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11/04/2012

Formation professionnelle : pourquoi il faut tout changer

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Formation professionnelle : pourquoi il faut tout changer
 Institut Montaigne
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Dans une tribune parue dans Le Figaro du 11 avril, Henri Lachmann, président du Conseil de surveillance de Schneider Electric et vice-président de l'Institut Montaigne, lance des pistes pour la réforme de la formation professionnelle dont le chantier vient d'être lancé.

A l’occasion du sommet social du 18 janvier dernier, le président de la République a appelé de ses vœux une réforme "radicale" de la formation professionnelle et a confié une mission sur ce thème au sénateur Gérard Larcher, qui vient de rendre ses conclusions.

La formation est un levier essentiel pour renforcer la compétitivité de notre pays et favoriser la mobilité des salariés. Elle commence dès la petite enfance et doit se poursuivre tout au long de la vie. La formation en alternance doit être considérée comme une des pistes les plus fécondes pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes, à qui elle apporte un métier et des compétences, un savoir-être et un savoir-faire. Elle constitue une passerelle vers le monde professionnel, une voie d’excellence tournée vers l’acquisition de compétences opérationnelles. La France ne pourra bâtir sa compétitivité que sur la qualification et le haut niveau de compétences de nos concitoyens. A quoi bon se réjouir d’avoir la plus forte natalité d’Europe si chaque année, près de 150 000 jeunes quittent notre système éducatif sans qualification ni diplôme? Avec un tel échec scolaire, la France ne peut se permettre d’offrir à ses adultes un système de formation professionnelle de mauvaise qualité. C’est pourtant le cas.

En dépit de plusieurs réformes, dont la plus récente date de novembre 2009, le système reste d’une efficacité très discutable pour ceux qui en ont le plus besoin. Malgré les 30 milliards d’euros dépensés chaque année dans la formation professionnelle, celle-ci bénéficie avant tout aux plus diplômés, aux salariés de moins de 50 ans et à ceux des grandes entreprises. Dotée d'une offre pléthorique et non contrôlée, elle ne touche pas suffisamment les plus fragiles, les demandeurs d’emploi et les peu qualifiés.


Ces médiocres résultats s’expliquent en grande partie par le financement peu transparent qui entoure notre système de formation professionnelle. Chaque année, la France y consacre 1,5 % de son PIB et la récolte des obligations légales des entreprises et des administrations représente une masse financière considérable puisque près de 6 milliards d’euros en 2009 ont transité par les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA). Si ces derniers ont au final peu d’utilité pour les salariés les moins qualifiés, ils en ont beaucoup pour les appareils syndicaux représentant les employeurs et les employés… Le financement de la vie syndicale par ces voies détournées a des effets dévastateurs sur notre démocratie sociale.

Le dialogue social est archaïque en France. Nous sommes le pays de l’OCDE où le taux de syndiqués est le plus faible : autour de 7 % au total, 5 % dans le secteur privé, et où il a le plus fortement baissé depuis 30 ans. La qualité du dialogue social est pourtant un levier de compétitivité pour les entreprises. Les ressources financières des syndicats sont trop dépendantes de subventions, notamment publiques, et insuffisamment liées aux cotisations des adhérents. Ce financement peu sain décourage le recrutement de nouveaux syndiqués en favorisant un syndicalisme d'appareil. Les entreprises doivent se saisir de cette question et prendre à leur compte le paiement de la vignette syndicale. Le "chèque syndical", développé par la société AXA, est à ce titre une initiative intéressante. La question de la légitimité des partenaires sociaux ne se pose pas uniquement pour les représentants des salariés : comme on le voit aujourd’hui, les syndicats patronaux ne pourront pas longtemps éviter le débat sur les conditions de leur représentativité. L’exemple allemand nous a prouvé qu’un dialogue social de qualité est source de performance et de compétitivité pour les entreprises. Il est temps d’en finir avec l’utilisation des fonds de la formation professionnelle au profit des appareils syndicaux, du patronat comme des salariés.

Les actifs sont faiblement impliqués dans le système de formation continue et peu conscients de son intérêt. Trop peu d’entreprises en ont une gestion stratégique et nombreuses sont celles qui n’y voient qu’une obligation de payer. Le système français est caractérisé par une offre de formation d’une opacité déconcertante, propre à décourager ses utilisateurs, qu’il s’agisse des salariés, des employeurs ou des demandeurs d’emploi. L’appareil de formation compte près de 60 000 prestataires. Dans ce maquis, la recherche d’une formation de qualité est devenue un véritable parcours du combattant.


De plus, l’information dont disposent les salariés ou les entreprises au moment de choisir une formation est quasi-nulle puisqu’il n’existe pas de certification ni d’évaluation de la qualité des formations proposées.

Quatre axes doivent ainsi guider la réforme de notre système : continuité entre formation initiale et formation professionnelle ; responsabilité des entreprises comme des salariés ; évaluation et certification des formations et transparence financière.

Espérons que les débats qui s’ouvriront à l’occasion de la remise du rapport de M. Larcher soient l’occasion d’une mise à plat de notre système de formation professionnelle et d’éléments concrets de réforme.

- Télécharger l'intégralité du rapport Larcher (pdf)

En savoir plus sur nos propositions :
- Formation professionnelle : pour en finir avec les réformes inabouties (2011)

- Formation professionnelle : pourquoi il faut tout changer (2008)

- De "la formation tout au long de la vie" à l'empoyabilité (2003)

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