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30/05/2014

2001-2014 : Quelles avancées pour l’enseignement supérieur ?

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2001-2014 : Quelles avancées pour l’enseignement supérieur ?
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Par Fanny Anor, chargée de mission à l'Institut Montaigne

Le dernier colloque annuel de la CPU (Conférence des Présidents d'Université), s'est tenu à Lyon en mai 2014, sur le thème "Les universités et l'innovation, agir pour l'économie et la société". Alain Mérieux, invité comme "grand témoin", y a rappelé sa vision de l'enseignement supérieur français, qu'il avait déjà développée dans le rapport Enseignement supérieur : aborder la compétition mondiale à armes égales ?, publié en 2001 par l'Institut Montaigne : regroupements, autonomie, relations avec les entreprises et évaluation, autant d'évolutions qui ont commencé à prendre forme aujourd'hui.

Les atouts français
Comme il l’avait fait en 2001, Alain Mérieux est revenu sur les formidables atouts de la France : ses universités et grandes écoles, sa recherche académique de haut niveau mais aussi ses groupes industriels internationaux – qui ont maintenu leurs centres de recherche en France – ainsi qu’un tissu dense de PME innovantes. Selon lui, tous les éléments sont donc réunis pour l’émergence d’un écosystème de l’innovation, qui pourrait permettre à la France de renouer avec la compétitivité.

Des regroupements devenus nécessaires
En 2001, Alain Mérieux plaidait pour la formation de réseaux d’établissements d’enseignement supérieur ; aujourd’hui, il salue la formation de COMUE (Communauté d’universités et d’établissements), qui doivent d’après lui réussir à s’adapter aux spécificités de chaque établissement tout en réunissant l’ensemble des acteurs : "On le voit bien dans l’univers de l’entreprise. Celles qui réussissent sont celles qui ont su faire des choix, les ont fait partager et ont su prendre des risques pour rester en pointe."

Pour une évaluation des établissements
Le rapport de l’Institut Montaigne recommandait la création d’un Haut Conseil de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (HCESR), qui aurait un rôle déterminant à jouer à travers l'évaluation périodique des formations conduisant à la délivrance d'un diplôme national et l'appréciation générale des performances des établissements. Le conseil qui devrait être créé – sous le même nom – dans les semaines à venir est moins ambitieux, puisque l’Institut Montaigne recommandait que l'appréciation générale des performances d’un établissement serve de fondement au calcul de sa dotation globale de fonctionnement.

Renforcer la relation universités-entreprises
Les entreprises doivent être envisagées comme des partenaires de la recherche et de la formation disciplinaire. Ainsi l’Institut Montaigne faisait-il dès 2001 une proposition audacieuse : financer les frais de scolarité à travers des bourses négociées avec les entreprises et la région. À la dernière CPU, Alain Mérieux réaffirme l’importance de ce lien entre entreprises, enseignement supérieur et recherche, notamment via l’innovation et le développement technologique. Il rappelle également qu’il se bat depuis vingt ans en région Rhône-Alpes pour renforcer cette relation universités-entreprises : "Sans une relation forte et constructive, favorisant des retombées à la fois utiles à la communauté et créatrices de richesses et d'emplois, notre pays ne pourra continuer à exister sur la scène internationale."

Multiplier les formations pluridisciplinaires
Dans les meilleures universités mondiales, les étudiants sont davantage acteurs de la construction de leur cursus et bénéficient d’une formation pluridisciplinaire ; en France, les étudiants sont trop souvent enfermés dans une unique matière. Alain Mérieux s’est ainsi prononcé pour ce qu’il appelle "la règle des 80/20" : inclure dans les formations scientifiques 20 % de formation aux humanités et, inversement, introduire 20 % de formation aux sciences "dures" dans le cursus des étudiants en sciences humaines.

Enfin, Alain Mérieux a appelé la communauté universitaire à faire des choix favorisant l’émergence d’une véritable stratégie à long terme : "Lorsque nous exerçons une responsabilité lourde, universitaire ou entrepreneuriale, nous devons l’exercer avec fierté, dégager une vision et une ambition, et aller de l’avant en prenant des risques, le plus grand risque étant de ne pas en prendre."

Rapport Enseignement supérieur : aborder la compétition mondiale à armes égales ?piloté par Alain Mérieux en 2001 pour l’Institut Montaigne

Discours d’Alain Mérieux à la dernière CPU

Publications de l’Institut Montaigne sur le même thème
''Gone for good ? Partis pour de bon ? Les expatriés de l’enseignement supérieur français aux Etats-Unis'', octobre 2010.
Pour une contribution plus juste au financement de l'enseignement supérieur, octobre 2008

Pour aller plus loin
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