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04/02/2014

Un peu de bon sens pour diminuer la dépense publique dans la construction

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Un peu de bon sens pour diminuer la dépense publique dans la construction
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne


Par Pierre Eugène Pitance
,entrepreneur

L'Etat, et à tous les niveaux les collectivités publiques, pourraient faire des économies substantielles en matière de construction, publique, bâtiments ou équipements.

Les élus veulent laisser une trace de leur passage
Pour les élus, qui prennent la décision de telles constructions, l’image prime souvent sur la réflexion. Voulant laisser une trace de leurs passage, certains ont tendance à privilégier le sensationnel au rationnel. Les architectes, souvent sélectionnés lors de grands concours, laissent libre cours à leur fantaisie et imaginent des ouvrages trop complexes et par conséquent trop coûteux pour le service qu’ils doivent rendre. Cette volonté de marquer les esprits aboutit à des constructions peu fonctionnelles, mal pensées, mal budgétées et mal gérées.

La prolifération de normes

La construction, comme beaucoup de secteurs d’activité, est en train d’étouffer sous le poids de normes, entraînant une multiplication des experts et expertises en tout genre, qui consomment temps et argent. La société a évidemment besoin de norme et il est indispensable que la sécurité soit respectée, cependant, le principe de précaution prend des proportion extravagantes aboutissant à la prolifération de normes parfois absurdes. Le Journal Officiel recense 400 000 normes, probablement un des records du monde. Or il en est des normes comme du poivre et du sel : nécessaires, leur excès rend tout inconsommable. Dans les entreprises de promotion immobilière par exemple, le coût de la construction a augmenté de 10% en 10 ans, uniquement à cause de nouvelles normes.

La plupart des ouvrages d’art sont un véritable luxe dans les autoroutes françaises
On ne peut que se féliciter du fait que certains ouvrages soient beaux et remplissent bien leur fonction, comme le viaduc de Millau. Cependant, d’autres supportent des dépenses dont on pourrait se passer. Ainsi, les obligations dites "d’environnement" représentent 10% du prix de revient des autoroutes. Ces obligations vont parfois à l’encontre d’une industrialisation qui pourrait être source d’économies.

L’originalité à tout prix

Dans les années 1970, la politique d’industrialisation dans le bâtiment a été remise en cause par Olivier Guichard, alors Ministre de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire, alors qu’elle avait permis dans les années 1960 la reconstruction rapide de la France avec l’édification de bâtiments fonctionnels, de logements, de collèges et lycées, etc. Très adaptable en fonction de la taille des opérations, elle permettait de respecter scrupuleusement les impératifs techniques et surtout les délais et les prix. Une réhabilitation des modèles – qui ne sont pas synonymes d’uniformisation mais d’industrialisation – permettrait de réaliser des économies substantielles.

La défaillance de la maîtrise d’ouvrage public

Commanditaire du projet, le maître d’ouvrage définit le cahier des charges et par conséquent les besoins, le budget, le calendrier prévisionnel, et c’est lui qui paie. Or, trop souvent le maître d’ouvrage n’établit pas de programme suffisamment complet et réaliste, ne surveille pas d’assez près l’architecte, laissant le projet (et les coûts) dériver. Il s’agit donc de reconnaître que la maîtrise d’ouvrage est une profession à part entière. Si ce n’est pas son métier ou s’il ne se sent pas compétent, le maître d’ouvrage public, qui supporte déjà toute la responsabilité des démarches administratives, doit absolument faire appel à un assistant maître d’ouvrage expérimenté afin de lui apporter une expertise technique de l’immobilier, de l’alerter sur les points faibles, contrôler la qualité, coordonner l’intervention de l’architecte et des ingénieries dans le cadre du calendrier et du budget défini par le maître d’ouvrage. En règle générale, l’appel à un assistant maître d’ouvrage permet de réaliser des économies de 7 à 9% sur le budget global, une fois déduit le coût de son intervention. Ainsi le Musée de Confluences de Lyon, qui accuse un énorme retard, a vu son budget exploser de 100 à plus de 300 millions d’euros. Si un assistant à la maîtrise d’ouvrage avait accompagné le projet, bien des problèmes techniques, comme au niveau des fondations, auraient pu être évités.

L’Etat doit donc mettre en œuvre les bonnes pratiques qui sont utilisées dans la promotion privée des grands groupes immobiliers : rentabilité et fonctionnalité priment. Heureusement certains élus ont pris conscience de ces dérives et mettent déjà en application ces recommandations.

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