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18/02/2013

Le monde de demain passe aussi par l’Europe

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Le monde de demain passe aussi par l’Europe
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne



Tribune (*) de Neelie Kroes, Commissaire européenne aux Technologies de l’information et de Gilles Babinet (**), entrepreneur, représentant de la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux du numérique et auteur de l’étude de l’Institut Montaigne "Pour un New Deal numérique" à paraître dans quelques jours.

Vous pensez que l'Europe de l'innovation est à la traîne ? Que la crise financière va nous maintenir dans une période d'atonie économique pendant des années ? Vous êtes convaincus que vos enfants vivront moins bien que vous même ? Et bien, l'Europe n'en reste pas moins la plus grande zone économique de la planète, et surtout celle où la richesse est la mieux partagée. L'Europe est aussi première en nombre de prix Nobel et de brevets, en budget total de recherche et développement ou en nombre de docteurs en sciences issus chaque année de l’université. Certes, l'Europe, comme de nombreuses autres régions du monde, souffre de la crise : chômage, travail précaire et, dans certains pays, systèmes sociaux en repli. La réalité, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'une crise, mais plus encore d'un changement d'ère qui implique un changement du rythme des innovations et, plus largement, l’émergence d'une société de la connaissance mue par les technologies de l'information.

Le message doit être entendu fort et clair : les pays qui sont capables d'anticiper cette évolution s'extrairont plus vite et mieux de cette crise. C'est pourquoi il faut arrêter de se morfondre et nous attacher à valoriser les compétences historiques de l'Europe en particulier dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC), qui est de loin le secteur économique qui crée le plus d'emplois. C'est pourquoi, dès maintenant, la Commission européenne lance une coalition pour les compétences et l'emploi afin de former 150 000 personnes par an en informatique et faire occuper 500 000 postes d'ici à 2015. Elle lance Startup Europe pour que 5000 start-up du Web puissent être créées d'ici à 2015 permettant l'émergence de deux ou trois leaders mondiaux. La France, en Europe, dispose d'atouts particuliers en raison de la qualité de sa formation scientifique et de son écosystème numérique. Malgré cela, les indicateurs y sont mal orientés : la croissance numérique y est plus faible que dans d'autres pays et il y a moins d'ingénieurs spécialisés qui s'y forment qu'il y a dix ans. La réforme de l'Etat par le numérique (il n'y est consacré que 1,3 % de son budget, loin de la moyenne européenne), la modernisation de l'enseignement sous toutes ses formes, avec des méthodes incluant le numérique, et la reforme du financement et de la fiscalité des entreprises innovantes afin de leur permettre d'attirer facilement les capitaux, sont les trois facteurs clés pour l'émergence d'une économie numérique forte et inclusive. Il s'agit de chantiers auxquels la France pourrait s'atteler avec un grand bénéfice. Car l'opportunité de construire une société de plein emploi, avec des systèmes sociaux modernes et efficaces, ainsi qu'un Etat à l'écoute de ses citoyens, n'a jamais été aussi concrète. C'est pourquoi il faut dire non à l'europessimisme et oui a la société de l'innovation.

(*) parue dans Libération le 18 février 2013.
(**) Désigné "champion du numérique" pour la France auprès de l’UE, Gilles Babinet a cosigné avec Frédéric Creplet le rapport "Un new deal pour le numérique" publié par l'Institut Montaigne.

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