Les Européennes en ligne de mire
Les élections européennes de 2024 sont la prochaine étape pour le parti. L'ambition du nouveau président, Jordan Bardella, serait de réussir à réconcilier les deux groupes d'extrême droite présents au parlement européen : Identité et démocratie, auquel appartient le RN (avec l'AfD et la Ligue italienne de Matteo Salvini notamment) et les Conservateurs et réformistes européens (dont Fratelli d’Italia, Vox, les Démocrates de Suède et Droit et Justice en Pologne sont membres). Le jeune président souhaite qu’il n’y en ait plus qu'un seul. L'actuel groupe ID compte 73 membres et il représente la cinquième force au sein du Parlement européen, juste derrière les écologistes. Ajoutés aux 62 membres du groupe CRE, les partis eurosceptiques, pour beaucoup à l'extrême-droite, pourraient à l'avenir constituer une force majeure au sein des institutions européennes, sans compter la présence de ces formations au sein ou à la tête des gouvernements nationaux : en Hongrie, en Pologne, en Italie ou en Suède, notamment.
Comme nous l’évoquions plus haut, il s'agira aussi de resserrer les liens avec Orbán, exclu du PPE, et qui pourrait être tenté par un rapprochement avec le RN français, surtout si ce dernier devient plus "fréquentable". Jordan Bardella veut travailler à l'unité de l'ensemble des représentants patriotes au Parlement. Toutes les études montrent au Parlement Européen que les élus RN y sont très peu actifs. Perpétueront-ils cette tendance ? Au Parlement Européen comme à l'Assemblée nationale ? Il reste encore des lignes de fracture entre tous ces partis en Europe, notamment sur les questions internationales, le rapport à la Russie, l'OTAN ou même la volonté de coopérer ou non avec les institutions européennes.
Jordan Bardella souhaite également recruter de nouveaux cadres, plus compétents et spécialisés, pour renforcer les troupes du RN. Il a déjà renouvelé un certain nombre de figures du parti, comme Steeve Briois qu’il a écarté. Louis Aliot, certes Vice-Président, jouera certainement un rôle, mais il appartient à une autre génération. Qui pourrait, dans la perspective de 2027, rejoindre la dynamique ? Marion Maréchal Le Pen ? Sa tante a dit vouloir lui tendre la main, tout en écartant toute main tendue vers Éric Zemmour et les "félons" du RN qui ont rejoint Reconquête. La nièce de Marine Le Pen incarne indéniablement un atout, à même de ramener avec elle un certain nombre de cadres et de militants. Faut-il élargir vers la droite "classique" ? Ça n'est pas la position de Marine Le Pen, contrairement à un Zemmour qui prônait l’union des droites, comme l'a fait l’Italie lors des dernières élections législatives. Marine Le Pen de son côté, du moins pour le moment, refuse de rallier les Républicains et continue de prôner l'Union des patriotes au-delà de la gauche et de la droite. Quelles que soient les figures, elles devront se saisir avec plus de sérieux et de responsabilité encore des questions économiques, sur lesquelles le parti est très attendu.
La synthèse de cet échange a été rédigée par Blanche Leridon, directrice éditoriale.
Copyright : Geoffroy Van der Hasselt / AFP
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