AccueilExpressions par Montaigne35 heures pour lutter contre l'échec scolaireL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.02/12/201535 heures pour lutter contre l'échec scolaire Action publiqueImprimerPARTAGERAuteur Elena Scappaticci Chargée de mission Alors que la France consacrerait plus d'heures à l'enseignement des savoirs fondamentaux que ses voisins, les résultats de l'école primaire ne cessent de décroître : comment expliquer ce phénomène ? La France se place en tête des pays consacrant le plus d'heures à l'enseignement des savoirs fondamentaux dans les programmes du primaire, selon le rapport annuel de l'OCDE paru le 25 novembre dernier. Les élèves français passent également plus de temps en classe que leurs camarades européens : 864 heures de cours par an versus 804 heures en moyenne pour l'OCDE. Et pourtant, 20 % des élèves français ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à leur entrée en 6ème. Leur niveau en mathématiques et en lecture n’a jamais été aussi bas. Entre 2000 et 2012, la France a ainsi chuté du 10e au 24e rang en mathématiques, et du 13e au 20e rang pour la compréhension de l’écrit. Comment expliquer un tel paradoxe ? LE TEMPS D’ENGAGEMENT INDIVIDUEL DE L’ÉLÈVE : UN FACTEUR DÉTERMINANT DANS L’APPRENTISSAGE DES FONDAMENTAUX Le temps passé en classe ne constitue qu’un des nombreux paramètres qui interviennent dans la réussite scolaire des élèves de primaire. En effet, c’est moins le volume horaire que l’efficacité du temps consacré à l’apprentissage qui permet in fine d’évaluer la pertinence des méthodes pédagogiques valorisées par le système français. Des travaux scientifiques récents prouvent ainsi le rôle fondamental joué par le "temps d’engagement individuel" des élèves dans l’apprentissage de la lecture au CP, c'est à dire le temps effectif consacré par l'élève à une tâche donnée. Il est notamment fonction de l'adéquation des activités d'apprentissage proposées au niveau et aux besoins de l'élève, du degré d'attention porté à la tâche proposée et des modalités d'enseignement (clarté des consignes par exemple). Ces observations ont notamment permis de formaliser le temps d’engagement individuel de l’élève nécessaire à l’apprentissage de la lecture au CP : 35 heures sur l'année scolaire. En dépit d’un volume horaire de cours bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE, le temps moyen d’engagement individuel des élèves français n'est cependant que de 20 heures… un décalage de 15 heures qui expliquerait en grande partie les mauvais résultats de la France dans les enseignements fondamentaux.L’INTERACTION AVEC L’ENSEIGNANT, LEVIER DE LA RÉUSSITE Face à ce constat, comment garantir une acquisition plus systématique et plus efficace des savoirs fondamentaux ? Les chercheurs Bruno Suchaut et Alice Bougnères ont identifié les leviers susceptibles d’optimiser le temps passé en classe par les élèves de primaire. Leurs conclusions sont formelles : une plus grande individualisation de l’apprentissage, par une interaction renforcée avec les équipes enseignantes, est la clef d’une acquisition plus efficace des savoirs. Davantage de moyens devraient être consacrés à la formation à ces dernières avancées scientifiques pour diffuser au maximum les atouts d’une pédagogie différenciée. L’usage du numérique devrait également être encouragé, car il peut jouer un rôle moteur dans l’individualisation de l’apprentissage dès les petites classes.Pour aller plus loin :Rapport de l'OCDE "Regards sur l'éducation 2014" Classement PISA de l'OCDE de la France en 2012B. Suchaut, A. Bougnères : Temps disponible et temps nécessaire pour apprendre à lire : le défi des 35 heures'' ImprimerPARTAGER