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02/12/2011

Echec scolaire : la double peine... 

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Echec scolaire : la double peine... 
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur

Une note récente de l'INSEE vient confirmer que les redoublements à l'école primaire sont "un facteur particulièrement déterminant de la sortie sans diplôme du système scolaire" ("Etre sans diplôme aujourd'hui en France : quelles caractéristiques, quel parcours et quel destin ?", Economie et statistique, 1er décembre 2011). 

Cette réalité est confirmée par de nombreuses autres études françaises et internationales. Elle explique pourquoi l'Institut Montaigne a proposé de renoncer au redoublement à l'école primaire dans son rapport Vaincre l'échec à l'école primaire (avril 2010). Dit-on assez que celui-ci est théoriquement impossible à l'intérieur de chacun des trois cycles de l'école primaire ? C'est un des aspects de la loi de 1989 sur l'organisation de l'école primaire qui n'a jamais été mis vraiment en oeuvre... 

Les enfants issus de milieux sociaux défavorisés sont évidemment les plus exposés aux redoublements à l'école primaire, puisque notre système fait partie de ceux où l'origine sociale tient la plus grande place dans l'explication des résultats obtenus par les élèves. Notre pays accepte ainsi la fatalité d'un système qui opère très précocement un tri parmi les élèves, cantonnant une grande partie des plus fragiles vers des trajectoires scolaires en forme d'impasse. Ce sont 15 à 20% d'élèves qui sont en grande difficulté à l'entrée au collège et qui bien souvent quitteront le système éducatif sans aucun diplôme. Première peine. 

Ceux qui parmi eux parviendront malgré tout à rejoindre le marché du travail devront ultérieurement se frotter à une deuxième difficulté : le mauvais fonctionnement de notre système de formation professionnnelle. C'est le constat formulé par l'Institut Montaigne dans une étude récente intitulée Formation professionnelle : pour en finir avec les réformes inabouties (octobre 2011). En 2008, les entreprises ont dépensé 12,6 milliards d’euros pour la formation de leurs salariés. Or, les résultats sont décevants. Dotée d’une offre pléthorique et non contrôlée, la formation professionnelle bénéficie en priorité à un public déjà formé et ne touche pas les plus fragiles. Double pleine. 

Combien de temps un pays comme la France peut-il encore s'offrir le luxe de condamner dès le plus jeune âge les populations fragiles à cette double peine ?

  • Lire la note de l'Insee :

- Etre sans diplôme aujourd'hui en France : quelles caractéristiques, quel parcours et quel destin ?

  • Aller plus loin :

- Ecole primaire et enseignement secondaire : nos dernières propositions
- Diversité et égalité des chances : nos dernières propositions
- Formation professionnelle : nos dernières propositions

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