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03/05/2016

Les primaires sont une chance pour la démocratie

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Les primaires sont une chance pour la démocratie
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale

Tribune d'Angèle Malâtre-Lansac, directrice adjointe de l'Institut Montaigne, et de Simon Dufeigneux, directeur des relations extérieures de Sisley, tous deux co-auteurs de l'ouvrage Les primaires pour les nuls, parue en exclusivité dans Les Echos le 29 avril 2016.

Alors qu'il y a quelques jours, le Conseil national du Parti socialiste votait à l'unanimité pour l'organisation d'une primaire des gauches et que la primaire organisée par Les Républicains et prévue pour novembre 2016 cristallise toutes les attentions, quelles sont les conditions d'une primaire pleinement démocratique ?
La France trouve son point d’orgue politique dans l’élection présidentielle, devenue la seule élection qui vaille, celle qui permet l’alternance et cristallise toutes les attentes.

Elle est désormais bousculée par le tripartisme. Le 21 avril 2002, Lionel Jospin, Premier ministre sortant a été éliminé, le 2d tour faussé. La gauche traumatisée mit en œuvre une primaire, semi-fermée en 2006, ouverte en 2011. Ce fut un succès avec près de 3 millions d’électeurs, et la victoire en prime.

En 2012, le fiasco du duel pour la présidence de l’UMP provoquera un traumatisme équivalent. S’y est ajoutée l’incessante montée du Front national, et presque tous les responsables rallièrent l’idée d’une "primaire de la droite et du centre". Les sondages lui prédisent jusqu’à 5 millions d’électeurs.

Expliquer le fonctionnement des primaires

Effet de mode ou phénomène durable ? Gadget, ou vrai renouveau démocratique ? Exacerbation de la politique spectacle ou nouvelle chance pour le débat ? Contrôle des partis ou nouveau droit pour les citoyens'

Pour répondre à ces questions, l’Institut Montaigne a lancé une réflexion pilotée par Olivier Duhamel et alimentée par l’audition de nombreuses personnalités – universitaires, politiques, juristes, sondeurs, journalistes, etc… De ce travail, il est ressorti le besoin d’expliquer au grand public, de manière pédagogique et illustrée, d’où viennent les primaires, comment elles fonctionnent, aux Etats-Unis, ailleurs en Europe, en France ; quels en sont les enjeux et à quoi elles servent réellement.

Ce travail a également débouché sur une conviction : les primaires, si elles ne résolvent pas la crise profonde de notre vie politique, n’en représentent pas moins une avancée démocratique majeure.

À condition, toutefois, qu’elles soient guidées par quatre grands principes qui en garantissent la valeur : honnêteté, pluralité, équité et enfin délibération.

Quatre principes pour des primaires réellement démocratiques

Principe d’honnêteté d’abord, avec une vigilance forte contre toute fraude. C’est la mission d’une Haute autorité, indépendante par sa composition et comptable de la régularité du vote comme de la transparence du financement.

Principe de pluralité, avec un accès à la candidature le plus ouvert possible pour ne pas verrouiller la primaire -  ouverture qui pourrait aller jusqu’à autoriser les candidatures soutenues par une pétition citoyenne. Au nom de ce même principe de pluralité, un candidat ayant remporté l’élection présidentielle après une primaire victorieuse, doit se soumettre à nouveau à la primaire s’il souhaite se représenter.

Principe d’équité ensuite. Équité financière, bien sûr, avec des dépenses plafonnées et en partie remboursées. Équité politique : pour éviter tout favoritisme, le président du parti doit démissionner six mois avant le premier tour de la primaire. Équité médiatique ensuite, pour sortir du décompte chronométrique des campagnes qui n’a plus de sens à l’heure d’internet, des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu. Laissons aux médias la responsabilité de rendre des comptes réguliers sur le traitement réservé à chaque candidat.

Principe de délibération, enfin, pour permettre des débats vivants et riches entre les candidats à la primaire et sous le regard vigilant de la société civile. Ce principe doit se traduire concrètement par l’organisation de débats audiovisuels thématiques ainsi que par la mise en place d’un forum internet mettant en regard les programmes élaborés par les différents candidats et permettant leur analyse.

Ces conditions respectées, les primaires seront vraiment – et durablement – démocratiques.

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