AccueilExpressions par MontaigneDe la COP21 à la COP22 : bouclons la boucle !L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.17/11/2016De la COP21 à la COP22 : bouclons la boucle !ImprimerPARTAGERAuteur Marc-Antoine Authier Chargé d'études - Energie, Développement durable Que peut-on encore attendre des négociations sur le climat ? Les ambitions en matière de lutte contre le changement climatique affichées lors de la COP21 pourront-elles être effectivement réalisées ? L'élection de Donald Trump aux États-Unis a rappelé que le processus de concertation en faveur du climat demeure fragile : le futur 45e Président américain, qui a plusieurs fois affirmé son climato-scepticisme lors de sa campagne, pourrait bien infléchir la dynamique collective qui a mené à l'Accord de Paris en décembre dernier. Or, l'engagement du premier émetteur mondial de gaz à effet de serre est crucial pour la lutte contre le changement climatique.Mais Trump n’est pas encore président, et la communauté internationale a jusqu’à la fin de la COP22 pour préciser l’agenda qu’elle retient pour agir en faveur du climat. Après avoir partagé le constat et établi l’objectif à Paris, les États doivent convenir à Marrakech des moyens qui permettront de l’atteindre.Changer de paradigmeCependant, les négociations ne pourront plus se restreindre aux seuls débats sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou sur le financement de l’action en faveur du climat - questions qui n’ont, du reste, pas encore été clairement tranchées. Face à l’urgence de la situation, l’atténuation du réchauffement climatique ne suffit plus : nos modèles économiques doivent s’adapter. Sans remettre en cause le développement économique, facteur de progrès social, il apparaît aujourd’hui nécessaire de proposer un modèle qui réconcilie la croissance économique avec la préservation de l’environnement. Dans cette optique, l’économie circulaire offre des solutions.La transition vers l’économie circulaire constitue en effet l’ensemble des transformations qui permettent de poursuivre la création de valeur pour les différents acteurs économiques (dont les consommateurs finaux), en préservant le capital naturel et en utilisant de moins en moins des ressources existant en quantité limitée. Par essence, elle intègre donc les externalités négatives dans les modèles économiques : dans des systèmes conçus “en boucle”, les dommages que les activités économiques causent à la collectivité deviennent des coûts. Aussi l’économie circulaire ne se limite-t-elle pas à la seule gestion des déchets, mais recouvre également les autres types de pollution qui induisent de véritables coûts environnementaux pour la société.Accélérer le mouvementLe défi auquel fait face la communauté internationale suppose d’agir rapidement, en fixant d’abord un cap et en engageant une dynamique, puis en œuvrant à l’échelle locale, en concertation avec les acteurs de terrain. Dans le rapport Économie circulaire, réconcilier croissance et environnement, que l’Institut Montaigne a rendu public lors de la Conférence de Marrakech, nous recommandons de promouvoir l’économie circulaire au niveau international comme levier permettant de répondre aux enjeux environnementaux mondiaux. La COP22 constitue à cette fin une opportunité de premier plan : la constitution d’un groupe international d’experts sur l’économie circulaire pourrait être actée à cette occasion. À l’instar du GIEC, il publierait des travaux scientifiques dans le but d’identifier les pistes d’actions prioritaires, en articulant mesures d’impacts économiques et environnementaux.En complément de ce travail d’approfondissement scientifique, il est nécessaire d’inciter les agents économiques à adapter leur comportement pour prendre part à la mobilisation. Pour ce faire, il est aujourd’hui nécessaire de donner un prix aux externalités. En effet, l’intégration des externalités négatives aux modèles d’affaires doit permettre de déployer l’innovation et la collaboration entre les acteurs économiques au profit de l’environnement. Concrètement, une visibilité à moyen terme sur le prix du carbone - a minima au niveau européen, idéalement au niveau mondial - constituerait déjà une réussite incontestée pour la Conférence de Marrakech.ImprimerPARTAGER