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05/07/2017

Lutte contre les déserts médicaux : va-t-on enfin développer la télémédecine ?

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Lutte contre les déserts médicaux : va-t-on enfin développer la télémédecine ?
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale

 

Angèle Malâtre-Lansac, Directrice déléguée à la Santé à l'Institut Montaigne, analyse les raisons du faible déploiement de la télémédecine en France.

Alors que la technologie semble prête, que 42 % des Français se disent prêts à téléconsulter (sondage BVA-Le Parisien, juin 2017) et que la question des déserts médicaux est une priorité pour le gouvernement, la télémédecine peine à se déployer. La Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM) va ouvrir une négociation sur le sujet en 2018 et propose dans son dernier rapport annuel de créer un fonds d'un milliards d'euros dédié à l'innovation "organisationnelle" qui pourrait financer la prise en charge de nouveaux modes de soins. Décryptage.

La lutte contre les déserts médicaux : grande priorité d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé.


 

Dans un entretien au Parisien, la nouvelle ministre annonçait que la lutte contre la désertification médicale serait une de ses grandes priorités. Parmi les solutions proposées : la télémédecine.


 

Avec 95 % de la population ayant accès à un médecin généraliste en moins de 10 minutes, et à un hôpital en moins de 45 minutes de voiture selon la DREES, la France semble plutôt bien lotie par rapport à des pays comme le Canada ou l'Australie qui ont largement développé la télémédecine face aux difficultés rencontrées par leurs populations pour avoir accès à des médecins.


 

En réalité, en France les délais d’attente s’allongent et la situation s’aggrave notamment dans la médecine générale. D’après le Conseil de l’Ordre, si rien n’est fait, la France aura perdu un quart de ses généralistes entre 2007 et 2025… Quand aux spécialistes, les délais d’attente moyens sont passés de 13 à 60 jours entre 2012 et 2017.


 

Cette désertification croissante ne touche pas que les zones rurales et périurbaines mais commence également à être une réalité dans les grandes villes.


 

Face à cette situation, le développement de la télémédecine semble être une des réponses et les freins techniques ont disparu : les technologies permettent aujourd’hui à tout un chacun d’être relié de façon instantanée et sécurisée avec un professionnel de santé à distance.


 

Télémédecine : de quoi parle-t-on ?


 

Inscrite dans le Code de la santé publique depuis 2010, la télémédecine recouvre cinq actes médicaux définis par un décret de 2010:

  • la téléconsultation : le patient, généralement accompagné d’un professionnel de santé, consulte un médecin à distance ;
  • la télé-expertise, dans laquelle le médecin demande son avis à un confrère ;
  • la télésurveillance qui permet l’interprétation à distance de données médicales ;
  • la téléassistance médicale au cours de laquelle un expert assiste un autre professionnel de santé pendant la réalisation d’un acte ;
  • la réponse médicale pour les médecins du centre d’appels du SAMU (pour orienter vers les urgences notamment).

 

Malgré ce décret, qui plaçait la France plutôt en avance sur le sujet par rapport aux autres pays de l’OCDE, et quelques centaines d’expérimentations, la télémédecine semble peiner à se déployer véritablement en France. Le dernier décompte officiel du ministère de la Santé date de 2013 et comptait 331 expérimentations de télémédecine.


 

Pour développer la télémédecine : changer les modes de tarification


 

La télémédecine semble pourtant être un outil efficace pour permettre aux patients d’avoir un accès immédiat partout sur le territoire à une médecine de qualité. Elle peut ainsi pallier en partie les déserts médicaux tout en permettant de réaliser des économies notamment de transport. Côté patients, elle peut également permettre d’éviter des déplacements peu confortables et de réduire le temps de prise en charge. Enfin, la télémédecine et notamment la télé-expertise et la téléassistance sont des outils au service du transfert des connaissances médicales.


 

En France, cette pratique se développe très peu, car le mode de rémunération n'est pas suffisamment incitatif : ni pour les professionnels de santé, ni pour les établissements de santé qui ne trouvent pas d’intérêt financier en l’état actuel à privilégier la télémédecine plutôt qu’une pratique "classique" de la médecine.


 

L’annonce par le directeur général de l’Assurance-maladie de l’ouverture d’une négociation conventionnelle sur le sujet en 2018 (uniquement sur la télé-consultation et la télé-expertise) montre une prise de conscience des pouvoirs publics. Reste à voir les moyens qui seront alloués pour développer ce formidable outil et comment les parties prenantes à la négociation parviendront à concilier impératifs budgétaires et intérêt des patients…

Pour aller plus loin :

Des déserts médicaux aux oasis de santé

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