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26/04/2017

[Anti-brouillard] Sortie de l’euro : Marine Le Pen nous propose la ruine

[Anti-brouillard] Sortie de l’euro : Marine Le Pen nous propose la ruine
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

 

La sortie de la France de l'euro est sans conteste la clé de voûte du programme économique de Marine Le Pen. Faisant fi des différentes études réalisées, la candidate frontiste explique que le retour à une monnaie nationale offrirait aux entreprises françaises un regain de compétitivité et relancerait l'économie française. Une analyse plus approfondie des conséquences d'une telle politique montre au contraire l'étendue des risques que cela comporterait. Le chiffrage réalisé par l'Institut Montaigne indique que cela pourrait créer à terme une récession économique comprise entre 4 % et 13 %.

Les mensonges du Front national

Plutôt que d’enrichir notre pays, comme le professe à l’envi le Front national, une telle mesure pourrait au contraire avoir l’effet inverse. De manière mécanique, le retour au franc entraînerait une dépréciation importante - de l’ordre de 15 % - de la nouvelle monnaie en circulation. Cela signifie que la valeur du franc sera 15 % moins importante que ne l’est la valeur de l’euro actuellement. Cette dépréciation aura alors d’importantes conséquences pour le pouvoir d’achat des Français, sur la compétitivité des entreprises ainsi que sur l’état de nos finances publiques.

Là n’est pas l’unique mensonge du Front national pour défendre son programme. Profitant de la bonne santé actuelle de l’économie britannique, Marine Le Pen et ses soutiens n’hésitent pas à l’imputer directement au Brexit... alors même que le Royaume-Uni est encore membre à part entière de l’Union européenne ! Ce n’est au contraire que la preuve qu’un pays peut parfaitement avoir de bons résultats économiques en étant membre de l’UE. De plus, le Royaume-Uni n’ayant pas adopté l’euro, les conséquences économiques auxquelles les britanniques devront faire face une fois sortis de l’UE seront moins importantes que celles que subirait la France qui devra de surcroît revenir à une monnaie nationale.

Un appauvrissement des Français

La dépréciation du nouveau franc renchérira automatiquement le prix des produits importés lesquels représentent 25 % des produits consommés par les ménages français. La France importe notamment du pétrole, des voitures, des produits alimentaires ou encore des produits électroniques et électriques.

Ce renchérissement des produits importés créera un choc inflationniste de 3 à 4 %, entraînant un surcoût de 50 Md€ par an sur la consommation et donc sur le pouvoir d’achat des ménages. La hausse des prix signifiera que chacun des 30 millions de ménages français  verra son pouvoir d’achat baisser de 1600 € par an en moyenne.

Une perte de compétitivité pour les entreprises

La dépréciation de la monnaie et le renchérissement des prix des produits importés augmenteront également à court terme les charges qui pèsent sur les entreprises. Cela diminuera d’autant leurs marges et donc leur compétitivité.

Actuellement, nous importons plus de produits que nous en exportons, notre balance commerciale est donc déficitaire. À moyen terme, les exportations françaises pourraient augmenter ce qui pourrait rééquilibrer notre balance commerciale. Mais cela n’a rien d’automatique ! Cela dépendra en grande partie de la sensibilité au prix des importateurs étrangers par rapport aux produits français.

Concrètement, lorsque le prix de certains produits diminue, le volume de leur vente augmente rapidement, c’est le cas par exemple des produits alimentaires. Pour d’autres produits, une modification du prix n’entraîne peu ou aucune modification des ventes. Dans les faits, une grande partie de nos exportations correspondent à des produits à forte valeur ajoutée comme l’aéronautique ou la pharmaceutique, la particularité de ces produits est qu’une modification de leur prix n’a que peu d’impact sur leur vente. Il est donc loin d’être certain que le retour au franc puisse relancer les exportations françaises comme le clame Marine Le Pen...

Une dégradation de nos finances publiques

L’impact du retour au franc sur la dette de l’État est l’objet de controverses juridiques fournies. Sans rentrer dans ces considérations, il ne fait aucun doute que le retour au franc augmenterait considérablement le coût de la dette française. Si l’État français devait rembourser dans un franc déprécié sa dette contractée en euro, nos prêteurs augmenteraient alors automatiquement leur taux d’intérêt. En effet, nos prêteurs ont accepté de prêter des euros à la France, c’est à dire une monnaie forte. Si la France leur rembourse dans une monnaie plus faible, ces prêteurs vont considérer que la France n’est pas un partenaire fiable. Pour leurs prochains prêts, ils vont donc demander un taux d’intérêt plus important.

Si la France devait continuer de rembourser ses prêts en euros après être revenu au franc, elle devra se procurer des euros sur les marchés financiers, en les échangeant contre des francs dépréciés. Cela représenterait alors un important surcoût financier.

En tout état de cause, ni les Français, ni les entreprises, ni L’État ne sortiraient grandis d’un retour au franc… In fine, contrairement aux illusions de grandeur nationale que promet le FN, c’est la crédibilité de la France et son poids dans les affaires mondiales qui en seraient affaiblis.

Pour aller plus loin :

Présidentielle 2017 : le grand décryptage - Marine Le Pen

A propos du monde imaginaire de ceux qui prônent une sortie de l’euro

[Anti-brouillard] Marine Le Pen ou l’art de proposer des mesures inconstitutionnelles

[Anti-brouillard] Dépenses non financées, économies introuvables : ce que disent les chiffres du programme de Marine Le Pen

 

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