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18/01/2016

Apprentissage : les annonces sont-elles à la hauteur des défis ?

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Apprentissage : les annonces sont-elles à la hauteur des défis ?
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500 000 apprentis : c'est l'objectif fixé par François Hollande en début de quinquennat. Son horizon ? 2017. À un an de la date butoir, avec 400 000 apprentis (contre 438 000 en 2012), l'ambition présidentielle semble difficile à atteindre. Baisse de 8 % en 2013, puis de 3,2 % en 2014 : les effectifs de l'apprentissage peinent à rebondir, malgré les plans de relance et les réformes à répétition. Le 18 janvier, le Président de la République a présenté son « plan d'urgence pour l'emploi », dont une part importante est consacrée à l'apprentissage. Quelles en sont les principales mesures ? Sont-elles à la hauteur de l'ambition présidentielle ? Décryptage.

L’apprentissage, « filière de réussite et d’excellence »

« Filière de réussite et d’excellence » : c’est en ces termes que le Président de la République a évoqué l’apprentissage, affiché comme la priorité du plan d’urgence pour l’emploi dévoilé lundi 18 janvier. Trois volets ont été présentés par le chef de l’État  pour sa mise en œuvre : l’élargissement de l’offre et des périodes de formation en apprentissage ; la création de nouvelles formations en alternance, avec 1 000 postes administratifs spécialement affectés à cette tâche dès 2017 ; et l’extension du pouvoir des régions en matière d’apprentissage. Pour cette dernière mesure, François Hollande s’est dit « prêt à modifier la loi si nécessaire. » Il a rappelé l’importance de l’échelon régional dans les politiques de formation professionnelle et d’apprentissage. Dans le détail, ces mesures engendreront la généralisation de formations reconnues par un titre professionnel délivré par l’État, le renforcement de l’alternance au sein de l’Éducation nationale et la possibilité offerte aux entreprises d’ouvrir des CFA. 


Un essoufflement des dispositifs : panorama de l’apprentissage en France

Les mesures dévoilées ce matin interviennent dans un contexte marqué par l’essoufflement de l’apprentissage en France. Après une forte baisse au mois d’octobre  ; le mois de novembre enregistre une très légère amélioration (40 000 nouveaux contrats enregistrés, contre 37 000 en novembre 2014). Cette hausse du flux, sur une période de l’année peu représentative, ne doit cependant pas masquer la stagnation du stock d’apprentis (381 000 en novembre 2015, contre 381 400 en novembre 2014). La baisse est, par ailleurs, très marquée dans le secteur privé, pourtant principal pourvoyeur de contrats d’apprentissage (97 %). Si le secteur public permet de rehausser la moyenne, il ne suffit pas à contrer la tendance baissière qui s’est installée depuis deux ans. Enfin, depuis 2005, la progression des effectifs de l’apprentissage n’est due qu’à son essor dans l’enseignement supérieur, tandis que le nombre d’entrées en apprentissage pour les niveaux inférieurs ou égal au CAP diminue… Alors même que ce sont les niveaux d’enseignement les plus touchés par le chômage. Afin d’endiguer ce phénomène, le gouvernement a déjà lancé de nombreuses réformes. Alors qu’en 2013 la forte réduction des aides à l’embauche d’apprentis avait accéléré sa chute, le Président n’a, depuis, cessé les retours en arrière: plan de mobilisation pour la rentrée 2015 sur l’apprentissage, assouplissement des règlementations, amendement au projet de loi Dialogue social, décrets du 19 avril 2015 pour la réalisation de travaux dangereux… Ces plans successifs n’ont cependant pas permis de contrer la tendance baissière.


Des annonces suffisamment ambitieuses ?

L’enjeu des dernières annonces est donc de taille, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle. L’élargissement de la compétence régionale en matière d’apprentissage, tout comme le renforcement de l’alternance au sein de l’Éducation nationale vont dans le sens d’une rationalisation de cette politique.  Si ces mesures paraissent porteuses, il est regrettable qu’un certain nombre de sujets n’ait pas été évoqué par le chef de l’État. Rien par exemple sur un potentiel allègement des contraintes juridiques qui pèsent sur les entreprises qui souhaitent engager un apprenti. Rien non plus concernant la place – pourtant cruciale – des partenaires sociaux dans la concertation sur l’apprentissage. Rien, enfin, sur l’articulation entre lycées professionnels (où seuls 20 % des élèves sont en apprentissage) et CFA, aujourd’hui éclatée. Autant de pistes que l’Institut Montaigne avançait dans deux de ces récents travaux : L'apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes (mai 2015) et Décentralisation : sortons de la confusion (janvier 2016).
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