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07/02/2013

"Entreprise et protection sociale" : extraits d'entretiens

 Institut Montaigne
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Retrouvez cette semaine des citations des entretiens retranscrits dans Intérêt général : que peut l’entreprise ?. Découvrez aujourd’hui le chapitre "Entreprise et protection sociale", réalisé avec avec Thierry Martel, directeur général de Groupama et Dominique Libault, directeur général de l’Ecole nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S).

  • THIERRY MARTEL : "Sur le long terme, il ne saurait exister une quelconque divergence entre entreprise et intérêt général. En revanche, à court terme, il peut exister des décalages. Si, dans le court terme, ce sont les discordances qui sont privilégiées (profitabilité immédiate au détriment de l’investissement), à long terme l’entreprise s’en trouve toujours pénalisée."(p41)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Du point de vue de la protection sociale, le grand reproche que l’on peut faire aux entreprises, et du reste, pas uniquement à elles, sur les 30 dernières années, est d’avoir contribué à mettre les seniors assez vite hors du marché du travail. Ce choix français, choix partagé en grande partie par les entreprises, les pouvoirs publics, et les partenaires sociaux, n’est pas le bon pour réussir dans la durée à faire face au vieillissement de la population active de la France." (p42)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "La conciliation entre intérêt général et entreprise n’est pas nécessairement spontanée. Un effort est généralement nécessaire. Au sujet des travailleurs handicapés, il n’est pas évident, car ce n’est pas immédiatement rentable de prendre en emploi des personnes supposées à plus faible productivité (…). L’intérêt collectif est de trouver les voies et moyens pour insérer un maximum de gens dans le monde du travail plutôt que de payer des revenus de substitution et des services de prise en charge." (p43)
  • THIERRY MARTEL : "Une entreprise n’est pas mue par la contrainte réglementaire ou la menace d’une sanction financière, elle assume sa responsabilité sociale parce qu’elle juge qu’elle le doit tant moralement que dans ses relations avec sa clientèle ou avec ses salariés." (p44).
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Sur la générosité de la protection sociale, il est bon de rappeler qu’elle provient de l’addition des régimes de base auxquels s’ajoutent toutes les complémentaires. En base, pour la retraite et la maladie, le système n’est pas si généreux." (p46)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "On peut se demander s’il ne faudrait pas mieux investir davantage sur des arrêts (maladie) longs ou sur des populations précaires qui ne peuvent bénéficier de ces couvertures amples, car elles n’ont pas assez d’ancienneté dans l’entreprise. C’est au premier chef aux partenaires sociaux de se saisir de ce sujet." (p47)
  • THIERRY MARTEL : "Les règles qui déterminent le niveau de dépendance ne sont pas assez robustes et la façon de les appliquer n’est pas harmonisée. En découlent logiquement de fortes inégalités entre les citoyens." (p46)
  • THIERRY MARTEL : "Nous sommes collectivement irresponsables par rapport à ce problème du vieillissement en n’acceptant pas l’idée simple que l’âge de la retraite n’est pas une donnée absolue mais relative, par rapport à l’état de santé des populations." (p46)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Certes l’Etat, en tant que pouvoir politique, n’entretient pas une relation simple avec le corps médical. (…) En revanche, l’assurance maladie, parce qu’elle a un poids considérable vis-à-vis des professionnels de santé, permet un certain nombre de choses, ne serait-ce que signer des conventions médicales avec des tarifs qu’une grande partie d’entre eux respecte." (p48)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Il ne faut pas oublier, dans le rapport protection sociale et entreprise, que la protection sociale représente une part considérable dans le PIB (environ 30 %). En conséquence, de très nombreuses entreprises en vivent directement." (p48)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Ce n’est pas seulement un sujet entreprises versus puissance publique, mais aussi entreprises versus entreprises. Les lobbies de l’industrie s’expriment et peuvent convaincre les parlementaires de ne pas agir dans une direction souhaitable, comme permettre à la Mutualité d’avoir ses réseaux et de sélectionner ses prestataires." (p49)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Si le traitement du chômage est un problème capital, celui du maintien dans l’activité l’est tout autant. Il y a ici un gigantesque sujet de prévention, tout au long de la vie des gens, pour investir dans la santé au travail." (p49)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Contrairement à ce que beaucoup croient, plus on a un système de protection sociale collectif, mutualisé à l’échelle de la nation, plus on a des facilités pour faire évoluer le financement." (p51)
  • THIERRY MARTEL : "Je trouvais l’idée de TVA sociale, sous ses différents noms, était une bonne idée. On mettait sur un pied d’égalité la production intérieure et les importations. (…) Or, plus l’assiette est large et plus les taux sont faibles, plus les marges de manœuvre sont élevées." (p52)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Globalement, on tend à la généralisation et à la déconnexion entre contribution et prestation. Tout cela mène, très logiquement, à un financement plus large qu’assis sur le seul travail." (p52)
  • DOMINIQUE LIBAULT : "Je crois plus au tripartisme – avec une place pivot pour l’Etat – qu’au paritarisme." (p53)
  • THIERRY MARTEL : "Les partenaires sociaux doivent être consultés, mais ils ne peuvent arbitrer seuls des choix qui concernent l’ensemble de la collectivité nationale." (p53)

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