Pour comparer les propositions de 2 candidats, veuillez tourner votre mobile
Pour consulter La France en chiffres, veuillez tourner votre mobile
La France en chiffres
Comparer les propositions de
Comparer
Jean-Luc Mélenchon
avec
...
BIOGRAPHIE

Jean-Luc Mélenchon est un homme politique français. Il est le candidat de La France Insoumise à l'élection présidentielle de 2022.


Né en 1951 à Tanger, il est diplômé d’une licence de philosophie et de lettres modernes de l’Université de Besançon. Il passe le CAPES en 1976 et devient professeur de français. Il collabore également avec plusieurs titres de presse comme La Voix du Jura. Militant dès le lycée, il adhère à l’UNEF dès son entrée à l’université.

Il entre au Parti socialiste en 1977. En 1981, il est nommé premier secrétaire du bureau socialiste de François Mitterrand de l’Essonne, où il réalisera une grande partie de sa carrière politique. Il en est conseiller régional de 1985 à 1992 puis de 1998 à 2004 (période où il est aussi président délégué du conseil général), avant d’en devenir sénateur de 1986 à 2000 et de 2004 à 2010.

En 2000, il est nommé ministre délégué à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il est élu député européen en 2009 et réélu en 2014. En 2008, il quitte le parti socialiste et fonde le Parti de Gauche. Il se présente à l’élection présidentielle de 2012 en tant que candidat de la coalition du Front de Gauche (à laquelle son parti a pris part).

En 2016, il fonde le parti de La France Insoumise et se présente à l'élection présidentielle de 2017 où il est éliminé au premier tour après avoir recueilli 19,6 % des suffrages.

En novembre 2020, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.
Site de campagne

Encadrer les loyers partout sur le territoire et à la baisse dans les grandes villes

« Jean-Luc Mélenchon souhaite aussi généraliser l’encadrement des loyers, comme elle existe déjà dans plusieurs grandes villes ».

Source : La Tribune 

Estimation
Coût
Par l'Institut Montaigne
Précision
Par le candidat
Mise en œuvre conditionnée par le vote d’une loi au parlement afin de modifier la législation existante. Une fois la loi votée, l’application par les collectivités et le représentant de l’État dans le département peut être immédiate.

Chiffrage de l’Institut Montaigne : cette mesure vise à réguler le marché de la location privée et n’implique aucune mesure fiscale. Son impact sur les finances publiques est a priori nul.

La notion d’encadrement des loyers rassemble différents dispositifs qui visent à limiter la hausse des loyers.

En France, il existe trois formes d’encadrement des loyers :

  • L’encadrement de la hausse d’un loyer en cours de bail ;
  • L’encadrement de la hausse d’un loyer entre deux baux ;
  • Le plafonnement des loyers.

La loi ELAN a fait du plafonnement des loyers une mesure expérimentale et facultative qui peut être activée à la demande des collectivités, après autorisation du gouvernement. Le candidat de la France Insoumise souhaite généraliser les dispositifs d’encadrement des loyers à tout le territoire. Il semble donc vouloir sortir de ce cadre expérimental pour imposer le plafonnement des loyers à l’ensemble des communes françaises, et non plus celles se trouvant en zone tendue. Plus spécifiquement, il aimerait orienter à la baisse les loyers dans les grandes villes, ce qui reviendrait probablement à imposer aux bailleurs un loyer de référence minoré comme plafond à ne pas dépasser.

À ce jour, la seule expérience significative et exploitable de l’encadrement des loyers est celle de la commune de Paris, qui a appliqué le dispositif d’août 2015 à novembre 2017 avant de le remettre en place en juillet 2019. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) en a conclu que ce mécanisme avait réduit de façon modérée le taux de dépassement des plafonds de loyers et freiné la hausse du niveau des loyers dans la commune sans pour autant éradiquer les excès. Imposée à une échelle nationale, cette mesure pourrait avoir les mêmes effets sur la hausse des loyers avec une baisse plus marquée dans les zones tendues où le candidat souhaite réduire considérablement le niveau des loyers.

Ces mesures pourraient par ailleurs avoir des effets pervers redoutés par les professionnels et caractérisés notamment par l’érosion de l’offre locative due à une baisse d’attractivité de l’investissement locatif. À l’inverse d’une mesure focalisant les seules zones tendues, la généralisation de ce dispositif à l’ensemble du territoire ne permettrait plus d’inciter les bailleurs à investir dans des zones moins tendues, de manière à réorienter le flux des demandes de logement vers d’autres zones que celles qui sont les plus tendues.

Commentaire de l’équipe de campagne

Contactée, l’équipe de campagne estime que la hausse du pouvoir d’achat engendrée par les mesures du programme va faciliter l’accès à la propriété. Elle estime par ailleurs que la limitation des locations de courte durée type AirBnB aux propriétaires occupants et la réduction de la durée autorisée de mise en location de courte durée « renforcera l’attractivité de la mise en location classique« .

Impact macroéconomique / sur le pouvoir d’achat

L’encadrement des loyers, dans les zones où la hausse et le niveau des loyers sont très élevés, est une mesure traditionnellement destinée à soutenir le pouvoir d’achat des ménages et endiguer la montée des inégalités face au logement (1). Si elle peut avoir des effets pervers sur l’offre de logements et l’entretien des biens notamment, elle freine la hausse des loyers dans le temps et conduit à une baisse sensible des dépassements de plafonds. C’est ce que démontre l’évaluation de l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) sur l’encadrement des loyers appliqué à Paris entre le 1er août 2015 et le 27 novembre 2017. Le pourcentage des dépassements de plafonds a baissé de 26 % en 2015 à 21 % en 2017. En outre, quand ils ont été constatés, ces dépassements ont diminué de 50 euros par mois en moyenne (2). Cette mesure a donc un effet sur le taux d’effort des ménages (3), notamment les plus mobiles. Le candidat plaide ainsi que la hausse du pouvoir d’achat engendrée par les mesures de son programme devrait faciliter l’accès à la propriété.

La mesure proposée vise à limiter l’accroissement des prix des loyers sur l’ensemble du territoire, voire à inverser la tendance dans les grandes agglomérations. Au niveau macroéconomique, ceci permet de redistribuer les richesses entre les ménages les plus aisés (propriétaires) et les moins aisés (locataires). En effet, l’inflation immobilière tend à creuser les inégalités entre générations et entre catégories sociales. Elle est défavorable à la compétitivité de l’économie française dans son ensemble, en conduisant les salariés à demander des augmentations salariales, en freinant la mobilité des salariés et en orientant l’épargne vers l’immobilier au détriment de l’appareil productif du pays.

Cette mesure, étant donné son caractère général, contribuerait à orienter l’épargne des ménages vers les actifs financiers au détriment des biens immobiliers. Cette orientation de l’épargne des ménages vers des actifs financiers bénéficierait donc vraisemblablement, toute chose égale par ailleurs, au secteur productif. À l’inverse, cette mesure peut néanmoins fragiliser le marché de l’investissement locatif en le rendant plus risqué. Par ailleurs, le secteur immobilier bénéficierait vraisemblablement de moins d’investissement et, donc, les biens locatifs seraient susceptibles d’être moins rénovés et améliorés que ce qu’ils le sont aujourd’hui dans le cadre de la législation en vigueur.

(1) Le Bayon Sabine, Madec Pierre, Rifflart Christine, L’encadrement des loyers : quels effets en attendre ?, Revue de l’OFCE 2012/8 (Supp. I).

(2) L’OLAP constate une baisse de loyer mensuel en cas de dépassement estimée à 40€ en moyenne en 2015, 30€ en 2016 et 14€ en 2017.

(3) Le taux d’effort correspond au rapport entre les dépenses de logement nettes des aides au logement et le revenu avant paiement des impôts et perception des aides au logement.

La notion d’encadrement des loyers rassemble différents dispositifs qui visent à limiter la hausse des loyers.

En France, il existe trois formes d’encadrement des loyers :

  • L’encadrement de la hausse d’un loyer en cours de bail ;
  • L’encadrement de la hausse d’un loyer entre deux baux ;
  • Le plafonnement des loyers.

Les deux premiers dispositifs existent sous leur forme actuelle depuis la loi du 6 juillet 1989 qui institue un décret annuel de limitation de la hausse des loyers, basé depuis 2005 sur un indice de référence des loyers (IRL) (4). Cet indice fixe les plafonds des augmentations annuelles des loyers que peuvent exiger les propriétaires.

Quant à la mesure plus stricte de plafonnement des loyers, c’est une nouveauté issue de la loi ALUR du 24 mars 2014 complétée par la loi ELAN du 23 novembre 2018. Cette mesure interdit aux propriétaires bailleurs de louer leur bien au-delà d’un certain plafond, à savoir le loyer de référence majoré de 20 %. Elle s’applique aux premières locations et aux renouvellements explicites de baux dans les zones dites tendues, dans lesquelles la taxe sur les logements vacants s’applique (Cela concerne 28 agglomérations de plus de 50 000 habitants en France) (5).

Le chiffrage exposé se limitera à une présentation des résultats de l’expérience parisienne qui peut donner une idée de l’effet à court terme d’un tel dispositif sur le parc locatif français.

Un dispositif d’encadrement des loyers a été mis en place à Paris, d’août 2015 à novembre 2017. Conformément à la loi ALUR, un arrêté préfectoral a fixé trois indicateurs : un loyer médian de référence, un loyer de référence majoré de 20 % au-delà duquel le bailleur ne peut pas aller et un loyer de référence minoré de 30 % au-delà duquel le propriétaire pourra demander une hausse. Durant cette période, la part des loyers dépassant les plafonds a diminué de 5 points, mais elle est restée importante avec 21 % des loyers en dépassement. Sur la même période, une modélisation des loyers a conduit à estimer que la part de dépassement aurait été de 25 % en l’absence d’encadrement, toutes choses égales par ailleurs (6).

Il faut noter qu’en termes de dépassement de loyer, une forte hétérogénéité est constatée entre les logements selon la surface moyenne par pièce. Ainsi, pendant l’encadrement, 44 % des logements dont la surface par pièce est inférieure à 18 m² dépassent les seuils définis par l’encadrement alors que les dépassements n’affectent que 20 % des logements dont la surface par pièce se situe entre 18 et 24 m² et 8 % des logements dont la surface par pièce est supérieure à 24 m². La méthode de calcul du plafond conduit à ce que l’encadrement affecte davantage les logements dont les pièces sont, en moyenne, de petite surface. Les loyers de cette catégorie de logements, occupés par des ménages à plus faibles revenus et accueillant plus d’occupants, ont ainsi diminué de 3 % après la mise en place du dispositif, alors que les loyers des autres catégories sont restés stables. Les nouveaux locataires de cette catégorie de logements ont donc un taux d’effort plus faible que ceux ayant emménagé avant la réforme.

Selon le Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées, l’encadrement des loyers au niveau des prix du marché prévu par la loi ALUR ne peut pas être considéré comme porteur d’une véritable réduction des coûts du logement pour les locataires. En revanche, il a permis à Paris de réduire la hausse des loyers et d’aboutir à une stabilisation du niveau de prix pratiqué : la hausse de loyers a été de seulement 0,4 % en 2016 et 0,8 % en 2017.

En cas de généralisation du dispositif, de tels effets sur le niveau et la hausse des loyers peuvent être attendus, mais de façon moins marquée dans les zones peu ou pas tendues qui ne subissent pas d’inflation immobilière. En outre, dans les grandes agglomérations où un encadrement à la baisse serait imposé, une forte réduction du taux d’effort des ménages sur leur logement devrait être constatée.

Concrètement, la mesure du candidat de La France Insoumise pourrait consister à identifier le loyer de référence minoré comme un plafond à ne pas dépasser par les bailleurs. Elle pourrait également consister à changer le mode de calcul du loyer médian de référence afin de l’abaisser par rapport aux années précédentes. Une baisse du loyer de référence placerait de facto un bon nombre de logements en situation de dépassement et on observerait donc nécessairement une augmentation temporaire du taux de dépassements avant une reprise probable de la tendance baissière du fait des régularisations de loyers. Aucune estimation exacte ne peut cependant être faite tant que les modalités exactes de cette baisse des loyers n’est pas dévoilée.

Des effets pervers sont néanmoins redoutés par certains experts. En premier lieu se trouve la baisse de l’investissement locatif qui conduirait à une érosion de l’offre locative. Les syndicats immobiliers estiment que la baisse de rentabilité de l’investissement locatif causé par l’encadrement conduirait les propriétaires à favoriser la vacance de leurs logements (taxée au titre de la TLV et la THLV (7)) et la capitalisation sur les prix immobiliers (8). En 2016, la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) annonçait une baisse de 13 % de son nombre de mandats de gestion sur l’année à Paris (9). Les études de l’OLAP montrent cependant que le déclin n’est pas nécessairement dû à l’encadrement et a commencé il y a environ 17 ans à Paris.

Il convient de noter que pour contrecarrer ce potentiel effet pervers, Jean Luc Mélenchon propose dans son programme une série de mesures qui devraient, selon lui, préserver l’offre locative : d’abord, le candidat souhaite instituer une « garantie universelle des loyers » créant un filet de sécurité contre les impayés de loyers afin de rendre l’investissement locatif plus sûr pour les propriétaires et les locataires. Enfin, il prévoit d’impulser la construction de 200 000 logements sociaux par an sur le quinquennat pour s’assurer un maintien de l’investissement locatif. Concernant cette dernière proposition, le gouvernement actuel a signé en mars 2021 un protocole en faveur de la relance de la production des logements sociaux qui vise 250 000 nouveaux logements en deux ans (10). Depuis une dizaine d’année, entre 75 00 et 100 000 logements sociaux sont agréés chaque année.

Par ailleurs, les professionnels du secteur craignaient une dévalorisation de l’immobilier à la suite de la mise en place de l’encadrement des loyers. C’est finalement le contraire qui s’est produit étant donné que le prix moyen du mètre carré à la vente a augmenté de 6,2 % par rapport à 2015, dépassant ainsi le niveau atteint en 2012. Cette augmentation s’explique en partie par la baisse des taux d’intérêt (11). D’autres effets négatifs tel que la baisse de la mobilité ou le défaut d’entretien des biens sont parfois pointés du doigts (12).

En tout état de cause, il est encore trop tôt pour mesurer les effets à long terme d’un tel encadrement.

La difficulté du chiffrage réside dans le manque de recul et de données statistiques sur la mesure. Bien que l’encadrement de la hausse des loyers soit pratiqué depuis longtemps, la mesure plus stricte de plafonnement des loyers, qui a un impact plus déterminant sur leur prix, n’existe que depuis 2014. Elle n’a par ailleurs été formellement appliquée que par la commune de Paris pendant un peu plus de deux ans avant son annulation par le tribunal administratif en novembre 2017 et sa réinstauration par la loi ELAN. Enfin, l’abaissement forcé du niveau des loyers dans les grandes villes n’a jamais été appliqué en France, ce qui rend son chiffrage d’autant plus difficile.

À ce jour, les seules analyses fiables à notre disposition sont celles de l’OLAP, organisme public de référence en matière de logement, qui a évalué annuellement l’expérience parisienne. La seule période d’encadrement évaluable reste néanmoins courte et ne peut donner qu’une idée relative des effets d’un tel dispositif sur le marché locatif français. En outre, l’étude de l’Observatoire est limitée aux logements non meublés, soit un parc d’environ 380 000 unités. Enfin, peu d’organismes ont réalisé leur propre chiffrage de l’expérience parisienne ce qui empêche la confrontation des sources.

Historique de la mesure

En France, un blocage des loyers est institué en 1914 durant la Première Guerre mondiale pour limiter les effets des destructions dans les régions touchées par la guerre. Il est abandonné à la suite à la deuxième guerre mondiale.

Après quelques tentatives de limitations des augmentations de loyers sur l’ICC, l’Indice du Coût de la Construction (loi Quilliot 1982) et sur les loyers du voisinage (loi Mehaignerie de 1986), la loi du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs a pérennisé ce dispositif d’encadrement au renouvellement du bail pour les logements vides, et a défini une procédure pour la réévaluation du loyer. Cette législation prévoit la publication d’un décret fixant annuellement le montant maximum d’évolution des loyers des logements vacants et des contrats renouvelés.

En 2005, l’ICC utilisé pour calculer les hausses de loyers permises par la loi est remplacé par l’Indice de Référence des loyers (IRL) qui sert de base pour réviser les loyers des logements vides ou meublés et dont le mode de calcul a évolué dans le temps.

Promesse de campagne du Président François Hollande, l’encadrement des loyers connaît deux évolutions importantes au cours de la dernière décennie, marquées par la nouveauté d’un plafonnement des loyers.

Dans un premier temps, la loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, dite loi ALUR, impose un encadrement des prix des loyers dans certaines zones tendues (28 agglomérations de plus de 50 000 habitants). Un arrêté préfectoral fixe un loyer médian de référence déterminé en fonction de quatre critères : le quartier, la date de construction de l’immeuble, le nombre de pièces et le caractère meublé ou non du bien. Ce loyer de référence est majoré de 20 % et minoré de 30 % pour constituer une fourchette avec un plafond à ne pas dépasser et un palier en dessous duquel la valorisation du bien est possible. La loi prévoit également des dérogations pour les biens immobiliers exceptionnels (13). Le dispositif n’a finalement été appliqué que dans deux municipalités (Paris et Lille) avant d’être annulé par les tribunaux administratifs fin 2017 au motif que cet encadrement devait concerner l’ensemble d’une agglomération et non une seule commune.

Dans un second temps, la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, dit loi ELAN, a opéré une redéfinition des conditions de cet encadrement qui a permis le rétablissement du dispositif dans les villes volontaires à compter du 1er juillet 2019. Cette loi rend le plafonnement des loyers facultatif et en fait un dispositif expérimental pour une durée de 5 ans. Il n’est donc appliqué que dans les villes qui en font la demande et après autorisation du gouvernement. Elle prévoit par ailleurs des sanctions en cas de non-respect du plafond de loyer par le bailleur. À ce jour, une vingtaine de villes ont décidé de tester l’expérimentation.

Les observatoires locaux des loyers sont chargés de recueillir les données relatives aux loyers sur une zone géographique déterminée et de mettre à la disposition du public des résultats statistiques représentatifs. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) a opéré annuellement une évaluation des effets de l’encadrement appliqué dans la capitale puis de son annulation par la justice en 2017. Au cours des deux premières années d’application du dispositif, le pourcentage des dépassements de plafonds a baissé, passant de 26 % en 2015 à 21 % en 2017 (14). Quand ils ont été constatés, ces dépassements ont diminué de 50 euros par mois en moyenne, pour s’établir à 134 euros au-dessus du plafond, ce qui caractérise également une baisse du montant moyen des dépassements sur la période d’encadrement (15).

À l’inverse, la suppression en 2018 de l’encadrement des loyers à Paris a fait repartir les loyers à la hausse. Le pourcentage de loyers au-delà de la limite (supprimée par les décisions de justice) est passé de 21 % à 28 % en 2018 et le complément de loyer est passé de 134 euros à 151 euros par mois. L’OLAP conclut cependant que « l’effet sur l’évolution (des loyers) est très faible, puisque la mesure ne touche pas l’ensemble des logements » mais seulement les premières locations, les relocations et les renouvellements de baux ce qui constitue 20 % des loyers (16).

Benchmark

Certains pays européens ont imposé un encadrement des loyers pour contrôler l’envolée des prix dans les grandes agglomérations, mais sous des formes et à des degrés divers.

En Allemagne, depuis 1971, un Mietspiegel (« Miroir des loyers ») est déterminé quartier par quartier par l’Agence nationale de l’habitat et le bailleur ne peut louer son bien à plus de 20 % de cette estimation. En outre, depuis 2015, le gouvernement fédéral a interdit, lors d’une relocation (passage d’un locataire à un autre) toute augmentation des prix de plus de 10 % ; mesure mise en place dans un premier temps à Berlin. Enfin, en 2019, face à l’envolée des prix dans la capitale, le land de Berlin a décidé de geler la hausse des loyers pour une durée de cinq ans.

La Suède est le pays dont la régulation des loyers est la plus stricte en Europe. Jusqu’en 2011, dans chaque ville, les syndicats de locataires et les conseils municipaux se réunissaient pour définir les prix annuels des parcs immobiliers, que les bailleurs ne devaient pas dépasser de plus de 5 %. La Commission européenne a estimé que ce système constituait une entrave à la libre concurrence, ce qui a conduit le gouvernement à intégrer les représentants des intérêts des propriétaires aux négociations tout en repensant le système de subventions pour ne pas désavantager ces derniers. Le pays fait toutefois face à une forte pénurie de logements.

Aux Pays-Bas, les loyers sont fixés par un système de points. Chaque logement se voit attribuer un certain nombre de points en fonction du nombre de mètres carrés, du confort et de l’équipement. Cette valeur en points donne le loyer maximum que le bailleur ne peut dépasser.

Avec ces nouvelles mesures, la France entrerait dans le cercle restreint des pays européens ayant une politique stricte d’encadrement des loyers et serait a priori le seul pays à imposer une baisse des loyers dans les grandes villes.

Mise en œuvre

Étant donné sa vocation nationale et la compétence principale de l’État en matière de logement, la proposition devra être introduite par une loi. Elle prendra la forme d’une nouvelle législation qui viendra modifier et compléter le cadre législatif existant. En particulier, le nouveau texte devra modifier la loi ELAN de 2018, en abrogeant notamment son caractère expérimental et en élargissant son champ d’application au-delà des zones tendues.

Le texte pourra ensuite être précisé par des actes réglementaires. Il pourra donner au préfet le pouvoir de fixer les modalités financières de l’encadrement des loyers et aux collectivités locales, notamment les EPCI compétents en la matière, le pouvoir de mettre en œuvre et contrôler cet encadrement.

La mesure concerne les propriétaires-bailleurs du secteur privé et les locataires du parc privé. Comme pour le dispositif actuel, l’encadrement s’appliquera a priori aux premières locations, aux relocations et aux renouvellements de bail. Les baux en cours et les reconductions tacites, indexés sur l’indice de référence des loyers (IRL) devraient être affectés surtout dans les grandes villes. Enfin, il n’est pas précisé si cet encadrement s’appliquera également aux locations touristiques de courte durée, du type Airbnb, ce qui n’est pas le cas actuellement.

(4) L’IRL se calcule à partir de la moyenne, sur les 12 derniers mois, de l’évolution des prix à la consommation hors tabac et hors loyers.

(5) La liste des « zones tendues » faisant l’objet d’un encadrement des loyers, telles que définies par l’article 18 de la loi du 6 juillet 1989, est fixée par décret. Le dernier décret publié au Journal Officiel le 31 juillet 2020 prévoit la reconduction de l’encadrement des loyers dans 28 agglomérations.

(6) Commissariat général au développement durable, Encadrement des loyers à Paris : les logements à petites pièces plus contraints que les autres, Document de travail n°47, 07/2020.

(7) Pour les logements inoccupés depuis au moins un an, les propriétaires doivent payer une taxe sur les logements vacants (TLV) dans les zones tendues et une taxe d’habitation sur les logements vacants (THLV) pour les logements qui ne se trouvent pas en zone tendue.

(8) Cet effet pourrait être renforcé par la mesure du candidat qui préconise de limiter les locations de courte durée de type Airbnb aux propriétaires occupants afin de renforcer l’attractivité de la mise en location classique.

(9) Raphaël Bloch, Encadrement des loyers : l’activité immobilière en baisse à Paris, Les Echos, 10/11/2016.

(10) Le protocole prévoit 450 millions d’euros en subventions et 250 millions de prêts supplémentaires d’Action Logement : Ministère du logement, 03/2021.

(11) Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées, Évaluation du dispositif d’encadrement des loyers, 2017.

(12) Le plafonnement des loyers à Paris : une efficacité limitée, Politique du logement, 23/11/2020.

(13) La loi offre la possibilité à certains locataires d’appliquer un « complément de loyer » pour dépasser le plafond fixé, lorsque le bien immobilier présente des « caractéristiques de confort ou de localisation exceptionnelles ». 

(14) À noter qu’en juin 2019, à l’issue de la procédure judiciaire conduite devant les tribunaux administratifs de Paris et Lille, et après le vote de la loi Elan, le Conseil d’État a finalement validé le dispositif de la loi Alur, infirmant les décisions des tribunaux administratifs.

(15) OLAP, Bilan de l’encadrement à Paris en 2016, 2017, 2018.

(16) OLAP, Bilan du non encadrement des loyers en 2018, 2019.

Pouvoir d’achat
Les propositions des candidats
La France
en chiffres
Où en est la France depuis 2012,
quel chemin parcouru depuis 2017 ?
Pour éclairer les enjeux de la campagne présidentielle de 2022, l’Institut Montaigne se propose d’esquisser à l’aide de chiffres clés l’évolution des performances de la France depuis 2012. À la fois photographie de l’état de la France, mise en contexte des propositions des candidats, éléments d’évaluation des politiques publiques, l’Institut tire ici le portrait de la France autour de 13 grands thèmes.
La France en chiffres