis par leur établissement scolaire. Toutefois, deux questions restent en suspens : tout d’abord, en vertu du respect du droit de la concurrence, le train ne devrait pas être le seul moyen de transport couvert par le dispositif ; par ailleurs, la condition d’accès à ce ticket offert serait pour l’instant la participation des établissements scolaires au programme eTwinning (plateforme en ligne permettant à des établissements scolaires européens de dialoguer et développer des projets communs), ce qui irait contre le caractère universel d’un tel projet.

Quelle ambition pour relancer l’idée européenne ?

Dès 2007, dans son rapport "Après Erasmus, Amicus – Pour un service civique universel européen", l’Institut Montaigne a proposé de contribuer au renforcement de l’identité européenne des jeunes générations en instaurant un service civique européen permettant à chaque jeune de découvrir au moins un autre pays de l’Union dans le cadre d’un engagement de quelques mois au service de la solidarité.
Afin de rendre possible la réalisation de ce projet ambitieux, l’Institut Montaigne a formulé deux propositions concrètes :

1.    engager au niveau européen une réflexion sur le principe et la définition d’un cadre de référence pour le dispositif AMICUS. Celui-ci devrait s’appuyer sur les dispositifs nationaux en place – ou en projet – et permettre que s’instaurent de véritables passerelles.

2.    intégrer la dimension européenne dans les réflexions françaises autour du service civique : tout jeune Français devrait pouvoir effectuer dans un autre pays européen sa période de service civique, dans les mêmes conditions de reconnaissance que dans un cadre national.

Pour aller plus loin
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