AccueilExpressions par MontaigneDépenses publiques : le temps de l’actionL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.08/04/2015Dépenses publiques : le temps de l’actionImprimerPARTAGERAuteur Institut Montaigne Retrouvez la chronique de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, invité dans l'émission « Ecorama » de Boursorama. Depuis la crise de 2008, la France traverse une période compliquée où la dépense publique, la dépense des administrations, ne cesse d’augmenter. On a un mal fou à stabiliser cette dépense, et on envisage difficilement le moment, absolument nécessaire, où on va devoir la faire diminuer. Trop de dépense publique, c’est trop d’impôts. Trop d’impôts tue la croissance, tue l’investissement, tue l’espoir d’une amélioration chez les acteurs économiques. Améliorer la situation des finances publiques françaises, faire baisser la dépense publique française, c’est à la fois un enjeu de compétitivité, mais aussi de modernisation de l’État, comme des collectivités locales. L’idée de réforme sur les dépenses publiques, c’est à la fois revenir, en termes de ressources humaines, à une politique où un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne serait pas remplacé, en échange d’une amélioration de l’efficience du secteur public, aussi bien au niveau des hôpitaux que des collectivités locales, que de l’État. Mais améliorer la dépense publique, c’est aussi dans certains secteurs créer des stabilisateurs automatiques. Par exemple, sur un sujet aussi douloureux que les dépenses de santé, confier, pourquoi pas, à une agence indépendante, de monitorer le tarif dans le secteur hospitalier. Le soin aussi, quand des hôpitaux sont en sous-activité et que des élus n’ont pas le courage d’aller jusqu’à la fermeture, de prendre ces décisions, le soin de pouvoir trancher face à des facteurs objectivables tels que la situation des établissements concernés. Baisser les dépenses publiques, c’est d’abord montrer que la France se réforme, qu’elle cherche à être plus efficace avec l’argent public qui a été investi. Baisser les dépenses de fonctionnement, c’est aussi relancer l’investissement public dont on a besoin dans notre pays. Baisser les dépenses publiques, c’est aussi, à terme, pouvoir baisser les impôts et donc relancer la compétitivité. Le prix à payer d’une baisse des dépenses publiques, c’est la réorganisation du secteur public. Le prix à payer est en fait un bienfait. Si on réorganise, on sera plus efficaces. Par exemple, on tiendra compte, comme cela a déjà pu être fait au ministère de l’Économie et des Finances, de l’administration par internet. On tiendra compte aussi des nouveaux besoins des territoires. Le prix à payer, c’est celui du courage politique d’expliquer aux Français qu’à la fois on va mieux administrer tout en ayant besoin de moins de personnes pour le faire. Le prix à payer, c’est celui d’une discussion, c’est celui aussi d’une décision vis-à-vis des syndicats de la fonction publique, qui restent encore aujourd’hui les syndicats les plus puissants du pays, mais il faut qu’ils comprennent qu’ils doivent avancer, main dans la main avec l’État, tout simplement pour maintenir notre système de service public et notre système social dans la durée.De nombreux pays, depuis des décennies, se sont lancés dans des plans d’assainissement de leurs finances publiques, tout simplement pour retrouver les marges de manœuvre nécessaires à l’investissement, à l’investissement physique mais aussi à l’investissement dans l’éducation. On ne peut plus aujourd’hui tout financer. On est aujourd’hui le premier Etat dans le monde développé en termes de dépenses publiques et il faut absolument que nous parvenions à reprendre en main notre destin, sans quoi nous serons, tôt ou tard, sanctionnés par les marchés qui refuseront de nous prêter l’argent dont nous avons besoin pour financer parfois des dépenses inutiles ou trop inefficaces. Pour aller plus loin :Consultez notre rapport "Redonner sens et efficacité à la dépense publique - 15 propositions pour 60 milliards d’économies"Consultez notre travail "Efficacité des politiques publiques : la France tient-elle son rang ?"Consultez ce document "1 151 milliards d'euros de dépenses publiques : quels résultats ?"Testez vos connaissance sur notre atelier des finances publiquesRegardez notre vidéo "Le budget de l’Etat, comment ça marche ?"ImprimerPARTAGER