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11/03/2015

Pourquoi il va bien falloir finir par toucher au SMIC

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Pourquoi il va bien falloir finir par toucher au SMIC
 Institut Montaigne
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Éditorial de Jean-Marc Vittori paru dans Les Echos, le 10 mars 2015.

La France n'est pas hindouiste mais elle adore les vaches sacrées. Semaine de 35 heures, emploi à vie dans le public, impôt allégé sur les revenus des parlementaires, électricité pas chère pour les salariés d'EDF, allocations familiales, rues de Paris' Pas question d'y toucher?! Sauf que ça devient parfois tellement insupportable, ou injuste, qu'il devient alors urgent de les contourner. C'est le cas pour la plus sacrée d'entre elles': le SMIC.

A vrai dire, la manœuvre a peut-être commencé. La semaine dernière, le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé la création de la prime d’activité pour remplacer deux dispositifs qui fonctionnaient mal – le revenu de solidarité active (RSA) et la prime pour l’emploi (PPE). Il a déclaré par ailleurs qu’«  on peut sans doute aller plus loin » en matière d’allégement du coût du travail. Un coût allégé pour les employeurs, une solidarité renforcée au profit des travailleurs pauvres : un basculement de philosophie s’ébauche. Aux entreprises, l’emploi. A l’Etat, le filet protecteur évitant les trop bas revenus. Ce basculement est souhaitable dans le pays champion du monde des cotisations sociales, où l’on taxe donc plus qu’ailleurs le travail, où l’on demande trop souvent à des assurances (chômage, vieillesse, maladie) payées par des cotisations de financer une solidarité qui relève de l’impôt.

Or c’est en bas de l’échelle des salaires que le poids des cotisations sociales est le plus pénalisant… alors que c’est là qu’elles sont le plus légères. Trois économistes, Augustin Landier, David Thesmar et Sylvain Catherine, le montrent de manière limpide dans une note récente de l’Institut Montaigne. "Au-delà d’environ 1,5 SMIC, le taux de chômage moyen passe au-dessous de 5 %". Une inégalité qui recoupe les niveaux de formation : 15 % de chômeurs en deçà du bac, 8 % au niveau bac et 5 % au-delà. Une inégalité qui reflète deux particularités cumulées par la France. D’abord, elle fabrique plus de non-qualifiés que la plupart des autres pays développés. Un actif sur quatre a au plus le niveau collège, contre un sur cinq au Royaume-Uni, un sur six dans les pays nordiques et un sur douze en Allemagne. Ensuite, elle a l’un des salaires minimaux les plus élevés au monde. Faible productivité, prix élevé : pas surprenant que l’ajustement se fasse mal.

Lire l'intégralité de l'éditorial
Consulter l’étude - Marché du travail : la grande fracture, février 2015
Consulter les graphiques

A lire :
"Les mauvais choix français conduisent à l’inégalité par le chômage" - Tribune de David Thesmar et Augustin Landier parue dans Le Monde, le 26 février 2015
"Le coût du travail doit-il encore être réduit ?" - Tribune de David Thesmar et Augustin Landier parue dans Challenges, le 12 février 2015
L’Éducation nationale, plus que jamais fabrique à chômeurs ? - L'Opinion, 12 février 2015

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