L’armée française s’appuie sur l’expertise de près de 3 500 cyber-attaquants ou cyber-patrouilleurs, professionnels ou réservistes, pour assurer sa défense dans l’espace cyber. Rattachés au commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), créé en mai 2017, les effectifs de ces cyber-combattants ont doublé depuis 2014, reflétant le rôle de plus en plus central de la cyberdéfense dans la garantie de la sécurité nationale (1).
Le candidat propose d’ajouter 1 500 cyber-patrouilleurs au contingent actuel, dont une partie importante de réservistes, soit de civils prenant part de façon intermittente aux missions de l’armée.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la Revue Stratégique de 2017, qui avait amorcé une modernisation de l’appareil de défense français, mise en œuvre par la loi de programmation militaire (LPM) pour 2019-2025 qui prévoit la création de 1 000 postes dédiés à la cyberdéfense (2) sur la période.
Au total, la mesure représenterait un surcoût de 50 M€ à l’horizon 2027, en plus du plan de recrutement ambitieux déjà en cours (3). Le candidat a par ailleurs annoncé un investissement de 1 Md€ dans la création d’une école interne au ministère de l’Intérieur destinée à former ses fonctionnaires aux enjeux cyber et dans une campagne de recrutement massive au sein de la population civile.
Impact macroéconomique
La mesure n’emporte pas d’impact macroéconomique significatif. La base industrielle et technologie de défense (BITD) bénéficierait marginalement du surcroît de dépenses ainsi que le secteur numérique plus largement. Selon les modalités de financement de la mesure (moindres dépenses publiques, recours au déficit), d’autres secteurs de l’économie pourraient marginalement être freinés.
L’armée française s’appuie sur l’expertise de près de 3 500 cyber-attaquants ou cyber-patrouilleurs, professionnels ou réservistes, pour assurer sa défense dans l’espace cyber. Rattachés au commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), créé en mai 2017, les effectifs de ces cyber-combattants ont doublé depuis 2014, reflétant le rôle de plus en plus central de la cyberdéfense dans la garantie de la sécurité nationale (4).
Le recrutement de 1 500 cyber-combattants de plus ferait passer ce total à 5 000 combattants en France. La loi de programmation militaire en cours prévoit déjà d’atteindre un contingent de 4 100 « cyber-combattants » d’ici 2025 (5) (6). Atteindre l’objectif de 5 000 cyber-patrouilleurs ou combattants d’ici 2027 nécessitera donc de recruter 450 cyber-patrouilleurs de plus en 2026 et en 2027.
LPM applicable | Année | Effectifs cyber-combattants | Recrutement sur l’année |
LPM 2014-2019 | 2014 | 1 600 | |
2015 | 1 900 | 300 | |
2016 | 2 200 | 300 | |
2017 | 2 500 | 300 | |
2018 | 2 800 | 300 | |
2019 | 3 100 | 300 | |
LPM 2019-2025 | 2020 | 3 267 | 167 |
2021 | 3 433 | 167 | |
2022 | 3 600 | 167 | |
2023 | 3 767 | 167 | |
2024 | 3 933 | 167 | |
2025 | 4 100 | 167 | |
LPM suivante | 2026 | 4 550 | 450 |
2027 | 5 000 | 450 |
On cherche ensuite à connaître le coût que représente l’emploi d’un cyber-combattant par an. Par simplicité, on considère ce dernier équivalent au coût salarial annuel moyen d’un militaire, hors pensions. Celui-ci s’élevait à 59 751€ par an en moyenne en 2019, d’après les chiffres du Ministère de la défense. La mesure coûterait donc de l’ordre de 50 M€ par an.
Le candidat a annoncé vouloir mobiliser un grand nombre de réservistes dans le cadre de cette mesure. Les réservistes sont des civils prenant part de façon régulière mais discontinue aux missions de l’armée et rémunérés sur la même base que les professionnels, y compris selon un grade, au prorata de leurs périodes de service. La part de réservistes dans les 1 500 recrutements n’aura donc pas d’impact sur le coût total de la mesure.
Historique de la mesure
Les LPM de 2013-2018 et 2019-2015 avaient déjà réalisé une augmentation conséquente et progressive des effectifs de cyber-combattants et réservistes qui ont « doublé » entre 2014 et 2019.
Benchmark international
Au Royaume-Uni, la Stratégie nationale de cybersécurité, établie en 2016 a bénéficié d’un budget de 1,9 milliard de livres sur son mandat quinquennal 2016-2021, soit 55 % de plus que pour la période précédente.
En Allemagne, à la suite de la publication du Livre blanc de 2016, un commandement dédie à l’espace cyber et informationnel (Kommando Cyber- und Informationsraum) a été créé. Il est prévu qu’il emploie jusqu’à 14 000 combattants et fonctionnaires une fois sa pleine capacité opérationnelle atteinte, en 2021 (7).
Aux États-Unis, le U.S. Army Cyber Command (ARCYBER) est commandement chargé de la cyber défense des États-Unis. Il exploite et défend les réseaux de l’armée et assure la sécurité nationale dans cet espace en continu, grâce à environ 16 500 soldats, employés civils et sous-traitants.
(1) La France a adopté une doctrine officielle de posture permanente de cyberdéfense (PPC) en 2019.
(3) BFMTV.
(4) La France a adopté une doctrine officielle de posture permanente de cyberdéfense (PPC) en 2019.
(6) Wikiwix.
(7) IAI.
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