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11/09/2013

La réforme des retraites est encore devant nous

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 Charles Nicolas
Auteur
Directeur adjoint

Le niveau des dépenses publiques que la France consacre aux retraites figure parmi les plus élevés au sein des pays développés. Selon le Panorama des pensions 2011 de l'OCDE, nous y allouons 13 % de notre PIB, ce qui nous place loin devant le Royaume-Uni (5,9 %), les Etats-Unis (6 %) ou encore l'Allemagne (10,7 %). Seule l'Italie consent un effort plus important. Les données fournies par Eurostat sur l'ensemble des dépenses de pension nous placent également au 2ème rang avec des dépenses représentant 14,4 % de notre PIB, à des niveaux encore supérieurs à ceux de l'Allemagne (12,8 %), du Royaume-Uni (12,2 %) ou de l'ensemble de l'Union européenne (13 %). Pour autant, le projet de réforme préparé par le Gouvernement ne prévoit pas une réduction de la voilure pour notre système de retraites.

Pour combler le déficit du régime général – celui de l’immense majorité des salariés du privé, estimé à 7,6 milliards à horizon 2020 – et garantir son équilibre au-delà, il propose un accroissement significatif des recettes : hausse des cotisations des salariés et des employeurs, de 0,3 point chacun (4,4 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en 2020) ; poursuite de l’allongement de la durée de cotisation (pour un gain de 2,7 milliards en 2030) ; fiscalisation des bonus de pension (qui doit rapporter 1,2 milliard dès 2014).

S’y ajoutent des dépenses nouvelles, qui devront elles aussi être financées : création d’un compte pénibilité (pour un coût de 2 milliards en 2030), meilleure prise en compte de la situation des femmes, des temps partiels et des périodes de formation dans le décompte des trimestres (400 millions en 2030) ; dispositifs d’amélioration de l’information des salariés (200 millions en 2020).

Ces estimations du Gouvernement se fondent sur des scénarios particulièrement optimistes : croissance annuelle à 1,6 % jusqu’en 2020 et niveau de chômage de long terme à 4,5 % de la population active, synonyme de retour au plein emploi. Ces hypothèses se heurtent malheureusement aux réalités du moment : cela fait deux ans que le PIB n’a pas progressé et aucun organisme de prévision n’anticipe une telle embellie dans un futur proche ; cela fait plus de deux ans que le taux de chômage augmente sans interruption et bat chaque mois de nouveaux records.

Conjuguées aux effets d’une démographie qui continuera à abaisser le ratio actif/retraité au cours des prochaines années, ces mesures ne sont pas de nature à réduire le coût de nos retraites. De plus, elles occultent les deux tiers du problème, que constituent les déficits du régime des fonctionnaires, des régimes spéciaux et des retraites complémentaires (plus de 13 milliards au total en 2020). Enfin, elles n’engagent pas notre pays sur la voie des économies que le Gouvernement doit trouver sans tarder pour réduire les déficits sans accroître la pression fiscale.

Cette nouvelle réforme décide donc, comme les précédentes, de jouer sur les paramètres et de mettre à contribution les salariés et les entreprises pour rétablir l’équilibre financier du système. Ainsi, elle risque fort d’être la dernière avant la prochaine. Ce constat plaide sans équivoque pour un passage vers un modèle qui assure la pérennité de notre modèle tout en ménageant des finances publiques désormais très contraintes. Seule une réforme systémique peut y parvenir.

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