Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
24/09/2008

Consommation des ménages et moral en berne

Imprimer
PARTAGER
 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Nous l’avons appris hier, les dépenses de consommation des ménages sont reparties à la baisse en août. La tendance se confirme donc…

Pouvoir d’achat en baisse durable
Grâce aux bons chiffres publiés pour le mois de juillet, l’espoir d’un rétablissement existait. Mais avec la rechute du mois d’août, le cumul des chiffres de la consommation atteint, sur un an glissant, la valeur de -0,3%. Cette chute, quoique faible, est incontestable et traduit l’épuisement de la capacité des ménages à contribuer à la consommation. Plus inquiétant, cette situation ne devrait pas s’arranger à court terme. Entre les retombées de la crise financière (qui rend l’obtention d’un crédit plus difficile et renforce la crainte collective par rapport à l’avenir) et l’impression générale d’un appauvrissement (avec la crise immobilière), le moral des ménages ne risque pas de s’améliorer dans un avenir proche.

Une réaction politique
Dans ce contexte, nous attendons deux actes politiques importants dans les prochains jours : - Vendredi, le budget pour 2009 sera présenté. Or un tel projet implique nécessairement des choix politiques... - Dès demain soir, Nicolas Sarkozy prononcera un grand discours à Toulon. Il recadrera a priori à cette occasion la politique économique du Gouvernement.

Résister à l’interventionnisme
La situation semble mal enclenchée et le Président va faire ce qu’il aime faire dans ces cas-là, à savoir, reprendre la main. Pour le Président, la tentation de l’interventionnisme va être grande, avec les vieilles recettes que lui souffle volontiers Henri Guaino, son conseiller : soutenir la demande et la consommation des ménages… Pourtant, le Président devrait résister à cette tentation, et ce, pour plusieurs raisons :

- D’abord, parce que la France n’a pas les moyens d’exercer un soutien public à la demande. Nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour dire qu’à force de créer du déficit quand il y a de la croissance (ce qui n’a aucune justification), tout ralentissement aura des conséquences inévitables. Si les autres grands pays européens, qui ont empilé des excédents, peuvent se permettre de laisser filer (la dette ??), nous n’avons malheureusement aucune marge de manœuvre.

- Ensuite, parce que nous ne sommes plus dans les années 70 où une hausse du pouvoir d’achat se traduisait par un accroissement des commandes à notre industrie. Nous sommes désormais dans un monde ouvert et si l’Etat injecte de l’argent, ces fonds peuvent aisément se retrouver en Roumanie ou en Chine transformés en Logan ou en écrans plats…

- Mais surtout, parce que la meilleure manière de relancer la machine, consiste à refabriquer du "vrai argent" avec des "vraies entreprises" qui ont de "vraies commande ».

Cette reconquête nécessite plus de compétitivité. Le principal problème de la France réside en ce que ses parts de marché mondial s’effondrent, qu’elle a du mal à exporter et qu’elle importe plus qu’avant. Les raisons de ces dysfonctionnements sont à rechercher dans un manque d’innovation et d’investissement et un excès de charges.

Cette politique de l’offre est exactement celle menée par les fourmis allemandes depuis 15 ans pendant que nous, les cigales françaises, nous nous faisions plaisir…

Doper la demande serait aujourd’hui une grave erreur de politique économique, une sorte de remake de 1981…

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne