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10/11/2008

A 70 ans, le travail c'est la santé... des finances publiques, mais pas seulement !

 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants


Un amendement a été voté à l’Assemblée il y a quelques jours, fixant l’âge limite de départ à la retraite à 70 ans. Ce vote a d’ailleurs fait beaucoup de vagues. Les Français n’y sont que très peu favorables. Pourtant, ce vote a ses avantages…

70 ans : permis de travailler Ces remous, face à la décision de porter l’âge limite du départ à 70 ans peuvent aisément se comprendre : nombreux sont ceux qui ont compris que ce vote repoussait l’âge du départ à la retraite, ce qui, au pays de la retraite à 60 ans, est plutôt de l’ordre d’un tsunami. Mais la réalité est toute autre. Ce qui change, ce n’est pas l’âge auquel tout salarié peut partir, puisque cet âge reste fixé à 60 ans, mais l’âge auquel tout employeur a le droit d’obliger ses salariés à partir. Jusqu’à présent, un salarié pouvait garder son emploi autant qu’il le voulait jusqu’à 65 ans, et la seule solution pour le déloger avant 70 ans, consistait à le licencier.

Un acquis supplémentaire Si le Sénat confirme le texte voté à l’Assemblée, le salarié pourra donc garder son emploi jusqu’à 70 ans, et non plus seulement jusqu’à 65 ans. Autrement dit, on vient d’attribuer un droit supplémentaire aux salariés, celui de ne pas être mis à la retraite d’office avant 70 ans. Et, bien évidemment, chacun garde aussi le droit de partir à partir de ses 60 ans. Par ailleurs, le nombre de gens concernés est quasi dérisoire, puisque en France, il y a pas plus de 300 000 personnes de plus de 65 ans qui travaillent , ce qui représente à peine 1,5% des salariés.

Cumul emploi retraite à l’horizon Pour autant, les syndicats sont vent debout. Ainsi, Jean-Christophe Le Duigou, de la CGT, affirme que ce changement « traduit le fait que de moins en moins de salariés auront une retraite suffisante à 65 ans et vont donc chercher à poursuivre leur travail voire à cumuler emploi et retraite ». Et en cela, Monsieur Le Duigou a complètement raison. En effet, puisqu’il y a de moins en moins de salariés et de plus en plus de retraités, ceux qui partent à 60 ans ont moins d’argent à se partager, et, désormais, le trou du régime général atteint 6 milliards d’euros… Par conséquent, il est indéniable que beaucoup d’entre nous travailleront après 60 ans, et cumuleront un emploi avec leur pension de retraite. Cette affirmation n’a rien d’idéologique, elle n’est qu’arithmétique.

Envie de travailler plus Les quelques dizaines de milliers de gens qui continueront à travailler après 65 ans, au lieu de consommer des prestations, cotiseront volontairement. Mais l’enjeu qui se cache derrière ce vote est avant tout symbolique : plus il y aura de gens qui travailleront longtemps, plus les autres envisageront de rester également dans l’emploi. Si, près de vous, un homme de 66 ou 67 ans travaille toujours, et qu’il n’a l’air ni d’un vieillard ni d’un malheureux, il y a fort à parier que vous, à 55 ans, vous aurez nécessairement moins l’impression de frôler l’âge de la retraite. Et cette proximité pourrait peut être même vous donner l’envie de rallonger un peu votre vie active. Il peut y avoir un effet d’entraînement qui amène les salariés et les entreprises à travailler plus longtemps ensemble de leur plein gré. Et en face de l’énorme problème d’emploi des plus de 50 ans, que connaît la France, cette piste paraît vraiment intéressante.

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