Page 26 - Institut Montaigne- Rapport d'activité 2024

L’énergie est le cœur névralgique de nos sociétés : si on ne gère pas correctement
Maxence Cordiez
Expert associé - Énergie
Pourriez-vous vous présenter brièvement,
en retraçant votre parcours ?
Un côté logique, terre-à-terre, m’a naturellement conduit vers les sciences, surtout
vers la physique et la chimie. Formé à Chimie ParisTech, ingénieur chimiste spécialisé
en cycle du combustible nucléaire, j’ai d’abord eu une approche très technique des
sujets nucléaires, qui me passionnaient d’un point de vue scientifique. Les enjeux
de climat, de décarbonation, me sont apparus dans un second temps, quand j’ai
rejoint l’ambassade de France à Londres. Cela a aiguisé ma prise de conscience de
la dimension plurielle des questions énergétiques, qui semblent paradoxalement
plus faciles à aborder dans leur seul aspect scientifique : dès qu’on les approche à
partir d’une perspective politique (les enjeux de consommation, de financement,
d’industrie, de politique…), elles se dotent d’une complexité - mais aussi d’une
richesse - considérables.
Que signifient l’engagement (politique, social)
et l’intérêt général pour vous ?
L’intérêt général est une valeur très forte et je sais ce que je dois à l'État, qui a payé
mes études et m’a offert l'essentiel de la situation dans laquelle je suis aujourd’hui :
c'est l’une des raisons pour lesquelles j’ai essentiellement travaillé pour des
organismes publics au cours de ma carrière, en particulier au CEA.
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notre sécurité d’approvisionnement en coût et en volume, tous nos « acquis
sociaux », qui sont moins acquis et plus fragiles qu’on ne pense, peuvent être
compromis. Les enjeux énergétiques sont donc étroitement liés à l'intérêt
général : en cas d’échec sur les questions climatiques, l’incidence politique et les
répercussions géopolitiques se feront sentir partout. D’où l’urgence de la pédagogie
: ne pas comprendre les questions énergétiques, ne pas consentir aux moyens de
les résoudre, c’est risquer de susciter une offre politique inadaptée. Cela m’a donné
le désir de contribuer à l’appropriation par le grand public de ces enjeux, via des
conférences, des livres, les réseaux sociaux, et à travers mon engagement auprès
de l’Institut Montaigne.
Par rapport à vos autres types d’engagement (académique,
institutionnel, personnel ou professionnel), quelle capacité
d’impact pensez-vous qu'un think tank offre ?
Pourquoi avoir choisi de rejoindre l'Institut Montaigne ?
Au sein du CEA, j’ai essayé d’atteindre les institutions européennes, qui sont la
bonne échelle pour agir. J’ai vite réalisé qu’être capable de faire avancer ses positions
nécessite les bons relais : mettre une idée, aussi excellente soit-elle, à disposition
sur internet ne suffit pas pour qu’on en discute au sein d'une entreprise ou de la
Commission… Nous avons des objectifs : encore faut-il qu’ils soient opérationnels
et réalistes.
L’Institut Montaigne est un think tank qui rend possible, en amont, de produire
des études fouillées et intelligentes, dans une stricte indépendance - je ne suis pas
payé pour les produire - et en disposant des moyens nécessaires pour réfléchir
sans contrepartie autre qu’un certain niveau d’exigence qualitative, qui se traduit
par une méthode éprouvée et rigoureuse (comités de lecture, auditions multiples,
concertation, collégialité - loin de la note produite en trois jours sur un coup de
tête.) En aval, il permet d’activer des relais pour que les conclusions soient prises en
compte par les décideurs et les entrepreneurs. Collaborer avec l’Institut Montaigne,
notamment sur les priorités énergétiques européennes, permet ainsi d’espérer
avoir un impact sur ces politiques à fort enjeu pour notre futur.
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