AccueilExpressions par MontaigneBien jouer l'avenir des retraitesL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.28/04/2008Bien jouer l'avenir des retraites Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur Philippe Manière Président-fondateur de Footprint > consultants Conformément à ce qui avait été prévu en 2003, nous vivons aujourd'hui le coup d'envoi officiel du rendez-vous sur l'avenir des retraites. Au menu des discussions entre Xavier Bertrand et les partenaires sociaux, l'emploi des seniors figure en bonne position.L’emploi des seniors en panne Si la proportion de nos 25-50 ans dans l’emploi se situe à peu près dans la moyenne internationale, il n’en est rien pour les jeunes et les seniors. En effet, en 2005, le taux de chômage des moins de 25 ans était de plus de 22% en France, contre 18,5% pour la moyenne de l’UE ! Pire encore, l’embauche des seniors (55-64 ans) : 37% d’entre eux seulement ont un emploi ici contre 44,1 % en moyenne pour l’UE – des chiffres qui atteignent 62 % au Japon et 67% en Suède.Pour un cumul emploi retraite Le Gouvernement vient tout juste de préciser son dispositif pour favoriser l'emploi des seniors. Il a tout d’abord écarté l’idée des quotas de seniors dans les entreprises, heureuse annonce, car cette piste comprenait beaucoup trop d’inconvénients. Apparemment, les efforts vont donc se concentrer sur la levée des obstacles au cumul emploi-retraite, avec un assouplissement de la réglementation. Reste à savoir dans quelle mesure ! Car pour que cela fonctionne vraiment, il faudrait donner aux seniors la possibilité de cumuler sans limite, sans aucun plafonnement, leur pension et des revenus du travail, ce qui est loin d’être le cas.L’aberration en pratique Prenons juste un exemple : si vous avez 60 ans, admettons que votre dernier salaire était de 3000 euros, vous avez droit à une pension de retraite de 2000 euros par mois. Si vous décidez alors de reprendre une activité rémunérée à 1 500 euros, vous ne toucherez à la fin du mois non pas 3500 euros (c'est-à-dire 2000 de pension plus 1500 de salaire, ce qui paraît logique), mais seulement … 1500 ! En cas de reprise d’une activité, dans bien des cas, les droits à la retraite sont tout simplement suspendus. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas très incitatif...Une réforme, tout de suite La France a besoin d’une réforme d'ensemble, rapidement. Ce dossier des retraites n’a que trop traîné depuis le Libre blanc de Rocard en 1991. Ailleurs dans le monde – je pense au Chili ou à la Suède, on n’a pas attendu pour mettre en œuvre des réformes radicales. L'Allemagne vient même de décider de porter l’âge légal de la retraite à 67 ans. De notre côté, le Gouvernement a annoncé qu’il allait relever la durée de cotisation de 40 à 41 ans. Cela ne changera malheureusement pas grand-chose. Car même après cette mesure, le Conseil d'orientation des retraites estime qu'il manquera 25 milliards d'euros dans les caisses à l'horizon de 2020, soit 1 point de PIB !Cotisations définies Parce qu’il s’agit là d’une urgence brûlante pour la France, l’Institut Montaigne a beaucoup réfléchi à la question des retraites. Aujourd’hui, les pensions sont fixées et payées sans souci de ce qui rentre dans les caisses, c’est ce qu’on appelle un système à prestations définies. Concrètement, aujourd’hui, nous proposons d’inscrire noir sur blanc dans le Code de la Sécurité Sociale que les retraites par répartition fonctionnent « à cotisations définies », c’est-à-dire en répartissant le montant des cotisations versées par les actifs entre les retraités, sans accroître le déficit. Avec ce système, les cotisations ne serviraient plus de variable d’ajustement, car seules seront versées les pensions qu’il est possible de verser compte tenu des recettes et des réserves.Cette proposition peut paraître un peu radicale. Pourtant nombreux sont nos voisins à avoir adopté ce mode de gestion, logiquement. En effet, distribuer davantage que ce que l’on possède n’a aucun sens. Enfin, même d’un point de vue politique, je ne suis pas sûr que ce soit aussi suicidaire qu’on le dit de bouger sérieusement les lignes sur ce sujet et de le traiter vraiment. Quant à faire des vagues, autant que ce soit pour purger le problème plutôt que de faire des réformettes qui le repoussent de quelques mois...ImprimerPARTAGER