Aujourd’hui les deux-roues motorisées ne payent pas pour se garer dans les rues de Paris. S’il y a quelques années cette politique “d’exception” pouvait s’entendre pour encourager les automobilistes à circuler avec des véhicules plus petits, force est de constater que le résultat n’est pas convaincant.
Nous mettrons […] en place le stationnement payant pour les deux-roues motorisées, sous un format forfaitaire (1 jour, 1 mois, 1 an). Il existe 50 000 places de stationnement pour les deux roues motorisées dans Paris, nous proposerons un système de stationnement résidentiel à 1 euro par jour accompagné d’une carte à 30 euros par an et un stationnement à tarif normal pour les visiteurs occasionnels.
Cette mesure permettra un gain de 35 millions d’euros annuel pour la ville et permettra de financer des mesures pour la mobilité douce. Enfin, cette mesure devra être accompagnée d’un suivi plus strict des incivilités commises par les deux roues motorisées.
Source : site de campagne de David Belliard
Le candidat propose de mettre en place un stationnement payant pour les deux roues motorisées à Paris, principalement sur la base d’une carte à 30 € par an, puis 1 € par jour de stationnement. Le candidat estime les recettes à 35 M€ par an, ce qui correspond à notre estimation théorique de 34,4 M€, voire de 35 M€ en prenant en compte les éventuels gains incertains liés aux véhicules occasionnels.
En revanche, il convient selon nous d’intégrer les pertes inévitables liées à la fraude. Une perte modeste de 10 % de recettes aboutirait à un produit total de 31 M€. On peut imaginer que dans la première année, ce chiffre sera même majoré, le temps que les dispositifs antifraudes se mettent en place et que tous les usagers souscrivent au dispositif. Cette estimation basse nous paraît être la plus prudente.
Cette mesure s’intègre dans un contexte de développement des mobilités douces, dont notamment le vélo, et du recul de la place des moyens de transports polluants à Paris et dans les principales métropoles françaises.
Alors que la ville de Paris a déployé une politique de réduction de la place accordée dans l’espace public à la voiture, le stationnement des deux roues motorisés sur les places de stationnement public y reste gratuit. Cette politique a longtemps été considérée comme une incitation vertueuse à limiter l’usage de la voiture. Pour autant, le succès de ce moyen de déplacement a généré des problèmes de sécurité routière et d’occupation de la voirie. C’est la raison pour laquelle plusieurs candidats, dont David Belliard, ont inclus dans leur programme des mesures visant à en contenir leur développement.
Seules les communes de Vincennes et Charenton-le-Pont pratiquent cette tarification depuis 2018. Le stationnement dans les deux communes est de 1,50 € pour deux heures. Les résidents bénéficient de tarifs préférentiels, dont notamment un forfait annuel de 75 €. Le Conseil de Paris a rejeté en novembre 2019 une proposition d’un groupe d’opposition allant en ce sens.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de deux roues motorisés en circulation à Paris. Seule une étude des services de la préfecture de la région Île-de-France, datée de 2011, développe avec la précision suffisante sa méthodologie. On y apprend que 6 % des ménages parisiens possèdent un deux roues. Or, il y avait 2,1 millions d’habitants à Paris en 2019, ce qui nous permet d’estimer à 128 880 le nombre de véhicules en circulation intramuros du fait des résidents. Cela correspond au nombre total de deux roues en circulation dans Paris habituellement retenu par les responsables politiques et les journaux (entre 100 000 et 150 000). Pour autant, dans le cadre d’un déplacement de « parking à parking » (par exemple d’un parking d’immeuble d’habitation à un parking d’entreprise), ces véhicules en stationnement par sur la voie publique. La Cour des comptes estime à 27 % la part des ménages disposant d’un espace de stationnement. En revanche, on ne dispose pas d’informations sur le nombre de places de parking proposées par des entreprises aux deux roues à Paris, sinon qu’il s’agit d’une pratique marginale en volume. Une décote de 10 % est donc appliquée ; le nombre de véhicules en circulation est de 115 992.
Le candidat propose un abonnement annuel à 30 €, assorti d’un paiement à 1 € par jour pour les résidents. Or, les deux roues sont principalement utilisés pour des déplacements professionnels (de l’ordre de 60 % des déplacements). On ne prend donc en compte que les jours ouvrés, soit 250 jours en 2020, auxquels on applique une décote de 10 % pour prendre en compte les congés et les déplacements professionnels hors de Paris. Un utilisateur de deux roues, résident parisien, se verra donc facturer s’il utilise son deux-roues motorisé tous les jours 255 € par an, au titre du stationnement (30 + 225). On aboutit à une recette de 29,6 M€.
Pour les 115 jours non ouvrés restants, on applique la même décote de 10 %, soit 103,5 jours de circulation par véhicule du parc. On ajoute également une décote de 60 % au nombre de véhicules en circulation, traduisant la baisse du trafic par rapport aux jours ouvrés, soit 46 296 véhicules susceptibles de stationner et donc générant une recette. Il faut donc ajouter une recette supplémentaire de 4,8 M€.
Ce qui aboutit à une recette théorique totale de 34,4 M€ (estimation moyenne).
On ne prend pas en compte ci-dessus les recettes très incertaines générées par des véhicules deux roues motorisés présents de manière occasionnelle dans Paris, à un tarif que l’on comprend plus élevé. Au demeurant, cet impact sur les recettes est positif. On se propose d’arrondir de manière prudente au supérieur pour donner une indication sur le gain supplémentaire espéré.
Ce qui aboutit à une recette théorique haute de 35 M€ (estimation haute).
On applique enfin une décote relativement optimiste de 10 %, qui vise à prendre en compte la fraude au stationnement. La ville de Paris estime en effet que les véhicules en stationnement résidentiel respectent les règles de stationnement à 90 %. Même si le dispositif pour les deux roues est différent de celui mis en place pour les voitures, on propose de conserver le même ordre de grandeur, avec l’idée que la souscription à une carte de stationnement tend à générer un comportement vertueux de la part des usagers.
Cela permet d’estimer une recette totale de 31 M€ (estimation basse). Cette estimation basse nous paraît être la plus prudente.
Les deux roues motorisés, comme les autres véhicules à moteur, participent à la production de gaz à effet de serre dans Paris ainsi que de pollution sonore, ayant un impact négatif sur le cadre de vie. Rendre payant un stationnement jusque-là gratuit est de nature à mieux intégrer le coût pour la société de cette externalité négative. Son estimation est toutefois très incertaine.
Les estimations de gains budgétaires présentées ci-dessus, et donc, à notre sens, celles réalisées par le candidat, ont été faites à circulation constante. A recette constante, le gain pour l’environnement viendrait alors non de la baisse du trafic mais de la réinjection des gains dans des mesures en faveur de l’environnement.
Site du candidat https://ecologieparis.fr/
Site de la DRIEA Ile-de-France http://www.driea.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/evolution-du-parc-des-deux-roues-motorises-a1522.html
Site de la ville de Paris https://presse.paris.fr/agenda/paris-va-faciliter-le-stationnement-en-luttant-mieux-contre-la-fraude/
Rapport de la Cour des comptes sur le stationnement urbain https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/06-stationnement-urbain-Tome-1.pdf