AccueilExpressions par MontaigneAge de la retraite : ne chipotons pas !L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.28/11/2011Age de la retraite : ne chipotons pas ! Cohésion socialeImprimerPARTAGERAuteur Jacques Bichot Professeur émérite à l'Université Lyon 3 Il était évidemment nécessaire de décider des économies sur les retraites par répartition comme sur la plupart des autres dépenses publiques. S’y est-on pris de la bonne manière ? Faut-il pour autant remettre en question la décision prise (1) ?Age de la retraite : une situation d'urgence En France, une succession d’erreurs de jugement (les réductions d’impôts en début de quinquennat, quand l’économie se portait assez bien ; une réforme des retraites trop tardive et manquant d’envergure ; etc.) s’est combinée avec l’incapacité des Européens à décider vite et bien quand la crise de la dette s’est profilée à l’horizon. Il faut donc prendre des mesures le couteau sous la gorge. En pareille circonstance, il ne s’agit pas de faire la fine bouche : l’union nationale s’impose, et donc laissons le Président et le Gouvernement faire voter par le Parlement ce qu’ils ont annoncé en urgence, même si ce n’est pas le nec plus ultra."Nous avons besoin d'instruments de pilotage" En revanche, il n’est pas inutile de tirer quelques leçons pour l’avenir. En matière de retraites, la principale est que nous avons besoin d’instruments de pilotage qui soient entre les mains d’un Conseil d’administration, ou de l’exécutif, et non du législateur. Celui-ci doit réaliser une réforme structurelle, dont la loi retraite de novembre 2010 rend l’étude obligatoire : qu’il fasse son travail, et dote l’instance chargée de la gestion conjoncturelle des instruments lui permettant de prendre des décisions rapides lorsque, comme aujourd’hui, le besoin s’en fait sentir. Les ingénieurs des chantiers navals n’ont pas vocation à remplacer les navigants.Plus de moyens humains Autre impératif : avoir une équipe d’ingénieurs pour concevoir et construire le remplaçant de notre système de retraites archaïque. Quand on veut prolonger de quelques dizaines de kilomètres une ligne à grande vitesse, on met en place un groupe de travail comportant entre 100 et 400 ingénieurs et techniciens (2). Imagine-t-on que le chantier de la réforme des retraites est moins complexe que celui de 100 km de rails, d’alimentation et de signalisation adaptés au TGV ? Croit-on que les dix permanents qui travaillent pour le Conseil d’orientation des retraites, et les quelques spécialistes dispersés à droite et à gauche, sont en situation d’accomplir le gigantesque travail nécessaire ?Préparer l’avenir autrement qu’en rafistolant notre système politique et social Actuellement, la France subit et réagit. Or gouverner c’est anticiper. Si notre pays s’obstine dans sa myopie et dans son refus de préparer l’avenir autrement qu’en rafistolant le vieux rafiot qu’est notre système politique et social, alors notre refus de tirer sur l’ambulance n’aura servi à rien, elle finira dans le ravin.Jacques Bichot, économiste et professeur émérite à l’université Lyon 3, est l'auteur, pour l'Institut Montaigne de :- Réforme des retraites : vers un big bang ?Sur le même sujet :- Réformer les retraites : pourquoi et comment(1) Accélérer le relèvement de l’âge auquel il est possible de prendre sa retraite sans décote : 60 ans et 9 mois, au lieu de 60 ans et 8 mois, pour les personnes nées en 1952 ; 61 ans et 2 mois, au lieu de 61 ans, pour celles nées en 1953 ; 61 ans et 7 mois, au lieu de 61 ans et 4 mois, pour celles nées en 1954 ; et finalement 62 ans, au lieu de 61 ans et 8 mois, pour celles nées en 1955.(2) 130 collaborateurs d’Eiffage pour le TGV Le Mans – Rennes ; et 430 de Vinci pour Tours - Bordeaux (Le Figaro du 17 octobre 2011).ImprimerPARTAGER