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- Miser sur l’école primaire pour lutter contre l’échec scolaire


Retrouvez la chronique de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut
Montaigne, invité dans l'émission "Ecorama" de Boursorama.
"L’école française va mal parce qu’elle produit trop de jeunes qui
aujourd’hui, à 15 ans, sortent du système sans aucun diplôme, sans
aucune perspective d’avenir. Ces jeunes, on les connaît dès l’école
primaire. Il faut donc impérativement reprendre la main sur le système
éducatif avec les enseignants, qui sont au cœur de tout, pour faire
augmenter à la fois la performance du système mais aussi son équité,
compte tenu du fait que nous sommes devenus, depuis quelques années,
sans doute le système éducatif le plus inéquitable de tous les pays de
l’OCDE.
Trois réformes très importantes : mettre tous les moyens
nouveaux sur l’éducation primaire plutôt que sur l’enseignement
secondaire, tout simplement parce que c’est dès le plus jeune âge que se
forment à la fois les grandes difficultés et les inéquités.
Deuxièmement
: remettre du pilotage intermédiaire au plus proche du terrain, au plus
proche notamment des écoles primaires et maternelles, de sorte à ce que
les enseignants soient accompagnés, de sorte à ce qu’ils soient aidés à
réussir cette transformation.
Troisième élément : se servir des
meilleurs résultats de la recherche scientifique, notamment en
psychologie cognitive pour tout simplement créer les outils, créer du
temps de formation continue et initiale pour les enseignants, de sorte
qu’ils pourront, dans la salle de classe, porter remède aux élèves les
plus en difficulté et individualiser leurs gestes, notamment pour
conduire les plus petits à la lecture et au calcul.
Les bienfaits
d’une réforme réussie du système éducatif qui mettrait l’accent sur
l’enseignement primaire, c’est tout simplement un système qui fournirait
beaucoup moins d’élèves en grande difficulté et plus de diplômés dont
la France a besoin dans une compétition internationale pour les
cerveaux.
Remettre le système éducatif en état de marche et au
centre du jeu, c’est moins de chômage des jeunes, plus de cohésion
sociale, c’est plus de croissance également, ce dont nous manquons
aujourd’hui cruellement. Si nous ne parvenons pas à le faire, notre
système social entier en souffrira, ainsi que notre système économique.
Le
prix à payer est double. Il s’agit d’expliquer aux organisations
syndicales qu’il va falloir changer un certain nombre de logiciels,
notamment de ressources humaines, pour mettre à la fois les élèves et
les enseignants au cœur de leurs priorités. Mieux les former, mieux les
suivre, mieux les accompagner… Le mot est parfois difficile à entendre,
mais organiser un meilleur management de l’ensemble du système. C’est
aussi expliquer à l’enseignement secondaire que sans doute, on y dépense
un peu trop par rapport à l’enseignement primaire, et accepter donc une
réallocation progressive des moyens de l’enseignement secondaire,
notamment du lycée, vers l’école primaire.
Quantité d’États se
soucient depuis assez longtemps de la question de l’échec à l’école
primaire et se soucient depuis assez longtemps de la question du suivi
individualisé des élèves, de la place également des résultats de la
meilleure recherche, celle des standards internationaux dans les
programmes de formation initiale et continue des enseignants. On le voit
dans les pays d’Europe du Nord, on l’a vu aux États-Unis dans un
certain nombre d’États, on le voit formidablement en Asie et tous ces
pays obtiennent des résultats : meilleure performance du système
éducatif, moins d’inéquité entre élèves, moins d’inéquité entre
territoires."
Pour aller plus loin :
- Consultez de rapport Vaincre l’échec à l’école primaire, publié en 2010
- Consultez notre dossier "Vaincre l’échec scolaire"
- Consultez les infographies réalisées par l'Institut Montaigne à partir des données détaillées des études PISA de 2000 à 2012.
- Revisionnez l’émission Place aux idées "L’école permet-elle encore de réussir en France ?" avec Jacques Attali (décembre 2014)