Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
20/05/2011

Prisons : triste record

Imprimer
PARTAGER
Prisons : triste record
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale

La France n’a jamais compté autant de détenus : à ce jour, plus de 64 500 personnes sont derrière les barreaux. Cette hausse explique que, malgré l’ouverture de nombreux établissements pénitentiaires, notre pays n’en a toujours pas fini avec la surpopulation carcérale – avec un taux d’occupation de 115 %.

Quelques jours après l’annonce faite par le Garde des Sceaux d’un programme pénitentiaire comprenant notamment la construction de 25 nouveaux établissements, il est temps de rappeler qu’il y a deux façons de réduire la surpopulation en prison : augmenter le nombre de cellules ou… diminuer le nombre de prisonniers. Les deux démarches ne sont pas exclusives l’une de l’autre. Dans son rapport Comment rendre la prison (enfin) utile (2008), l’Institut Montaigne plaidait pour le numerus clausus et l’encellulement individuel, arguant du fait que la surpopulation interdit toute politique sérieuse de préparation à la sortie. Comme le soulignait Marylise Lebranchu en 2007 à propos des maisons d’arrêt, certains "y entrent avec la rage et en ressortent avec la haine". Mettre fin à la surpopulation et lutter contre l’oisiveté en prison sont des objectifs prioritaires pour offrir aux détenus les conditions d’une véritable réinsertion une fois leur peine purgée.

La Californie ou encore la Finlande pourraient nous inspirer : peu réputées pour leur laxisme, elles ont pourtant mené d’efficaces politiques de réduction du nombre de détenus. Dans son rapport, l’Institut Montaigne formule plusieurs propositions qui vont dans ce sens : garantir un encellulement individuel, instaurer progressivement un numerus clausus, généraliser l’aménagement des courtes peines ou encore construire des quartiers de semi-liberté. Si la majorité des mesures proposées ont été reprises dans la loi pénitentiaire de 2009, l’encellulement individuel ou encore la possibilité pour tout détenu de travailler s’il le souhaite ne sont toujours pas effectifs sur le terrain.

D’autres idées voient le jour, comme celle d’une Charte de la réinsertion, qui témoignerait de l’engagement des entreprises à fournir du travail en prison et aux anciens détenus, ou encore comme la prison modèle proposée par Pierre Botton. Il s’agit d’un établissement "anti-récidive", dans lequel les détenus seraient seuls dans leur cellule, se verraient systématiquement proposer un emploi rémunéré au Smic (moins de 30 % des détenus travaillent) et des formations qualifiantes. Une infrastructure de qualité et une prison ouverte sur le monde extérieur (notamment grâce à la présence d’une antenne de Pôle Emploi), voilà qui pourrait aider les détenus à préparer activement leur sortie et à faire de la prison ce lieu "utile" que l’Institut Montaigne appelle de ses vœux.

- Comment rendre la prison (enfin) utile (Institut Montaigne, 2008)

- Vision, dans l'entreprise, de l'emploi de personnes ayant connu la prison (pdf) : résultats et analyses du questionnaire diffusé à l'occasion du colloque Sortir de prison, entrer dans l'emploi organisé par L'Ilot en partenariat avec 11 associations dont l'Institut Montaigne

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne